Réalisateur polonais qui a commencé sa carrière cinématographique par des documentaires, Pawel Pawlikowski, né à Varsovie en 1957, a vécu en Allemagne, en Italie, en Angleterre et à Paris, avant de revenir s’établir en Pologne. En 2013, "Ida" a été son premier film réalisé dans ce pays depuis son retour. Sélectionné dans de nombreux festivals en 2013 et en 2014, sorti dans notre pays en février 2014, ce film en noir et blanc a obtenu, entre autres, l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2015, ainsi que le César du meilleur film étranger la même année. Cette année, "Cold War" était en compétition au Festival de Cannes et il en est reparti avec le Prix de la mise en scène.
Pawel Pawlikowski fait partie de ces réalisateurs, aujourd’hui de plus en plus rares, qui sont capables de raconter énormément de choses dans un film dont la durée ne dépasse pas 90 minutes. C’est ainsi que "Cold War" nous plonge dans les tourments d’une histoire d’amour épisodique tout en offrant une belle reconstitution de l’après guerre dans trois pays, sur une durée d’une quinzaine d’années : la Pologne, la France et la Yougoslavie. En effet, après la naissance en Pologne de l’histoire d’amour entre Wiktor et Zula et le départ de Wiktor vers l’ouest, Zula restant en Pologne, les deux amants vont se retrouver et se séparer à plusieurs reprises, en particulier dans le Paris des clubs de jazz des années 50 que fréquente Wiktor avec succès. Par contre, malgré son titre, "Cold War" n’aborde que très marginalement les problématiques de la « guerre froide ».
Après le succès remporté par "Ida", Pawel Pawlikowski reste fidèle au noir et blanc. Même celles et ceux qui avaient trouvé excessif le succès remporté par "Ida" ne pourront pas rester insensibles à "Cold War", un film beaucoup plus abouti, beaucoup plus passionnant et même esthétiquement beaucoup plus beau grâce à un noir et blanc plus contrasté, plus travaillé au niveau de la lumière.