Bien trop souvent considéré à tort comme le simple pote de Jean Dujardin ou Guillaume Canet, Gilles Lellouche n'a, en ce qui nous concerne, rien à prouver dans sa carrière d'acteur. L'homme a souvent endossé les rôles avec un beau charisme, se montrant capable d'être aussi excellent dans la comédie un peu potache que dans le drame plus soigné. Déjà co-réalisateur du film "Narco" en 2003, il se lance ici dans une réalisation solo qui confirme qu'il a une sensibilité bien à lui. Dans "Le Grand Bain", plusieurs hommes flirtant avec la dépression et la solitude, se retrouvent à faire de la natation synchronisée pour oublier leur quotidien. Parfois moqués par leurs proches, entraînés par deux coachs tout aussi perdues qu'eux, ils se lancent dans cette aventure et tentent le championnat du monde de natation synchronisée... De cette belle idée de comédie (rien que l'affiche avec tous les acteurs en slip de bain vend du rêve), Gilles Lellouche parvient à tirer le feel-good movie de l'année, lorgnant plus du côté du cinéma anglais à la "Full Monty" plutôt que de la comédie française facile. D'où l'émotion qui naît rapidement en l'espace de quelques scènes pas lourdingues où les personnages et leurs problèmes sont définis sans pour autant qu'on s'étende dessus (on ne saura pas, par exemple, comment la coach Amanda s'est retrouvée en fauteuil roulant). Habilement écrit, "Le Grand Bain" est une pure comédie dramatique, mélangeant habilement deux émotions, ne minimisant jamais ce qui hante ses personnages. Ceux-ci, tous irrésistibles, sont interprétés par le plus beau casting français de l'année : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Philippe Katerine, Benoît Poelvoorde, Hean-Hugues Anglade, Virginie Efira, Leïla Bekhti, Marina Foïs, Alban Ivanov, Félix Moati et Balasingham Tamilchelvan. Chacun d'entre eux est formidable, personne ne tire la couverture à lui et tout ce petit monde est en osmose parfaite, au service d'un scénario qui n'a guère besoin d'en faire des caisses pour nous faire rire ou pleurer. Rares sont les comédies écrites avec autant d'équilibre, on peut donc vivement saluer le travail de Gilles Lellouche et de ses deux complices scénaristes, nous offrant avec "Le Grand Bain" un vrai moment de cinéma généreux à consommer sans modération.