Avis : Le Monde est à toi - Page 2

- Qui vous a inspiré ?
- Ma mère, répond le fils de l’auteur de « Z », présent dans une salle modeste du quartier de La Bocca pendant « the » festival, après être passé sur des tapis rouges plus vivement éclairés.
Dans ce film de gangsters où les Tontons Flingueurs parleraient le langage des banlieues, Adjani se fait appeler maman par son grand dadais de fils. Ça canarde dans les dialogues, et les grenades sont cachées dans des sacs Hello Kitty quand la mafia russe rencontre nos zaïrois. Philippe Catherine est avocat, Vincent Cassel un chauffeur grillé aux Illuminati.
Un moment jubilatoire de divertissement.

Le monde est à toi est supposé être une comédie. Bonne idée que de tenter de régénérer un genre gravement sinistré dans notre pays. On a dit la même chose de Au poste ! de Dupieux, avec son humour absurde qui se situe à mille lieux de celui de Gavras, beaucoup plus référentiel et systématiquement basé sur les étrangetés de comportements de ses personnages ou les détournements de situation des clichés de films de gangsters. Car Le monde est à toi en est un, pas si différent de certaines bandes obscures tournées dans les années 50, souvent pour le pire plutôt que pour le meilleur. Le scénario est ici accablant, si tant est qu'il existe vraiment. Une histoire de pieds nickelés, qu'ils soient de banlieue ne change rien à l'affaire, dans des péripéties où l'on retrouve gros flingues, caïds pathétiques, drogue, femme fatale, plage au soleil (dans le laid béton de Benidorm) et même une mère indigne. Un cocktail détonant ? Oui, s'il y avait un minimum d'écriture et d'intensité et si possible une interprétation au niveau. Il n'y a rien de tout cela dans Le monde à toi, juste quelques bribes éparses d'un récit plutôt confus et des acteurs en roue libre (Damiens, Katerine, Adjani, etc) avec en guise de vedette un Karim Leklou loin d'être impérial, qu'on a vu bien meilleur dans des rôles pourtant secondaires. Visiblement, Romain Gavras a voulu tourner un film cool et fun, en s'amusant à balancer du Sardou et du Balavoine, pour prendre la galerie des spectateurs à revers. Tout le film est donc une question de posture, ou d'imposture si l'on préfère, avec un style travaillé pour faire passer la pilule. Moyennant quoi, on en revient toujours à la question du scénario. Quand il est inepte comme ici, aucune patte, aussi douée soit-elle, ne peut réparer les dégâts ou alors il faut être un très très bon metteur en scène ce que Gavras n'est pas (encore ?).

Comme Jusqu'à la garde sortie en début d'année, Le Monde est à toi fait du bien au cinéma français mais dans un autre registre. Il apporte un vrai bol d'air frais. Avec ce film, Romain Gavras nous offre un film un peu plus joyeux et moins choc que son précédant Notre jour viendra et apporte dans Le Monde est à toi un genre de cinéma assez british. On pense à Guy Ritchie dans l'utilisation de personnages haut en couleurs et assez barrés issue du milieu du petit banditisme mais aussi dans quelques tics de mise en scène. Mais Romain Gavras ne copie pas. Ni dans le récit, ni dans la mise en scène et nous offre un film singulier. Il apporte à ce genre notre culture française ainsi que des thèmes très actuel comme les illuminati, le trafic de drogues, le terrorisme... Le Monde est à toi n'est pas que sa et réussit à jongler entre différent ton, tout en gardant un ensemble assez léger et agréable. Il est parfois fun, en partie grâce à ses personnages jouissif qui sont à la base assez archétypaux ( qui n'est pas un défaut ici, bien au contraire) et qui se révèlent tous excellemment écrit. Il réussit à leurs laisser de la place, à les faire vivres et à les rendre authentiques. Ils ont tous une trame et une conclusion et ils sont tous géniaux que sa soit Oulaya Amamra, Sam Spruell, le duo Mounir Amamra et Mahamadou Saengare drôlissime, Sofian Khammes dort le personnage possède une grande ambivalence, à la fois fou, drôle, inquiétant, Isabelle Adjani au top dans son rôle de mère escroc à la fois protectrice et parfois assez mal attentionné, et Karim Leklou qui réussit à nous faire attaché à son personnage et qui nous transmet pas mal d'émotion et arrive à être touchant. Les apparitions de François Damiens et Philippe Katerine apporte du frais et sont comme à leurs habitude aux top. La mention spéciale revient tout de même à Vincent Cassel, acteur que j'affectionne énormément qui est tout simplement jouissif en ancien taulard un peu paumé croyant à tout ce que l'on lui raconte dans un rôle très proche de celui de Robert De Niro dans Jackie Brown. Un film centré sur ce personnage serait vraiment ouf. Malgré donc son comique, le film traite tout de même de sujet sérieux, et à un côté très dramatique comme la relation toxique entre sa mère et son fils. Le titre du film s'inspire de Scarface de Brian De Palma, dont il est au final l'antithèse et se rapproche plus de L'impasse de De Palma toujours dans les objectifs des deux personnages sont assez semblables. Le personnage principal tente de fuir sa condition qui le rappelle toujours. La photo du film est excellemment travaillé, et contribue à l'ambiance du film. Tout comme la BO passant par du Pnl, à du Sardou. Un mélange original qui fonctionne incroyablement bien.

Le Monde est à toi est un film à la british mais qui met en valeur notre culture et des sujets actuels. Un style qui manquait au cinéma français. La trame est certes assez linéaire mais comporte des retournements bien amenés et le propos de fond raconte quelque chose de très intéressant. Malgré une première partie qui s'éternisait un peu, la deuxième nous rattrape et le film est très bien rythmé dans son ensemble. Une multitudes de personnages délirants et superbement travaillé, une vraie ambiance, une bo parfaite, une photo magnifique, Le Monde est à toi fait excessivement du bien au cinéma français et est très bon.

Le scénario de « Le monde est à toi » de Romain Gavras sur fond de trafic de drogue est tiré par les cheveux avec une galerie de personnages tous aussi déjantés les uns que les autres : Danny (Isabelle Adjani méconnaissable au début sous sa perruque) est une ancienne perceuse de coffres-forts, adepte du vol de produits de luxe dans les grands magasins et mère maquerelle ; son fils François (Karim Leklou) un « gros nounours » toujours sous l’emprise castratrice de sa mère et des éclairs à la pistache, et dont le rêve est via l’argent de la drogue de pouvoir acquérir les droits d’importation de Mister Freeze sur le Maghreb juste pour avoir une petite maison et une petite piscine à Marrakech ; son acolyte Henry (Vincent Cassel qui lui est vraiment remarquable) est à la masse, obnubilé par les Illuminati et rêve d’avoir un camping-car ; Bruce le grossiste écossais fait passer sa fille pour une trisomique … etc … le tout sur fond de drogue, de violence, de sexe … avec pour faire moderne (?) le clan des Zaïrois, une dose de « narco-terrorisme » sous forme de vidéo YouTube et de « traite des migrants érythréens ».
La caméra est à l’aise avec des luminosités et des décors souvent léchés, soutenue par une très bonne bande son et avec de temps en temps des scènes ressemblant à de véritables clips ou spots publicitaires (je pense notamment à une des scènes avec Poutine qu’on entrevoit dans la bande annonce) … mais on sait que Romain Gavras dont c’est le second long métrage vient du monde de la publicité.
Bref un film de type aventure des Pieds Nickelés plaisant à voir mais dont après être sorti il ne reste rien !

Attention cet avis contient des spoilers tels que : spoiler: bah oui, il y a des criminels honnêtes.
Jusqu'où iriez-vous pour réaliser votre projet et conquérir votre petite portion du monde ? Dealer, mentir, braquer, trahir voire pire ? Lui oui. La méthode lui réussit. Il est tombé dedans quand il était petit. Pour autant, le monde est à toi ne pousse pas au crime. Le classique dernier gros casse avant la retraite foire en embrouille cocasse sur fond de défaite. Le réal raille dans une infinie tendresse ses personnages improbables, donc très crédibles, leurs excès et leur maladresse, leurs rêves de grandeur ou actes de bassesse. Tendresse pour les personnages et générosité pour les spectateurs quand il use les codes du bling bling pour les breaker comme au curling. En bonus : une cour de béton entre deux grands ensembles, le plan séquence suit en grand angle le personnage à hauteur d'épaules et finit par tourner autour. Générosité aussi pour la "cité" quand le réal la perçoit comme pur décor de cinéma.

Avec un tel casting, je suis allé un peu aveuglément voir ce film estival. Hormis la prestation exceptionnelle de Vincent Cassel, qui marmonne et absorbe des vidéos sans recul, le reste du film est irritant. Je suis toujours dérangé de voir autant de moyens de tournage pour un récit aussi peu nourrissant. Au final, le héros se débarrassera de sa mère et la fille du méchant se débarrassera de son père. Cette émancipation de parents toxiques est certes une bonne nouvelle, mais l’univers global de ces anti héros, petites frappes sans morale, aspirant à devenir des « commandants du monde » n’est pas enthousiasmant. La violence, les conduites de prestance, la drogue, le jeu, les sans papiers sont des enjeux du monde actuel. Montrer qu’il n’y a pas de code de l’honneur chez les malfaiteurs est une bonne chose, mais ça ne suffit pas à faire un bon film.

Mais qu'est-ce qui est passé par la tête d'Isabelle Adjani ? Voilà un film grotesque, écrit avec les pieds, où oout sonne faux, qui se veut drôle et n'est que pathétique. Les acteurs sont tellement mal dirigés que même Adjani est mauvaise. Elle en fait des tonnes, comme tous d'ailleurs, sans doute pour compenser l'indigence du scénario. Voilà un film ridicule, tous les personnages sont antipathiques, bref, il n'y a rien à sauver. Pauvre Costa Gavras, dont le fils n'a pas hérité d'un soupçon de son talent.

AVANT PREMIÈRE - Présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes 2018, Le Monde est à toi est un véritable ovni dans le genre. Il est signé Romain Gavras - lui qui nous avait quelque peu refroidi avec Notre jour viendra - vient ici, réconcilier son public dans une histoire aussi imprévisible que loufoque ! Un petit dealer souhaite devenir distributeur officiel de Mister Freeze (ces bâtonnets glacés) au Maghreb. Pour y arriver : il y aura besoin de sa mère (une folle sur les bords), l'ex de sa mère (une sorte de papa naif) et de son amie (une charmante jeune femme mais guère sérieuse) afin de monter un coup qu'il peut rapporter gros ! On n'est pas dans un Ocean's Eleven mais Le Monde est à toi prend cependant, partie à certains aspects de l'oeuvre originale, en version caïd de banlieue. Se référant également, dans la lignée d'un Scarface spoiler: avec tous ces kilos de cocaïne et cet argent sale...
Gavras utilise des plans léchés, esthétiques par moment spoiler: - comme ces soirées dans les bars et celle du poker -
rendant son long-métrage plus attrayant qu'au départ ! Il réalise de plus, des séquences mémorables spoiler: - cette fameuse danse au bar quand l'anti-héros est obligé de faire le show face à ses tantes -
accompagné bien entendu, d'un humour (noir) grinçant faisant appel à une distribution d'acteurs de qualité ! Malik Leklou est une belle découverte à l'écran, le spectateur s'attache rapidement à cet anti-héros. Isabelle Adjani possède une prestation très barrée - un peu comme le film d'Astier dans David et Madame Hansen - elle est épaulée par son partenaire de jeu à savoir Vincent Cassel - qui retrouve à nouveau le réalisateur après son dernier film - offrant une composition rafraîchissante. Oulaya Amamra - révélée au grand jour dans le poignant Divines - s'avère une femme fatale spoiler: dont ses intentions sont souvent confuses...
Les apparitions jouissives de François Damiens et de Philippe Katerine viennent contribuer à la réussite du registre comique de Gavras ! Des personnages hauts en couleur donc ! La bande sonore de Le Monde est à toi est juste DINGUE : spoiler: allant de Laurent Voulzi, Daniel Balavoine en passant par du Jul et du PNL !
C'est monstrueux ! A mentionner néanmoins, certains extraits du récit peuvent être spoiler: assez dérangeants, en appelant la vulgarité
de la manière pas très subtile qui soit... Malgré quelques petites imperfections, Le Monde est à toi est un objet inédit dans le paysage cinématographique français. Un bon film de genre dont la liste est devenue longue dans la matière (Grave, Revenge, Dans la brume...) et le prochain long-métrage sera pour Gaspar Noé avec son Climax, prévu pour septembre !

Je n’ai pas de mot pour qualifier ce film.... scénario improbable, scènes très violentes, que de clichés... seuls points positifs du film : le personnage de Vincent Cassel et les répliques de François Damiens!

Les premières secondes commencent et je prends peur que ce soit un énième film de clichés sur la banlieue mais très vite me voilà rassurée.
Prenez un bon tarantino, Snatch et Le prophète, mélangez le tout et vous obtiendrez l'essence même de ce film.
J'ai tout simplement adoré, à mis chemin entre la poésie émotionnelle du spleen et l'idéal et de l'humour décalé des grands réalisateurs anglais.
Le tout sur un fond de prises de vue d'un esthétisme qui ne peut que capturer votre regard.

Qu’il est bon de retrouver enfin Romain Gavras qui avec son second film vient faire souffler un peu d’air frais dans un cinéma français bien souvent trop sage. Mettant bien à profit son expérience acquise dans le tournage de clips, il signe ici un film très esthétique entre film d’action et comédie qui n’a rien à envier à beaucoup d’homologues américains. C’est aussi un film très positif qui détourne le film culte Scarface pour montrer qu’il y a d’autres moyens de s’en sortir qu’en devenant un minable dealer. L’avenir nous dira si il deviendra un nouveau modèle dans les cités. [lire la critique complète sur FreakinGeek.com]

j'espère vraiment que ce film va rencontrer le public. il le mérite tant il est bien fait, c'est drôle sans être lourd, tendre sans être pathos...et les acteurs! bravo à eux ! l'acteur principal est merveilleux et sa mère Adjani terrible !

Une comédie française détonante avec une histoire, des stars, de la musique, des personnages hors du commun et de la musique : tous les ingrédients d’un film de cinéma sont présents pour passer un excellent moment.

Forcément l’attraction c’est Adjani dans un rôle qu’on ne lui connaissait pas, une mère roublarde et envahissante. Isabelle cabotine et ça fait plaisir, elle nous a rappelé au passage combien ses yeux sont incroyables. spoiler: Je suis resté scotché sur cette scène avec Isabelle en burquini : monter un scénario qui permet d’arriver à cette incongruité reste un exercice plutôt audacieux
. Hormis Isabelle, j’avoue avoir eu un faible pour « Poutine », personnage de la démesure de ce film.

Je ne me souvenais pas non plus à quel point le sud de l’Espagne peut être affreux : côte défigurée par le béton, anglais bourrés partout, vulgarité à tous les coins de rue : et ce n’est même pas exagéré...

Bande son éclectique et fournie, images superbes, Romain Gavras « a de la caméra » et ca se ressent pour mon plus grand plaisir.

Regard hautain et goguenard du réalisateur sur des personnages ridicules, pour lesquels il ne semble avoir que du mépris.
La fascination de la bourgeoisie pour montrer des banlieusards abrutis et pathétiques atteint son comble.
Par ailleurs scénario très approximatif, mal construit, mais le réalisateur semble s'en foutre, ce qui l'intéresse est de ricaner.
Isabelle Adjani fait un énième retour qui rend triste. Dans le rôle d'une mère abusive, elle semble plus vieille que son fils.
Il n'y a pas que la drogue qui fait des ravages, il y a la chirurgie esthétique...

La prouesse de ce nouveau film réside dans son équilibrage entre une énergie incontrôlable et des personnages attachants. La frontière avec le mauvais bad trip caricatural est fine et le film ne la franchit que lors d’une unique scène. Le reste du temps, Le Monde est à toi reste mené à une belle allure, étant à la fois délicieuse potacherie et émouvant portrait d’un raté.