Bon, une vie extraterrestre belliqueuse coincée avec une bande d'humains internationaux dans l'espace, on ne peut pas dire que le suédois Daniel Espinosa ait tapé dans l'originalité de compétition pour son quatrième long-métrage américain.
Oui, mais voilà, même répétée jusqu'à l'usure, ce genre d'histoire a toujours ce don irrépressible d'emporter notre fascination de terrien qui ne connaîtra jamais les joies de l'apesanteur (et des rencontres avec des aliens violents mais, ça, ce n'est pas plus mal) si elle nous est présentée avec un tant soit peu d'intelligence et d'efficacité. Bonne nouvelle, "Life - Origine inconnue" satisfait ces conditions pour nous offrir un chouette moment de frissons plongé dans l'infini de l'espace. Ni plus, ni moins.
Mettez-vous une seconde à la place de Calvin, un petit organisme extraterrestre tranquillement endormi, peinard, depuis des siècles sur le sol martien. Un beau jour, alors qu'il n'avait rien demandé à personne, une sonde terrienne vient le prélever et le ramener à la Station spatiale internationale où des humains commencent à lui faire subir tout un tas d'expériences. Forcément, quand on vous réveille comme ça après une longue sieste, vous êtes un peu de mauvais poil, c'est pareil pour Calvin et il va montrer à ces satanés terriens qu'il n'est pas un organisme alien avec lequel il faut plaisanter, surtout que ces bougres n'ont encore rien vu de son développement...
Pas assez novateur dans sa globalité pour perdurer dans notre esprit au-delà d'une salle de cinéma, "Life - Origine inconnue" offre néanmoins au spectateur tout ce qu'il est en droit d'attendre de ce genre d'"alienerie" avec quelques petits plus non négligeables.
Ok, pour peu que l'on soit amateur de ce type de films, on a l'impression de se retrouver en terrain archi-connu avec cet enchaînement de péripéties qu'on a déjà un petit peu vu ailleurs mais Espinosa a l'intelligence de nous les livrer toujours sans trop d'artifices pour mieux répondre à nos attentes en plongeant sans détour au coeur de l'action. Du quotidien des astronautes de la station à leurs réactions/stratagèmes quant au problème alien, tout semble sonner juste et se dérouler avec autant de suspense que de réalisme nécessaire pour que la sauce prenne une nouvelle fois. Par exemple, on notera l'utilisation judicieuse du casting où la stature des acteurs compense la (trop) rapide caractérisation de leurs personnages et dont Daniel Espinosa a l'intelligence de nous démontrer dès les premiers instants que n'importe lequel de ses membres peut y passer. On soulignera aussi l'importance de s'inscrire dans une réalité proche avec l'utilisation de la Station spatiale internationale créant ainsi une intrusion de l'extraordinaire dans l'ordinaire de manière plus perceptible qu'un vaisseau perdu aux confins de l'espace.
Et puis il y a Calvin, cette adorable petite teigne d'alien... Conscient de la fascination (évoquée plus haut) que peut exercer la découverte d'une nouvelle forme de vie extraterrestre cinématographique, Espinosa en fait bien évidemment un personnage à part entière, rendant passionnant chaque étape de son développement et le filmant avec une générosité communicative sous toutes ces formes de nouveau-né prêt à tout pour survivre. L'affrontement avec les humains qui en découle se joue donc à armes égales et n'en est forcément que plus passionnant.
D'ailleurs, le dénouement de toute cette histoire, même s'il n'est pas si surprenant que ça, étonne tout de même par la tonalité sur laquelle il se situe, à l'encontre de la vague de blockbusters actuels (sans trop en dire) et on ne mentira pas en disant que c'est plutôt réjouissant à voir.
Bien ficelé et bien emballé malgré quelques erreurs de parcours (aïe, ce point de vue à la première personne alien, ce n'était pas une obligation), "Life - Origine inconnue" est l'amuse-gueule parfait avant d'aller assister au banquet que promet d'être "Alien - Covenant". Enfin, on espère...