Le pitch est simple : un capitaine de cavalerie « indienophobe » se voit confier malgré lui la mission d’emmener son ennemi juré, mourant, jusque dans le Montana, pour mourir sur la terre de ses ancêtres.
Une fois cette situation exposée, la plus causante de tout le film, tout le reste se fait dans l’introspection. Les échanges sont minimes, seul l’essentiel est dit. D’ailleurs, tous les dialogues ont du sens. Ils ne servent qu’à identifier, dans chacun des protagonistes, la part du personnage principal interprété par un Christian Bale meilleur qu’à l’accoutumée.
De façon globale, cela dit, le casting est très bon, autant Rosamund Pike et Wes Studi, pour les têtes d’affiches, que les personnages de plus ou moins second plan, tant tous ont leur importance dans l’étude du capitaine Bale. Et voir le héros traverser les épreuves de violence sans un mot de trop, sans jamais se placer du côté du bien ou du mal, accédant sans le savoir à sa propre rédemption, à l’instar d’un Clint Eastwood qui s’était rendu une dernière fois impitoyable, c’est une très belle balade dans l’Ouest américain.
Ajoutez à cela des paysages grandioses, des plans larges et contemplatifs, une photo superbe, les batailles avec les indiens et les cowboys, on obtient un très grand western. Mais c’est surtout le style épuré, où rien n’est là gratuitement ou sans raison, où toute la violence contraste avec de longs moments de réflexion et de tension, où le rythme n’est pas celui effréné et abrutissant des grandes productions hollywoodiennes mais celui d’un cinéma qui vous fait voir le monde avec les tripes, c’est cette écriture cinématographique-là qui, plus encore que tout le reste, devrait inscrire durablement ce film dans les classiques du genre.