J'étais ressorti très angoissé du précédent film "Les Apaches", tant cette destructivité me semblait sans appel. Cette fois, je me dis que c'est finalement une drôle d'idée de désigner ce territoire comme "île de beauté", compte tenu des horreurs tragiques, brutales, criminelles, malhonnêtes, qui s'y déroulent. L'action terroriste avait quand même, à la différence de celles que l'on connait aujourd'hui, une envergure politique. Elle ne se revendiquait pas simplement d'intervenir au nom de dieux, mais au nom du peuple corse. Oppression, colonialisme, les enjeux ne se plaçaient pas au niveau de la croyance mystique. Il est vrai que vus depuis la métropole, il est parfois difficile d'appréhender les enjeux locaux. Le "nationalisme" corse, c'est un dispositif protectionniste et donc qui vise à exclure la venue d'étrangers, à moins d'en payer le prix. Méfiance donc, car les mécanismes du racisme sont alors tous proches. La conscience politique, qui anime le héros, est intéressante, mais on voit combien les parasitages mafieux ont peu à peu noyauté la puissance contestatrice en criminalisant la lutte, certes armée, mais engagée dans des espérances plus nobles que le simple enrichissement. La lutte armée s'est vue discréditée par les voyous gênés dans leurs activités criminelles. Le film n'a pas l'envergure du film "Un prophète", qui mettait en scène les corses emprisonnés. "Une vie violente", c'est effectivement beaucoup de violence et un peu (trop peu) d'idéologie politique. Cependant, en ce mois d'août, en séance d'après-midi, la salle contenait pas mal de spectateurs, donc le sujet intéresse.