Ce n’est pas un grand film mais un excellent téléfilm dans la série des thrillers ou des émissions comme ‘faites entrer l’accusé’. Le sujet, ’l’intime conviction’ est en lui-même très captivant ; tout le film repose sur ce principe et sur ce qui permet de le fonder, à partir d’éléments qui rivalisent dans le troublant procès de Jacques Viguier, de mensonges, de flagrantes et honteuses manipulations, de rumeurs, en l’absence de preuves formelles. Difficile d'y voir clair ! De plus, la présomption d’innocence est bafouée par les services publiques, aussi bien par le piètre officier de police qui, sans preuve, a l’intime conviction que Jacques Viguier est coupable, que par le Parquet qui, fait rarissime, fait appel du premier procès de 2009 qui innocentait Jacques Viguier ; c’est un comble ! Pas de quoi réconcilier les français avec l’appareil judiciaire.
Mais, le film se termine avec beaucoup de brio et de panache avec l’impérial et savoureux plaidoyer d’Olivier Gourmet qui, comme avocat de la défense, incarne Eric Dupont-Moretti ; un vrai défi ! il sauve la justice prête à commettre une éventuelle erreur judiciaire en rappelant à tout ce petit monde qu’on ne peut pas envoyer quelqu’un derrière les barreaux sans preuves formelles. C'est pourtant simple, mais pas évident pour les magistrats et pour le procureur, semble-t-il. L'avocat met toutes ses espérances dans le bon sens des jurés, les mettant en garde contre la subtile distinction entre ‘juger’ et ‘rendre la justice’ ! tout un programme.
Et c’est le Happy End libérateur avec l’acquittement du prévenu Jacques Viguier. Ouf ! les spectateurs quittent la salle satisfaits. Sans ce ténor du barreau, le prévenu était mal parti !
Marina Foïs, dans le rôle de Nora, l’amie de Suzanne, la femme de Jacques Viguier qui est accusé de son meurtre, croit mordicus en l’innocence du prévenu, avec opiniâtreté jusqu’à rentrer en conflit avec l’avocat et nous offrir des scènes où ce dernier surjoue, à de trop nombreuses reprises, au risque de caricaturer à l’excès Eric Dupont-Moretti.
Globalement, ce film est une réussite en ce sens qu’il démonte sans ménagement les faiblesses de l’appareil judiciaire et des procédures policières, lorsque ces institutions ne font pas correctement leur travail et piétinent la présomption d’innocence, ce qui en l’absence de preuves est criminel.
Mon 'intime conviction', c’est que ce long métrage a le grand mérite de montrer sans ménagement la société telle qu’elle est et non telle que nous souhaiterions qu’elle soit. C’est un constat navrant mais réaliste.
Je lui mets un 3/5, et non un 4/5, en raison de ses trop grandes faiblesses sur le plan technique : un son très médiocre, des prises de vue moyennes et trop sombres, des longueurs, des plans brutalement coupés sans justification apparente, du remplissage sans intérêt, en bref une architecture de téléfilm pour une oeuvre qui aurait mérité une ossature plus solide.
Mais, il faut voir ce film pour se créer son 'intime conviction' !