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    La Loi du marché
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    3,3
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    601 critiques spectateurs

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    LAvisDuNeophyte
    LAvisDuNeophyte

    2 abonnés 419 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 janvier 2017
    Le film est joué de manière très sobre.
    La première scène est déjà forte sur les difficultés du chômeur. Les dernières scènes sont aussi très fortes.
    Le film bifurque progressivement de la question du chômage vers la pression exercée sur les employés de la grande distribution.
    Certaines difficultés (crédit, enfant handicapé) renforcent la difficulté de la situation et donnent l'intérêt narratif du film. D'autres, vécues par certains chômeurs (discrimination, dépression, délinquance, divorce...) sont absentes du film. On ne donc peut parler de caricature, même si le trait est très appuyé dans certaines scènes (entretien d'embauche, formations aux entretiens, surveillance des employés dans la grande distribution).
    Julien Vasquez
    Julien Vasquez

    27 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 20 décembre 2016
    Vincent Lindon excelle dans son personnage mais on peut reprocher au film sa simplicité/sa non-complexité. Le personnage a tous les problèmes possibles et, tel David contre Goliath, il doit faire face aux méchants patrons, collègues de travail ou tout autre être humain.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 14 décembre 2016
    Doit-on nécessairement provoquer le dommage d’autrui pour pouvoir générer du profit ?

    C’est un film froid mais aussi plein d’humilité que nous sert le réalisateur. L’interprétation de Vincent Lindon y contribue d’une façon importante. C’est le seul vrai acteur dans ce film, les autres sont, pour la grande majorité, des employés de supermarché. Cela contribue à renforcer le ton réaliste du film. Pour l’anecdote il semble que les textes n’étaient pas écrit à l’avance. Une simple mise en place et Vincent Lindon laissait libre cours à son talent. L’expression « donner la réplique » n’aura jamais aussi bien porté son nom pour ces « acteurs anonymes ».

    Ce film expose un face à face entre un monsieur tout le monde et le système sociétal qui est actuellement rejeté par la population.

    Comme le disait Miguel de Cervantès « L’honneur et le profit ne couchent pas dans le même lit ». L’honneur étant représenté par le personnage principal s’opposant, malgré lui, au système qui est tel un rouleau compresseur. Alors le profit est il le mal ? Nous comprenons simplement qu’il n’est pas humain, pas tangible et comme ingérable par l’homme. Dans ce cas de figure peut-on vraiment reprocher au système de ne pas avoir de sentiments ?

    La dualité présente dans la majorité des scènes fait éclore un affrontement entre l’homme (représenté par le Thierry) et le système (représenté par un individu lambda) que l’on ne voit que très peu à l’écran. Vrai volonté de ne pas imager ce système sociétal. Cette violence sociale se solde sans arrêt par une victoire du profit au détriment de l’individu. Car même si l’homme garde son honneur dans ses prises décisions, il perd petit à petit sa place dans une société où il ne se plait plus de vivre. Une sorte de suicide social.
    Mathias Le Quiliec
    Mathias Le Quiliec

    43 abonnés 378 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 25 mai 2018
    Un bon film au sujet justement traité, les scènes au pôle emploi ou lors de réunion, on d'y croirait. Là dessus rien a redire, le propos et la morale l'emporte sur tout. Mais ayant vu "En Guerre" très récemment où Stéphane Brizé et surtout Lindon se surpasse également sur un sujet quasi similaire mais plus jusqu'au boutiste au final. Quelques longueurs a signaler peut être aussi lié à la personnalité du personnage et sa situation du moment, peut être était-ce voulu par le réalisateur mais c'est le spectateur qui en pâti par moment. Bon film tout de même. Vincent London est un acteur monstrueux, je le découvre vraiment sur le tard avec ses derniers rôle, il est de plus en plus bon !
    Ti Nou
    Ti Nou

    409 abonnés 3 365 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 21 novembre 2016
    Un film social sobre et nécessaire mais qui, malheureusement, peine à capter l’attention à cause d’une caméra éloignée des personnages et d’un montage inexistant. Stéphane Brizé se repose trop sur ses acteurs (certes excellents) et en oublie un peu son rôle de metteur en scène en laissant place à l’improvisation.
    Fleedool
    Fleedool

    15 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 18 novembre 2016
    Une interprétation toute en justesse et une realisation qui laisse libre cours à l'implicite. La puissance du non-dit et de la suggestion au service d'un portrait de notre époque.
    kingbee49
    kingbee49

    30 abonnés 585 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 17 novembre 2016
    Bien, mais je m’attendais à un film plus fort. Ici, le cinéma s’efface pour la démarche documentaire : caméra plus ou moins en retrait, longs plans séquence, un traitement du son plutôt distant. Brizé fait le constat des rapports sociaux en entreprise ou l’humain n’est qu’un assemblage de chiffres, un résultat. A ce titre, les séquences d’interpellation constituent le pivot du film, scrutant au plus près la misère ordinaire des petits larcins et leurs conséquences. Au milieu de tout çà, Vincent Lindon cherche, observe, négocie, travaille mais ne baisse pas la garde. Il habite le film de sa silhouette mature, la moustache impeccable et l’œil vif. Dommage que certaines ellipses gâchent la narration (on apprend la mort de la caissière et c’est direct les obsèques) ; dommage également ce sentiment de pathos qui nous gagne avec la la présence du fils handicapé, comme si cela ne suffisait pas. Et surtout, il est regrettable que la part d’humanité du personnage ne soit pas plus explicite, plus démonstrative. Ici, elle est en sommeil. Et c’est aussi pourquoi « la loi du marché » reste au seuil de ce que cela aurait pu être : un grand film engagé et militant.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 24 octobre 2016
    La démarche est intéressante, un acteur pro au milieu de non-acteurs qui jouent leur rôle...dans la vie. Du coup, on se retrouve nettement plus dans un film qui s'apparente à un documentaire: Lindon est en fins de droits, il a un fils lourdement handicapé, et en plus, au boulot de vigile qu'il finit par dégotter...bref, tout n'est pas rose, et le bonhomme se défend bec et ongle pour conserver sa dignité, et c'est pas facile...d'où une suite de petites saynètes pour nous exposer ce quotidien, pas rose, même si parfois, bien sûr...c'est donc un film a la fois très...banal...mais surtout, très violent socialement: pas de bons, pas de méchants, seulement des rouages d'un système qui peut très bien broyer des individus (même si ce n'est pas son but), comme on le constate. Lindon est parfait (je ne vois d'ailleurs pas qui d'autre aurait pu jouer un tel rôle). Bémol: le film m'a beaucoup enthousiasmé sur le coup, mais une semaine après...l'impression que j'ai est plus mitigée, peur être le côté documentaire un peu trop marqué, je ne sais pas..
    Marie-Saphire Von HANOVER
    Marie-Saphire Von HANOVER

    17 abonnés 89 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 octobre 2016
    Regard courageux sur le chômage . Vincent Lindon mérite son cesar.
    Les manigances du patronat pour se débarrasser des caissières sont justes et criantes. À la fin du film Vincent Lindon fait ce qu il faut faire , il garde son sang froid et reste digne, c est beau .
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 9 octobre 2016
    LA LOI DU MARCHE, j ai vu ce film quand il est sorti, tres decu, c est un documentaire fiction sans plus, VINCENT LINDON est bon comme d habitude ,mais à part cela le film n a aucune saveur...
    kibruk
    kibruk

    112 abonnés 2 402 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 30 août 2016
    Excellent film qui dit beaucoup de choses sur notre monde sans être démonstratif et bavard. Faire jouer des non professionnels ajoute beaucoup au sentiment de réalisme et d'honnêteté dégagé par le film. Je reste très impressionné par la capacité qu'a Stéphane Brizé (réalisateur de "Je ne suis pas là pour être aimé" qui est l'un de mes films français préférés) à faire passer énormément de messages et d'émotion par les non-dits et le regard de ses acteurs.
    vincent L.
    vincent L.

    240 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 30 août 2016
    Très déçu.
    J'avais pourtant beaucoup aimé "quelques heures de printemps" du même réalisateur, mais là Stéphane Brizé en à trop fait. Et trop c'est trop...
    Des scènes interminables, des discussions qui s'enlisent et qui ne font qu'aggraver un scénario faible, à la limite du documentaire social de bas niveau. Pourtant Lindon, comme d'habitude, se donne corps et âme, mais là ce n'est pas possible. On à juste envie que tout cela se termine et on a même pas envie d'être compatissant ce qui devient gênant.
    Pour moi un raté total
    serb
    serb

    26 abonnés 249 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 10 août 2016
    Voilà un film engagé plutôt intelligent. Plutôt que de nous innonder de leçons de morale dans ses dialogues, le film se contente de montrer, façon documentaire. C'est sûr que, cinématographiquement parlant, c'est faible, mais nous serons bien d'accord pour dire que ce n'était pas le but recherché.
    Entouré d'acteurs amateurs, Vincent Lindon tient un rôle sur-mesure et, faut le reconnaître, il y excelle. Capable de tenir une expression pendant des scènes de 5 minutes, sans coupure, ce n'est certainement pas donné à tous.
    Je vais cependant nuancer "l'intelligence" du film. Même s'il se veut très sobre, l'oeuvre de M. Brizé tombe bien trop facilement dans la caricature spoiler: , dont l'exemple parfait est le suicide de cette caissière après son licenciement.
    Lucie P.
    Lucie P.

    3 abonnés 5 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 7 août 2016
    Analyse
    La loi du marché de Stéphane Brizé

    Après avoir été opérateur de machine-outil, Thierry Taugourdeau, 51 ans, cherche du travail, fait des stages, participe à des ateliers de formation, depuis 20 mois, en vain. Sa femme Karine et lui sont les parents d’un adolescent, Matthieu, un étudiant handicapé ayant besoin d’une assistance de vie; ils le gardent donc avec eux. Il rencontre ses anciens collègues pour lesquels : « La meilleure façon de faire son deuil, c’est de faire condamner les bourreaux qui nous ont mis dans ce pétrin ». Mais, pour Thierry « entrer dans une procédure, c’est revivre tout. Pour ma santé mentale, je préfère tirer un trait, passer à autre chose ». Il en aura l’occasion : il va travailler à surveiller les vols dans un supermarché. Sa misère n’est pas unique, il le constatera.

    La loi du marché a été scénarisé par Stéphane Brizé et Olivier Gorce et réalisé par Brizé, Vincent Lindon et Stéphane Brizé en ont été les producteurs associés. Ce film a permis à Vincent Lindon de recevoir, enfin, un Prix d’Interprétation à Cannes en 2015, ce qu’il a considéré comme « un acte politique ». À la 21e cérémonie des Prix Lumières, en 2016, il a eu, encore, le prix d’interprétation; puis, le César du Meilleur Acteur. Le film, à Cannes, a obtenu une mention du Jury Œcuménique. 7e long métrage du réalisateur, La loi du Marché est la 3e collaboration Brizé-Lindon.

    Impliqué sincèrement dans les formations auxquelles il participe. Le film débute quand il relève que la formation qu’il vient de faire était inutile pour lui et au moins 13 des 15 participants. « Ce stage, y’a pas de travail à la clé. On fait pas n’importe quoi avec les gens. J’ai perdu 4 mois. Comment je fais pour vivre? » Avec la recherche d’emploi, tout le monde touche de l’argent : les formateurs, les fournisseurs de Skype, les locateurs de locaux, les vendeurs d’essence (on veut lui faire suivre une formation à 150 kilomètres) l’acheteur de son mobil-home… Thierry le déclare à Xavier, un ancien collègue de travail, chômeur comme lui et syndicaliste : « J’ai l’impression de tourner en rond. Je suis fatigué ». Être sans cesse en situation d’échec épuise; constater que les efforts sont inutiles épuise.

    Thierry est sans cesse blâmé dans sa recherche d’emploi. Tout, sauf sa force de travail, sa compétence, sa constance, est décortiqué, dévalorisé, dénigré. L’employeur qui le repousse via Skype, les formateurs qui le démolissent à Pôle Emploi, les autres chômeurs qui le jugent lors d’ateliers : son C.V. pourrait être mieux rédigé, sa posture est avachie, sa chemise est ouverte, sa froideur plutôt que son amabilité, son regard est trop fuyant, sa voix est à la fois pas assez et trop audible.

    La personne qui se démène est démolie. Matthieu, infirme moteur cérébral, et ses parents rencontrent le directeur de l’école qui lui dit que son projet, d’abord validé, est remis en question. Blâmés, de père en fils.

    Thierry au supermarché doit encore avoir une formation pour s’habituer aux 80 caméras qui balaient le magasin. Le premier cas de vol nous montre un jeune homme qui a pris un câble pour connecter son cellulaire. Puis, un vieux monsieur a volé de la viande, pas un produit de luxe, une réponse à un besoin de base. Puisqu’il n’a pas d’argent pour payer le produit, c’est un cas pour la police. Madame Françoise Anselmi, qui travaille depuis 20 ans sur les lieux, a gardé des coupons de réductions afin de les utiliser elle-même. Saïd, le patron, lui reproche : « Ce n’est pas le magasin que vous volez. C’est la prime de tous les collègues. Vous n’avez pas ma confiance ». On ne cible pas la pauvreté, on attaque les pauvres.

    Puis, Saïd, le patron et Monsieur Draux, le DRH, le directeur des ressources humaines, s’adressent à l’ensemble des employés puisque Mme Anselmi s’est donnée la mort sur les lieux après avoir été renvoyée : « Personne ici ne doit avoir la culpabilité de son geste. La vie de Mme Anselmi ne se résumait pas à son travail. Mme Anselmi avait un fils qui se droguait. Son geste elle seule en connait les véritables raisons. Personne ici ne doit se sentir responsable de quoi que ce soit ». Thierry, attristé, est dans le fond de l’église pour les funérailles de Mme Anselmi; le patron et le DRH, impassibles, sont à l’avant.

    Les employés sont jetables, les humains sont superflus. Xavier et Thierry savent que l’entreprise était viable quand ils ont perdu leurs emplois, le licenciement n’était pas nécessaire, l’entreprise faisait des profits. Quand Thierry reçoit sa formation pour repérer les voleurs, l’agent de sécurité lui ordonne de se concentrer sur les caissières parce que le patron essaie de virer du personnel, il n’y a pas eu assez de départs en préretraite. Les employeurs veulent se débarrasser de leurs salariés. La caissière, Mme Sakina, a passé sa carte de fidélité pour avoir elle-même les points lorsque le client n’avait pas de carte de fidélité, elle est amenée dans la salle où elle sera informée de son sort.

    Thierry rencontre la banquière une première fois. Elle veut qu’il vende son bien, son mobil home, son appartement, pour « faire une dépense utile »; elle veut qu’il ait une assurance décès. Elle tient des propos contradictoires, elle brandit un avenir meilleur et lui parle de sa mort prochaine. Une vie heureuse pour sa femme et son fils se déroulerait sans lui. Quand il la rencontre à nouveau et qu’il a son emploi au supermarché, elle lui accorde un prêt pour une auto usagée. Il a calculé 2 000, elle veut qu’il emprunte jusqu’à 3 000. Elle tient à empirer son endettement, il refuse.

    Si l’intransigeance capitaliste a le visage silencieux du patron pendant la messe funèbre, elle est seulement une voix sans visage lors de l’entrevue via Skype.

    Des précédents films de Stéphane Brizé, se manifeste à nouveau sa capacité à témoigner du quotidien, de la vie familiale, de la vie de couple. Le repas familial réunissant les 3 membres de la famille alors que Matthieu raconte une blague rappelle le début de Mlle Chambon quand les parents, en plein pique-nique familial, tentent d’aider leur enfant à faire ses devoirs et rappelle Quelques heures de printemps lorsque la mère Yvette et son fils Alain mangent à la table avec la télé qui diffuse.

    Thierry lave le dessus des armoires, pousse son auto en panne, la vie continue émaillée de moments d’intimité et d’affection. Dans Mlle Chambon, plus d’une fois, Jean faisait une pédicure à son père. Dans La loi du marché, Thierry lave son fils dans son bain, lors d’une autre scène, il lui met des vêtements. Le fils prend soin du père, le père prend soin du fils.

    Aussi, seul apprentissage fructueux, Thierry et Karine prennent des cours de danse. Puis, à la maison, le couple danse pendant que Mathieu tape des mains. Thierry sourit. Moment unique.

    Dans la salle de contrôle des caméras du supermarché sans cesse on entend un son qui ressemble à celui d’un moniteur respiratoire dans une chambre d’hôpital; les êtres sont en survie, surveillés pour leur bien à l’hôpital, surveillés pour leur perte au supermarché.

    Brizé a voulu que la caméra d’Éric Dumont soit souvent fixe, avec un cadrage serré. Cette concentration met en évidence l’expression des personnages, expression verbale et non-verbale. Dans le cas de Thierry, ce procédé lui redonne sa place de sujet dans un contexte qui le déshumanise.

    Mais, l’utilisation de l’image atteint un paroxysme d’efficacité d’impact et de charge sémantique quand Thierry et l’agent de sécurité sont devant les écrans renvoyant les captations des 80 caméras. L’image nous montre les deux hommes concentrés sur les clients. Soudain, l’écran du supermarché devient l’image du film. Il y a substitution du regardeur : de spectateur du film à surveillant de voleurs. Nous sommes devenus ceux qui traquent du regard, allons-nous en débusquer un? Nous épions avec la volonté d’avoir le dessus sur l’autre; d’ailleurs la captation est toujours en plongée, le surveillant est supérieur, il va prendre l’autre en faute. Nous sommes devenus complices de la rapacité capitaliste qui s’acharne pour attraper des petits voleurs; eux, ils ont l’excuse de la misère, et non l’outrance de la cupidité, quand ils se résignent à se débrouiller pour survivre, et non pour se vautrer avec arrogance et impunité.

    C’est un pamphlet et même un brûlot que ce film La loi du marché de Stéphane Brizé. Les personnages sont interprétés par des acteurs non-professionnels; tous gardent leur nom sauf Thierry-Vincent Lindon. Ce film est arrivé au Québec après presqu’un an d’attente. J’ai demandé à Raphael J. Dostie, Directeur des communications et relations de presse pour le Cinéma du Parc et le Cinéma Beaubien, la raison de ce délai. « Le film n'a pas été acheté par un distributeur québécois. Un distributeur canadien l'a acheté et nous l'a offert. Nous, la Corporation du Cinéma du Parc, devenons distributeurs lorsque nous présentons un film qui n'a pas été acheté par un distributeur local. »

    Je suis admirative du talent de Stéphane Brizé. Il affirme un rythme et une sensibilité qui signifient son empathie pour des êtres anonymes mais nombreux, des êtres de bonne volonté dont la vie est une tragédie. Son style est pur et son âpreté devient lyrisme. Il communique son respect pour ces êtres dont on dit qu’ils sont des petites gens, des êtres en voie de disparition.

    Avec le 20e siècle, l’économie industrielle est devenue économie financière. La force de travail, la volonté de travailler, ne sont plus respectées; les puissants de ce monde, et leurs complices, ne travaillent pas, l’argent travaille pour eux. Les misérables du 21e siècle souffrent et chacun peut répéter Rilke : « Je ne sais pas souffrir comme il faudrait ». En effet, il faut : être actionnaire ou ne pas être. Le combat contre les travailleurs et les pauvres est la 3e guerre mondiale.

    Alors, Brizé et Lindon, dans la dureté du post-humanisme, nous donnent un dernier sursaut d’appréciation avec subtilité et intensité. Ce plan où Thierry est debout devant sa fenêtre puis, ce plan, quand, à nouveau, il attend debout dans son mobil home, nous révèlent que l’endurance se voit à l’harassement qui envahit le visage. Il faut la patience de Brizé et la sensibilité de Lindon pour faire d’un plan une œuvre d’art, cette transmission de sens jusqu’à la gravité, jusqu’au péril, dont seuls des êtres rares ont conscience.

    Les précédentes chroniques dans lesquelles j’ai traité des films de Stéphane Brizé :
    Mademoiselle Chambon décembre 2009 en analyse
    Quelques heures de printemps février 2014 en analyse
    La loi du marché été 2015 en préparation
    Nicothrash
    Nicothrash

    294 abonnés 2 938 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 juillet 2016
    "La loi du marché" de Stéphane Brizé fait l'effet d'une bonne claque tant tout ce qu'il y rapporte est criant de vérité. On a tous plus ou moins vécu ce genre de situation, en témoigne cette scène d'entrée au Pôle Emploi aussi ridicule que plausible, et c'est là tout le drame de ce métrage aux reflets quasi documentaires, il reflète tout à fait la vie du "français moyen" de base. Il faut dire que le réalisateur a fait des choix artistiques payants, notamment le fait de donner le script à ses comédiens le jour même, pas le temps pour eux donc de s'approprier leur rôle et le rendu de ce fait est tout à fait crédible, d'autant que l'improvisation a eu la part belle également. Et puis évidemment, il y a Vincent Lindon, toujours aussi concerné par ses rôles et qui nous livre une prestation désespérée assez unique, à tel point que l'on se demande s'il joue ou non la plupart du temps. Le vrai problème de ce type de cinéma-vérité, c'est évidemment le rythme, on n'avance pas et l'ensemble n'est pas vraiment palpitant, il l'est au moins autant que le métrage est optimiste c'est dire ... Clairement ça ne fout pas la banane mais l'idée est bonne et la mise en image excellente, je ne le regarderai pas tous les jours c'est clair mais "La loi du marché" est clairement une réussite, d'un cynisme à toute épreuve et a le mérite de dénoncer nos institutions et notre monde du travail sans détour et ça c'est louable.
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