« 🎶 Je suis sans famille, je m’appelle Rémi,
et je me balade avec tous mes amis...
Vitalis et Dolce, Joli-Cœur, Zerbino,
Capi et Rémi vont faire leur numéro... 🎶
🎵 Dans les grandes villes ou les petits villages,
Devant nous défilent de jolis paysages.
Ma famille a moi est celle que j'ai choisie,
car on a besoin d'affection dans la vie.
Je suis sans famille et je m’appelle Rémi,
et je me balade avec tous mes amis.
Venez avec nous, dans nos aventure,
plus on est de fous,
et moins la vie est dure,
Je suis sans famille, je m’appelle Rémi,
Et mon histoire commence ainsi ! 🎵»
Certains d’entre nous se souviennent de cette chanson du générique de cette jolie série animé Japonaise diffusée dans Récré A2 au milieu des années 80.
J’ai découvert cette attachante histoire et par la suite lu le livre d’Hector Malot dont la série est issue. L’œuvre animée est d’une fidélité stupéfiante pour une culture Japonaise aussi éloignée qu’elle peut-être de la nôtre.
Il est parfois difficile d’adapter un roman au cinéma. Soit parce que l’on a imaginé au fil des pages ne correspond pas à l’approche personnelle du réalisateur, soit l’oeuvre est adapté pour se conformer à des contraintes de temps, de mode, de budget aussi. La chronologie est chamboulée, des chapitres entiers à peine suggérés voire supprimés. Des personnages disparaissent quand d’autres s’interchangent au risque de bousculer quelque peu les liens de parenté...
J’aime cette histoire proche de mon imaginaire qui rejoint par endroits ma réalité. J’ai lu le livre plusieurs fois et je regarde souvent la série Japonaise en Blu-Ray. C’est donc avec empressement que j’ai découvert cette version d’Antoine Blossier.
Que dire ? Sans chercher de comparaisons, c’est un très beau film. Outre les somptueux paysages de la région d’Occitane avec notamment la cascade du Déroc, on découvre de jolis paysage superbement filmés, auréolés d’une musique qui m’a donné la « chaire de poule ». Daniel Auteuil incarne un Vitalis plein d’humanité, dur et tendre à la fois. Quant à Maleaume Paquin, un Rémi plein de promesse, une graine d’acteur à suivre.
Rémi, enfant trouvé, est élevé avec tendresse et amour par Maman Barberin. Vers ses dix ans, suite à un accident à son travail, le père adoptif ne pouvant plus subvenir aux besoins de trois personnes, vend Rémi à un artiste de rue qui a décelé en lui des dons pour le chant. Après des adieux déchirants entre Rémi et Maman Barberin, son voyage commence.
Ses aventures croiseront la route de sa mère naturelle. Madame Harper, femme aisée habitant avec sa fille, Lise, handicapée, sur une jolie péniche. Le Cygne, dans le livre.
Sans autres références, cela reste un très beau film. Pourquoi bouder son plaisir, quand la qualité du scénario, les images et la bande-son se mélangent en harmonie quasi-parfaite. Ce roman Français résonne comme un conte de Charles Dickens. Un film de Noël à savourer avec innocence.
Mais, il y a ce « quasi », ce je ne sais quoi d’inachevé. Pour ceux qui connaissent l’oeuvre originale, on est un peu déçu que certains passages soient absents et que certains événements soient anachroniques, comme la mort de Vitalis, qui, dans le livre se situe en France et plutôt dans le premier quart de l’ouvrage. Alors que dans le film, cet événement se produit quasiment à la fin et en Angleterre. En outre on traverse la Manche en un clin d’œil sans le réaliser tout de suite. La troupe du Senior Vitalis est réduite. Seuls Capi et Joli-Cœur font leur numéro. On regrette l’absence de Dolce et Zerbino.
Rémi, est un enfant spontané, très mature pour son âge, altruiste, d’une gentillesse rare chez les hommes en général, mais pas naïf.
Sa nature le fait croiser un enfant des rues, dans le livre. Mathias. Une amitié naîtra de cette misère, des aventures et aussi joies partagées... Chapitre malheureusement absent du film.
Dans le livre, Rémi, livré à lui-même, est recueilli par une famille de mineurs qui vit aussi du produit de leur serre. Son innocence et joie de vivre sans faille, aura raison de la famille qui l’adoptera. Parents, frères et sœurs le traiteront comme l’un des leurs. Un jour, une tempête de grêle dévaste leur serre. Expropriés, chacun part aux quatre coins de la France chez un membre de leur famille. Rémi reprend sa route de saltimbanque avec ses petits compagnons. Vitalis est déjà mort dans le livre à ce moment là. Rémi promet d’aller les voir tour à tour quand il passera dans leur village, lors de ses représentations et portera les nouvelles et messages de chacun d’eux.
Autre chapitre absent du film. Un des plus beaux peut-être, illustrant le dévouement de ce petit garçon que rien n’abat.
Une incohérence du scénario :
Madame Harper, mère de Rémi, a un fils, Arthur, handicapé lui aussi. Frère de Rémi, dans le livre et non une fille, dans le film.
Le personnage de Lise apparaît bien, mais c’est une des sœurs dans la famille de mineurs. Muette et qui s’apprendra de Rémi.
Lise, dans le film, est la fille de Madame Harper...Donc, sœur de Rémi...
Rémi s’attache à Lise aussi bien dans le film que dans le livre. La fin est sans équivoque. Certainement involontaire, mais à remanier une histoire qui n’en avait pas besoin, Antoine Blossier a fait une grosse bourde. Plus c’est gros, plus ça passe. La preuve, je n’ai fait le rapprochement qu’en écrivant cette critique, des heures après la projection.
Cette maladresse n’enlève pas grand chose aux qualités du film. 1 heure 50 que l’on ne voit pas passer quand on se laisse porter par l’histoire. Pourtant on regrette qu’il ne soit pas plus long. La famille de mineurs aurait vraiment mérité d’être illustré. La rencontre avec Mathias étant, elle, plus anecdotique, s’il avait fallu faire un choix.
Malgré certains manques, « Rémi Sans famille » pose par ailleurs des questions très actuelles. La valeur des hommes selon leurs origines ou encore sur les choix à mener dans sa vie : Se fondre dans le moule d’une société confortable mais insipide ou suivre sa vocation au risque d’une vie marginale mais plus excitante. Tous ces ingrédients font de « Rémi sans famille » un film très efficace, juste beau ! À voir avec ou sans référence, mais surtout avec son cœur.