Avis : Guy - Page 5

A partir d'un concept original, à savoir filmer un faux documentaire sur une gloire vieillissante de la chanson française, se tisse un récit en mise en abyme réfléchissant à la filiation au sens large du terme ainsi qu'à la célébrité tout en peignant le portrait d'un artiste incarné d'une manière bluffante par Alex Lutz qui amène une touchante mélancolie à ce drame non dénue d'un humour acerbe et ponctué de musiques intelligemment écrites pour refléter leur supposée époque de composition. Dénués de didactisme, les dialogues nous laissent deviner par touches les véritables sujets, en toute subtilité. Une incursion réussie entre sphère publique et sphère privée!

Avec son film Guy, Alex Lutz parvient à réaliser la prouesse de créer de toutes pièce un personnage et de lui donner vie avec un réalisme et une justesse incroyables. De l'écriture au jeu d'acteur, en passant par le maquillage, la mise en scène et bien évidemment la musique, absolument TOUT est parfait pour nous faire croire à l'existence de Guy Jamet, chanteur à succès des années 60. Le film se trouve alors bouleversant dans sa capacité à retranscrire les émotions de son personnage, qui se livre face à la caméra, spoiler: face à un fils dont il ne connait pas l'existence
. Les personnages secondaires semblent presque creux, tant celui de Guy est vivant et vivace. Mais il sera difficile de ne pas verser une larme devant ce bijou de cinéma.

Amateur des films d'Antonioni, Godard et Apichatpong Weerasethakul, je me voyais mal apprécier Guy d'Alex Lutz... Les bonnes critiques m'ont tenté. Et effectivement, c'est un film tout à fait passionnant. On peut saluer, comme cela a été beaucoup fait, la performance du comédien, la dextérité du maquillage et le savant mélange de nostalgie et de tendresse. Mais ce serait oublier d'autres qualités, particulièrement les dialogues incroyablement justes, la mise en scène et le jeu des seconds rôles et figurants. Je ne me souviens pas avoir vu un film qui génère un "effet de réel" aussi fort,... alors que tout y est faux... Et cette véracité nous montre des univers qu'on parcourt tous d'année en année et qui ne sont quasiment jamais montrés au cinéma (une petite maison du sud, les voyages en car, etc.), du moins, jamais ainsi. L'ensemble se dédouble dès lors qu'on sait que c'est un film "méta", une construction cinématographique sur un être lui-même fictif. En cela, le scénario est très bien construit, et imposait des dialogues les plus véraces possibles et une maîtrise des détails au premier plan comme à l'arrière plan. C'est d'ailleurs ce caractère "méta" qui nous convainc de subir une série de chansons populaires un peu ridicules et leur lot de vidéos tout aussi idiotes. En tout cela, le film est une très belle réussite.

Assurément la bonne surprise de la rentrée avec une interprétation brillantissime d'Alex Lutz, campant une ancienne star soumise aux vicissitudes du temps, de la fin de carrière. Touchant et tellement bien joué ! C'est léger tout en étant grave et dramatique. Et puis, c'est bien filmé souvent en gros plans pour mieux mettre en valeur les sentiments et les expressions magnifiquement rendus par Alex Lutz qui démontre ici l'étendue de son talent de comédien et de metteur en scène. Bravo !

« Guy » est un film « à la manière de… » réussi selon moi. Guy Jamet est une ancienne vedette de la chanson des années 60, 70 80. Un contemporain de Claude François, d’Herbert Léonard, de Michel Delpech, d’Hervé Vilard et j’en passe. « Guy » est un concassé de ces chanteurs qui ont eu le bonheur de connaître que 3 chaînes de télévision et 4 stations de radio qu’ils ont régulièrement mobilisées. Puis peu à peu ils s’effacent devant les radios libres, les nombreuses chaînes du câble, du satellite. Guy Jamet aurait pu exister ou alors il existe à travers ces chanteurs relégués, dépassés par les firmes musicales business ; qui n’ont pas su se renouveler faute de fans supplémentaires et qui résistent en proposant des tubes anciens qu’ils croient à tort ou à raison indémodables. Plutôt à raison. Combien sommes-nous parfois à nous surprendre à siffloter ou à fredonner une mélodie simple ? Une mélodie qui, en son temps nous polluait notre journée. Un mélodie nunuche avec des paroles niaises, naïves, simples. Et pourtant, Joe Dassin disait combien il était difficile d’écrire une chanson soi-disant « simple ». La plupart du temps, ces chansons « simples » étaient des succès. Avec le temps, avec l’âge, sans qu’on s’y attende, sans même l’expliquer, une chanson simple vous frappe soudainement l’esprit parce qu’elle évoque une situation précise. Cette chanson ranime la mémoire, et devient par la grâce de l’âge lourde de sens. Une chanson cruellement rattachée à votre jeunesse. Alex Lutz nous créé un personnage, un chanteur avec tout son historique ; sa période cheveux longs, moustache etc. On oublie que l’on est devant un personnage de fiction. C’est comme l’acteur réalisateur, on l’oublie tant son personnage, tant ce vrai faux documentaire est d’un réalisme troublant. C’est un film empreint d’une douce et amère mélancolie. La tirade de fin est bouleversante de vérité. Avoir fait la « Une » durant tant d’années, avoir donné du bonheur à tant de fans, avoir des chansons qui font partie de la mémoire collective, avoir été un nom, est-ce l’assurance d’être inscrit dans l’éternité ? Est-on sûr que Nino Ferrer, Alain Chamfort, Robert Charlebois, Adamo voire même Johnny Hallyday, Michel Sardou ou Serge Lama, Charles Aznavour seront cités dans 300 ans ? 300 ans c’est ce qui nous sépare de Beethoven, de Mozart, De Haydn, de Bach par exemple. Leurs oeuvres perdurent. Pour combien de temps encore ? Mais que pèseront ces chanteurs comme Guy Jamet qui recyclent leurs succès sur des paquebots, dans des salles intimes, qui bataillent pour refuser l’oubli, dans 300 ans ? Même dans cent ans ? Un film sur l’identité, sur la mémoire, sur l’héritage, sur la trace que l’on veut laisser. Sur l’humilité aussi.

J'ai bien aimé ce film original, avec un acteur excellent, et donc le scénario pseudo-biopic explore à fond tous les recoins possibles du genre mais sans jamais être excessif. Il y a surtout beaucoup d'humanité dans les personnages. A voir sans hésitation.

Sur le papier et devant le thème déjà maintes fois abordé au cinéma, je n'étais pas vraiment tentée. Mais à lire toutes les critiques élogieuses ici et là, et devant le désert de propositions cinématographiques dans ma salle de ciné, j'y suis allée. Bien m'en a pris. J'ai été immédiatement sous le charme, tant de la forme (montage serré, alternance de pauses, scènes de la tournée, flash-backs, variété des situations) que du fonds (personnages attachants et vrais, émotion, humour). Les acteurs sont excellents. Les scènes sont étonnantes de "vérité" et le maquillage d'Alex Lutz vieux (on a rarement vu aussi bien dans le genre) se fait vite oublier. Touchant. Touchée. Longue vie à la carrière de scénariste/acteur/réalisateur d'Alex Lutz.

L'histoire d'un chanteur populaire ayant connu ses heures de gloire dans les années 1970 et continuant à sillonner la France, de gala en gala, pour un public nostalgique. Très bonne surprise. Le genre du film, faux documentaire et vrai pastiche, est original dans le paysage du cinéma français. Mais au-delà des bonnes intentions, la réussite est effective. Tout est crédible et juste : la caractérisation des personnages, la performance d'acteur d'Alex Lutz (énorme), son maquillage (étonnant), la composition de chansons et de clips spécialement pour le film (formidable)... Le récit trouve une tonalité singulière, d'une drôlerie touchante, jamais bouffonne ni méprisante. Et même si ça patine un peu sur la fin, il y a là une inspiration vraiment convaincante et réjouissante.

C’est un bon film, un « OFNI : objet filmé non identifié» comme je l’ai entendu dire parmi les critiques à sa sortie en Avant-première. Alex Lutz est tout bonnement extraordinaire et déjà, je vois mal comment le César du Meilleur Acteur pourrait lui échapper. Le seul bémol c’est la durée qu’on aurait facilement pu réduire de 20 minutes en supprimant les ¾ des reprises du tube de l’idole qui finissent par nous entêter.

Étonnant dans le style faux reportage ça tient vraiment la route . J étais j avoue un peu sceptique avant de la voir je trouvais ça un peu narcissique mais la réalisation et les comédiens sont convaincants.

J’avoue, je suis tombée dans le panneau : pendant un certain temps après avoir vu la bande-annonce et la campagne publicitaire lancée par les cinémas strasbourgeois, j’ai cru à l’existence réelle de Guy Jamet. Je me demandais comment j’avais fait pour, à mon âge, rater cet homme et surtout son tube « Dadidou ».

Bon .. au moment d’aller voir le film j’avais compris que c’était un faux documentaire. Le début ressemble à un documentaire avec l’inclusion de pseudo vieilles images, mais le film fait ensuite penser à ces vidéos furtives familiales, lorsqu’on filme les gens qu’on apprécie.

Le coup de maître d’Alex Lutz est double : parvenir à faire croire à l’existence de son personnage ; créer de toutes pièces et de façon très crédible un personnage dans sa singularité très détaillée, réaliste et originale. Guy Jamet, non seulement a de la voix, mais il a un humour qui lui est propre, une nonchalance désabusée et tendre, beaucoup de finesse.

On finit par être touché par ce chanteur des années pop, à présent septuagénaire avec un passé de crooner. Mais Guy Jamet est toujours plein de ressources.

Des surprises attendent le spectateur tout au long du film, je ne citerai que l’interprétation pleine de sensibilité d’une chanson de Charlebois.

Mention spéciale aux compositeurs Vincent Blanchard et Romain Greffe, dont la chanson principale aurait pu être un tube et me trotte encore dans la tête.

Vous l’aurez compris, ce film est un coup de coeur.

Mon blog : larroseurarrose.com

Un film touchant et singulier! A l’image de l’univers d’Alex Lutz qui sait à merveille incarner des personnages auquel souvent personne ne s’intéresse. Ici sa performance est époustouflante ! Bien au delà du maquillage, qui est incroyable de vérité, c’est tout son jeu, ses intonations, ses hésitations, ses réparties qui nous touchent et nous emportent.
Le film a un rythme lent, décalé par rapport à tout ce que l’on voit d’habitude. On pourrait se dire que le film est désuet mais il nous touche peut à peu jusqu’au cœur.
Une vraie réussite à tous les niveaux.! A ne pas manquer ! car très original , intelligent, tendre, drôle et poignant !

Le second long-métrage d’Alex Lutz possède un indéniable souffle d’originalité dans le paysage cinématographique français. En effet, il s’agit d’un film novateur dans sa construction narrative, mélangeant le faux documentaire, la comédie musicale et la réflexion cynique sur le temps qui passe. Mais que dire de la prestation hors norme du réalisateur dans ce rôle de vieux chanteur de variété ayant connu son heure de gloire dans les années 1960 ? Le César du meilleur acteur en 2019 est absolument mérité tant il parvient à rendre crédible l’existence réelle de ce crooner désabusé. Bref, une comédie fraîche et attachante.

Quelle performance d'acteur d'Alex Lutz dans ce "Guy" scellent. Ce faux documentaire sur une ancienne gloire de la chanson française (Guy Jamet) est remarquable, tant il alterne humour, émotion et nostalgie Alex Lutz, également à la réalisation, campe à merveille ce personnage de 74 ans qui se fout des diktats de la société et de son époque (sans jamais tomber dans le côté réac). La gouaille dont Guy Jamet fait preuve est hilarante et l'on peut penser que certaines de ses répliques vont devenir cultissimes. On découvre également la voix et le talent d'Alex Lutz à travers ses tubes. Le film français de cet été, sans nul doute.

Joli film. Traitement original et assez magistral. Pour les baby boomers, l'existence de Guy, crooner des années 70, est l'incarnation même de cette génération idéaliste, vaguement anarchiste et si terriblement désabusée aujourd'hui. Bravo à Alex Lutz, d'abord pour sa performance en vieillard de charme, mais aussi pour avoir restitué ce moment avec lucidité et élégance. Le fils inconnu filme le père qui s'ignore pour le connaître, voire pour le caricaturer, dans une sorte de vengeance qui ne dit pas son nom. Mais la tendresse s'installe, la compréhension et la complicité gagnent à chaque instant du terrain. Le texte off de la fin est magnifique, ode à cette humanité poignante et dérisoire qui devrait ne pas oublier qu'elle est faite du lien permanent entre les générations. La musique, la nostalgie du Grand Amour, la fête, l'enthousiasme, la perte, le temps qui passe, la légère misanthropie comme antidote aux désillusions. Oui, vraiment un joli film.