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    La Vie invisible d'Eurídice Gusmão
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    FaRem
    FaRem

    7 406 abonnés 8 816 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 septembre 2020
    "A Vida Invisível" est adapté du roman éponyme de Martha Batalha qui raconte le destin de deux sœurs qui sont forcées de faire leur vie chacune de leur côté à cause de leur père. Guida a eu le malheur de suivre son amour à l'étranger, ce qui lui a valu d'être reniée par son père qui a fait son maximum pour la séparer de toute la famille et notamment d'Eurídice avec qui elle était très proche. Loin l'une de l'autre, les deux femmes font leur vie, mais sans s'oublier avec l'espoir d'un jour se retrouver. Karim Aïnouz dresse le portrait de femmes qui ont du mal à se défaire de leur statut de mère de famille et d’épouse. On les suit durant plusieurs années et on les découvre en tant que jeunes femmes, femmes et mères, mais ce rapport aux hommes n'évolue quasiment jamais. Pour autant, le réalisateur montre des femmes fortes qui font face aux épreuves de la vie. Un joli portrait de femmes avec de belles actrices qui sont bien mises en valeur par Karim Aïnouz. Il s'agit d'un mélodrame assez classique, mais qui est plaisant à suivre et qui n'est jamais ennuyeux malgré sa longue durée. Cela manque surement un peu d'émotion pour mériter une meilleure note, mais le film est pas mal.
    Daniel C.
    Daniel C.

    131 abonnés 715 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 8 février 2022
    Très bel hommage aux ravages du patriarcat. Ou comment la raideur autoritaire d'un père peut dévaster des vies.
    ANDRÉ T.
    ANDRÉ T.

    68 abonnés 482 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 16 décembre 2019
    Ce mélodrame »moderne » m’a un peu dérouté; du coup mes commentaires ne viennent pas !!!
    le romanesque d’hier
    la « crudité » d’aujourd’hui
    On voit peu les deux soeurs « ensemble » et pourtant le film tourne autour de leur lien indéfectible!
    Cette histoire de famille s’étale sur près de 50 ans ! Les hommes y sont peu à leur avantage….
    mais au Brésil ou en France, le film reflète la vie de la génération qui a eu 20 ans dans les années 50.
    Envisager une vie d’ »artiste » , être enceinte sans époux,
    un vrai parcours du combattant!
    AZZZO
    AZZZO

    268 abonnés 728 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 décembre 2019
    Ce film est un petit bijou. Tout est parfait : l'atmosphère visuelle et musicale très travaillée qui donne, paradoxalement, du réalisme à ce drame, la subtilité du message féministe qui évite les clichés et, surtout, cette histoire si touchante entre ces deux soeurs séparées qui, comme des mains courant sur les touches d'un piano, jouent des notes différentes mais en parfaite harmonie. Magnifique.
    William Dardeau
    William Dardeau

    29 abonnés 176 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 23 janvier 2020
    Que voilà un beau mélodrame, de facture certes classique, mais subtilement réalisé, avec une photo magnifique. Même si le film n'est pas éloigné des télénovelas adorées des brésiliens, le scénario n'est pas lourdaud du tout. Le spectateur prend évidemment le parti de ces deux soeurs (actrices superbes) victimes du machisme paternel et marital. On ne s'ennuie à aucun instant, et bien au contraire on reste fasciné par un récit fluide et délié . Après le très beau Bacurau, le cinéma brésilien livre une nouvelle pépite.
    Mar Eli
    Mar Eli

    72 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 4 janvier 2020
    La magie du film ne m'a pas touchée. Je ne sais pas, il y a quelque chose qui n'a pas pris. Le scénario peut-être, ou le manque de créativité dans les plans filmés. J'ai trouvé les acteurs assez basiques et fades, à part Guida dont j'ai été touchée par le jeu d'actrice. La relation des deux sœurs m'a donné envie de voir le film, mais on n'en voit que des bribes finalement : d'ailleurs, voilà la grande frustration que j'ai eu tout le long du film; pendant 2h20 les deux sœurs pensent l'une à l'autre mais ne se voient pas. Rarement ai je été aussi stressée en voyant un film. Mes deux points positifs sont : voir (1) le Brésil tel qu'il était en 1950 est intéressant, avec le machisme de l'époque, les soirées, les tenues et (2) le portugais, qui est une langue qui m'est douce, l'entendre tout le long m'a plu. Allez voir ce film si vous souhaitez savoir ce que voulait dire être une femme au Brésil en 1950. Mais ne vous attendez pas à un chef d'œuvre.
    frederic T.
    frederic T.

    13 abonnés 132 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 décembre 2019
    Avec cette fresque familiale, Karim Aïnouz réalise bien plus qu’un mélodrame d’une incroyable beauté : lumière, cadrage, couleurs, textures,... L’histoire de ces deux soeurs qui passeront leur vie à tenter en vain de se retrouver dans le Brésil des années 50 résonne d’une implacable actualité pour dénoncer toutes les formes de sexisme et de patriarcat.
    Coup de Cœur !
    Boby 53
    Boby 53

    10 abonnés 177 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 décembre 2019
    Apres 1 premiere heure je me suis taté: je reste où je sors. Ça tournait un peu en rond, plan plan, sans dramaturgie...et puis enfin ça à bougé, lentement, mais je me suis surpris à enfin m'interesser à ce qui se passait à l'ecran. Filmé au plus pres des visages, le film raconte cette separation qui scellera la vie de ces deux soeurs. Mais 2h20, c'est trop long.
    Jorik V
    Jorik V

    1 196 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 15 janvier 2020
    Voilà une œuvre qu’on n’attendait pas aussi forte et belle. Il n’en demeure pas moins qu’elle nous emporte durablement dans son tourbillon romanesque et nous hypnotise la rétine durant plus de deux heures avec maestria. Auréolé d’un Grand Prix mérité dans la section Un Certain Regard au dernier festival de Cannes, le film de Karim Aïnouz confirme la vitalité (et la diversité) du cinéma brésilien contemporain à l’instar de son compatriote Kleber Mendonca Filho (le beau « Aquarius ») et d’un cinéma argentin voisin tout aussi prolixe, des films de Lucrecia Marel (« La Cienaga ») à ceux de Michel Franco (le tétanisant « Despues de Lucia »). Avec « La vie invisible d’Euridice Gusmao », on nage en plein mélodrame à l’ancienne, de ces tragédies comme on n’en fait plus qui vous étreignent sans discontinuer et dont les émotions vous transpercent de toutes parts. Mais attention on n’est pas non plus dans un film passéiste ou désuet bien qu’il se situe dans les années cinquante et soixante; ce qui permet ainsi la plausibilité d’une histoire qui ne le serait plus de notre temps avec tous les moyens de communication actuels. Non, c’est une œuvre malgré tout moderne qui pourrait avoir une certaine résonance dans le Brésil d’aujourd’hui, un Brésil qui fait un pas en arrière dans le progressisme social et religieux avec son nouveau dirigeant. Mais attention, on est avant tout dans un beau drame feutré et cet aspect n’est qu’une interprétation contextuelle et ce n’est pas du tout le sujet du film.



    L’histoire, faite d’occasions manquées et de coïncidences malheureuses, est parfaitement écrite et chorégraphiée. Elle nous déchire le cœur. Difficile à résumer sans en déflorer la teneur, on dira juste que c’est celle de deux sœurs séparées par un triste coup du sort et un père braqué sur des traditions archaïques. Deux jeunes femmes qui vont se manquer durant des années, des décennies, alors qu’elles vivent dans la même ville. Une sororité gâchée par un mensonge honteux. Aïnouz filme ces tristes événements d’une manière à la fois éminemment réaliste mais en même temps avec un lyrisme inattendu. Et le mélange des deux fonctionne à merveille sur le plan visuel entre couleurs chatoyantes et scènes éthérées (la scène de liesse dans le bar avec le marin grec) qui côtoient d’autres totalement ancrées dans un réalisme cru (la nuit de noces après le mariage). La lumière, les textures et les angles d’une caméra nonchalante sont en tous points admirables et font penser à un certain cinéma asiatique, dont le « In the mood for love » de Wong-Kar Waï (la photographie est ici signée de la française Hélène Louvart) en premier lieu. Esthétiquement, cette saga féministe est donc un diamant taillé avec soin, beau et envoûtant. Elle prend la forme d’une fresque tragique alternant moments de douceur et d’autres plus cruels. Ces deux destinées qui se parlent sans se répondre impriment durablement notre esprit jusqu’à un final littéralement bouleversant et déchirant. Du grand cinéma exotique et romanesque et une excellente surprise.


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    Laurent C.
    Laurent C.

    237 abonnés 1 133 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 20 janvier 2020
    Elles sont deux sœurs, inséparables, l'une se rêvant comme pianiste, et l'autre aspirant à une émancipation sociale et amoureuse. Au milieu d'elles deux, il y a un père, autoritaire, brutal, dénué d'empathie. Le drame principal de ce récit s'articule autour de figures masculines d'une profonde inconsistance, ou, quand ce n'est pas le cas, d'une désolante grossièreté. A l'heure où les combats contre les féminicides ou les violences conjugales parviennent enfin à devenir audibles, "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão" constitue un film emblématique de la lutte de deux femmes pour exister au sein d'un Brésil écartelé entre une économie émergente et la continuation d'une culture machiste et réactionnaire.

    "La Vie invisible d'Eurídice Gusmão" est peut-être le film le plus surprenant et le plus abouti de l'année 2019. Il traverse l'existence de deux femmes que le destin va éloigner irrémédiablement l'une de l'autre. Il y a dans ce récit cinématographique dense, quelque chose qui fait penser aux œuvres d'Almodovar. Les femmes occupent le premier plan. Elles sont dotées d'une énergie magnifique qui leur donne la puissance d'agir sur leur destin. Elles se transforment en de véritables piliers politiques, au sein d'une société fragile, peinant à faire valoir l'égalité économique pour tous ses citoyens. Elles contribuent en effet, grâce à leur engagement, leur sens de la solidarité, à promouvoir un air de liberté.

    Voilà donc un film absolument fascinant et fulgurant. On rentre et on quitte cette histoire sur une séquence forestière qui donne la part belle à une vision somptueuse de la capitale brésilienne. S'agit-il d'un mirage ? Sans doute, car la grande leçon de cette fresque familiale, montre que le progrès social et culturel viendra des femmes, si les hommes acceptent un temps soit peu de renoncer à leur pouvoir mortifère.
    Hotinhere
    Hotinhere

    419 abonnés 4 737 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 juillet 2020
    Une fresque brésilienne qui retrace sur 50 ans, le destin de deux sœurs très unies mais séparées par la vie à cause d'une société patriarcale. Un mélodrame sublime et déchirant qui porte également un regard juste et cruel sur la condition des femmes au Brésil dans les années 50. Prix « Un certain regard » à Cannes.
    vidalger
    vidalger

    291 abonnés 1 226 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 décembre 2019
    Le tournant de la décennie est décidément propice à l'affirmation du féminisme au cinéma, Après #metoo, et parallèlement à une nouvelle adaptation des Quatre filles du Dr March, ce film brésilien explore l'âge d'or du machisme au Brésil en nous faisant découvrir la place des femmes dans le "petit peuple" et la petite bourgeoisie de Rio au milieu du siècle dernier. La plupart des situations, de la misère de la "fille-mère" - on ne disait pas encore mère célibataire - au rôle de la religion dans la vie quotidienne, de la prépondérance des hommes dans toutes les décisions à la banalité du sexisme, se retrouvaient sous nos contrées de la même façon, il faut bien le reconnaître, L'exotisme ne change rien à la difficulté de vivre dans un tel monde. La force du film de Karim Aïnouz, le réalisateur, c'est d'utiliser un ton léger, presque badin pour évoquer les mariages arrangés, les filles répudiées et la pauvreté, sans toutefois jamais relativiser la dureté de son propos. L'exceptionnelle interprétation - les deux sœurs en particulier interprétées par Carol Duarte et Julia Stockler - apporte beaucoup de vitalité et d'entrain à un film qui aurait pu être plombé par son aspect mélodramatique de télénovelas. A cela, il faut ajouter une photo et une lumières remarquables, un sens du récit précis, des scènes d'anthologie - l’aquarium ! - qui conduisent sinon à un chef d'œuvre - quelques longueurs et scènes inutiles - du moins à un film que l'on aura du mal à oublier.
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    111 abonnés 1 577 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 3 mars 2022
    Le film du Brésilien Karim Aïnouz, lauréat du Prix Un Certain Regard au dernier Festival de Cannes, est un film sincèrement magnifique par lequel il est difficile de ne pas être conquis – on a du mal aussi à ne pas ressortir de la salle l’œil humide et le cœur fendu par cette histoire de séparation, dans le Brésil des années 1950, entre deux sœurs dont les rêves vibrants et le lien (celui de l’amour et du souvenir seulement, puisque les lettres qu’écrit l’une ne parviennent jamais à l’autre) sont sacrifiés aux injonctions d’une société patriarcale jusqu’à l’os, implacable, incurable.
    Tant est si bien qu’on se propose ici de vous donner tout de go plusieurs excellentes raisons d’aller voir ce mélo assumé, exquis, derrière lequel on décèle de nouveau ce regard de cinéaste unique qui sait faire de l’absence quelque chose de tragiquement palpable.

    D’abord, sachant que La Vie invisible… est une adaptation de roman (celui, du même nom, de Martha Batalha), qui plus est « en costumes », toute crainte est très vite balayée d’avoir affaire à une reconstitution appauvrie ou un film avalé par ses décors et ses habits. C’est même l’inverse, il est décuplé par eux : les images ont une qualité picturale qui s’impose élégamment, sans effets de manches factices, tandis qu’on fait la connaissance des soeurs Gusmão, Euridice (Carol Duarte) qui rêve d’aller à Vienne étudier la musique et devenir pianiste de concert, et Guida l’aînée (Julia Stockler), dont le désir le plus ardent est de partir tout court, et d’échapper à la vie que le père, boulanger, catholique, docilement secondé par la mère en tout, notamment dans sa recherche de maris convenables pour elles, a prévue pour elles. Les intérieurs chargés de meubles, tous de bruissements et reflets d’étoffes, de textures riches et de teintes profondes et éclatantes, de l’émeraude au bleu horizon ou au vermillon, le tout agencé et cadré avec un soin d’orfèvre, évoquent la Renaissance et les peintres flamands et magnifient la fraîcheur de la peau des sœurs, les lignes de leurs cous ou de leurs bras, et les jolis gestes complices, un peu impertinents, joueurs, qui accompagnent leurs interactions verbales pleines d’un tempérament que le monde autour d’elles, petit à petit, brisera. L’utilisation soigneuse qui est faite de la vitalité et du mouvement qui illuminent ces belles images par leur grâce naturelle (pour choisir ses comédiennes, Aïnouz les a filmées épluchant des pommes de terre), sublimés au premier acte dans une scène nocturne sans paroles accompagnée de musique contemporaine et non « d’époque », flamboyante de sensualité et de possibilités, qui n’est pas sans évoquer les atmosphères de Wong Kar-wai, accentue le contraste entre la joie et la spontanéité de Guida et Euridice d’une part, et, d’autre part, la raideur immuable du système patriarcal qui leur assigne sans ployer un rôle bien éloigné de leurs aspirations et va physiquement les contraindre à la soumission, forçant leur arrachement l’une à l’autre, paralysant, in fine, jusqu’aux doigts d’Euridice sur les touches du piano.

    Sans parler des grossesses qui s’imposent à nos deux héroïnes malgré leur résistance farouche, chacune de son côté, dans la solitude et l’isolement pour Guida, dans le carcan familial pour sa soeur. À travers leurs deux parcours, celui d’une émancipation chèrement payée et stigmatisée dans le cas de l’aînée (cette société a tellement peu de place à lui accorder qu’elle devra même changer d’identité), celui du renoncement de soi dans le cas de la benjamine, La Vie invisible d’Eurídice Gusmão est aussi un hymne émouvant aux femmes de la génération de la mère du réalisateur, écartées comme mères célibataires ou retenues de force dans le rôle secondaire d’épouse et mère qu’Euridice voit pour la première fois dans le miroir d’une salle de bain le jour de ces noces, après une scène de dépucelage d’un grotesque achevé qui serait presque cocasse si elle n’était pas, derrière son exubérance désordonnée, d’une violence terrible – comme chaque fois que l’envie prend à son mari (qui n’est même pas un mauvais bougre) de se lancer dans quelques simiesques cabrioles en dépit des meubles qui font obstacle à sa conjugale et donc légitime lubricité. Le motif du miroir, qui oppose le corps vivant à l’image projetée, plate, tout en faisant écho aux vies désormais parallèles de nos deux héroïnes, aura d’autres déclinaisons tout au long du film, entièrement articulé autour du dédoublement, ou plutôt de la brutale dissociation, mais une chose est toujours préservée, entière : la dignité de ces deux femmes, qu’on se prend à aimer toujours plus tendrement à mesure que la voix de Guida lit ses lettres à sa soeur, que cette dernière ne reçoit jamais. Au-delà du fait que leurs deux vies soient constamment accompagnées par un récit, ce qui leur donne une ampleur de destins romanesques, à l’écran, les soeurs ne sont jamais dégradées, même accroupies pour des ablutions intimes, même quand du sang coule entre leurs cuisses. La représentation du corps féminin et de sa vie a ici quelque chose de tout simple et naturel. Pour en mater le foisonnement, il faut bel et bien des parois aussi épaisses et rigides que les murs gris qui enserrent petit à petit, à mesure que passent les années, la verdure luxuriante d’un Rio de Janeiro qui semble, au début de l’histoire, un joyau face à la mer. Pour le portrait que le film fait de cette ville aussi, on ne saurait que trop vous encourager à découvrir La Vie invisible d’Eurídice Gusmão.

    Et ce titre d’ailleurs, choisi par l’auteure du livre mais excellement démultiplié par le film ! En sortant de la salle, on se demande simultanément pourquoi Guida n’est pas dans le titre, si c’est parce que la « vie invisible » en question est celle qu’elle imagine pour sa soeur Euridice dans ses lettres, ou parce que c’est la sienne propre à laquelle elle pense, que Guida vivra plus librement mais au prix de l’effacement et de la mise à l’écart (comme les lettres qu’elle continue d’envoyer, et qui continuent de ne pas arriver jusqu’à Euridice). À moins que la « vie invisible » soit la vie qu’on ne vit pas, qu’on n’aura pas vécue, qu’on aura peut-être manquée de peu. La richesse des interprétations de son titre que le film rend possibles est d’ailleurs un bon exemple de la manière organique dont le texte du film – la narration épistolaire, les dialogues – épouse ses éléments plus sensoriels pour former un tout qui est plus que la somme de ses parties. Déjà, pour un « film parlé », La vie invisible… a une corporéité étonnante, mais quelque chose de plus se produit. Tout un univers se constitue qui se situe au niveau de cette brèche, hors du temps, où Euridice et Guida sont toujours ensemble, ce qui expliquerait pourquoi il est si émouvant et enveloppant et pourquoi bien que son contexte soit puissamment vaste, le plus petit geste et détail de cette histoire devient si important, si précieux : une robe, une bague posée sur un piano… Mieux encore, chaque partie manquante, chaque absence, se fait immensément sentir, comme un vide absolu, un ratage désolant, exaspérant, physiquement douloureux pour le spectateur qui les voit passer à côté de tout de si près, comme de l’autre côté d’une vitre transparente mais impossible à briser.
    TOUT-UN-CINEMA.BLOGSPOT.COM
    Claude DL
    Claude DL

    75 abonnés 1 590 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 juillet 2022
    Belle qualité que ce film relatant , début années 50, la vie de deux soeurs fusionnellement attachées et qui furent séparées par leur crétin de père à la suite d’une escapade en Grèce de l’une d’elle. Tout est filmé avec un réalisme très au-dessus de la moyenne et les acteurs-actrices sont tous très convaincants. Beaucoup d’humanité dans le récit et le scénario est vraiment très travaillé (issu d’un roman). Des défauts toutefois, comme cette longueur (2h20) , des scènes de sexe un peu trop crues et une ambiance générale un peu trop triste (il fallait bien toutefois relater la condition de la femme à cette époque). Mais bon film indiscutablement à voir.
    Jean-luc G
    Jean-luc G

    46 abonnés 733 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 août 2021
    Le cinéma brésilien, trop rare parce que maltraité, recèle de petites pépites, et en voilà une, repérée par Cannes mais disparue dans la tornade du covid19. Ainsi ces dernières années, nous avions apprécié Gabriel et la montagne, Bacurau, le documentaire de Salgado- le Sel de la terre-, dans une moindre mesure Aquarius. Voilà donc un mélodrame tropical, aux couleurs saturées, qui colle à la peau comme le climat local. Nous sommes dans les années cinquante et Ainouz aborde frontalement la position des femmes, coincées entre la morale rigide catholique et l'exubérance des sens de ce pays chaud. L'amour, le sexe marital ou tarifé, la maternité, la parentalité, tout arrive en vrac, chargé d'émotions, de non-dits, de frustrations. Certes il y a quelques longueurs, mais que l'on excusera vue la langueur inhérente au climat. Au-delà du roman sur lequel est basé le film, Aïnouz introduit une large dose de souvenirs autobiographiques qui viennent crédibiliser le destin parallèle et distant des deux sœurs, confrontées à la rigidité paternelle. Un film sensuel, rempli de solidarités et de désespoirs, mais jamais moralisateur. DVD vo - juillet 21
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