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    Le Traître
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    Stéphane R
    Stéphane R

    19 abonnés 324 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 20 décembre 2020
    Bon film. Surtout en complément de l'excellent documentaire en 2 parties "Corleone le parrain des parrains" que l'on peut voir sur le site d'Arte, oû transparaît cette notion très frelatée d'"hommes d'honneur". Le film est plus centré sur Buscetta. Ce contrepoint est intéressant. Voir qu'il est possible, non sans coût ni sans courage, de s'extirper des tentacules de la pieuvre
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    3 480 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 30 juillet 2020
    Je suis entièrement d'accord avec les autres critiques sur l'excellent jeu d'acteur de Favino. Très dévoué, très suggestif c'est un grand acteur en effet. Cependant l'intrigue, la scénarisation était assez médiocre, la réalisation également fragmentée lourde avec des scènes contraignantes et forcées (cauchemars, etc.). Je n'aurais jamais pensé qu'un film mafieux m'ennuierait autant car c'est d'un ennui impossible a décrire. Des conversations sans fin sans aucune valeur avec des contenus que seuls les historiens-spectateurs les plus informés pourraient pleinement saisir. Que s'est-il passé avec l'interrupteur à clé avant l'explosion ? Quelqu'un peut-il expliquer ? Merci. Aussi pourquoi Falcone était-il barbu ? Bien que joué par un bon acteur il ne ressemblait en rien au vrai Falcone. Quel ennui ce Le Traître...
    mat niro
    mat niro

    306 abonnés 1 727 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 28 novembre 2019
    Ce film retrace le parcours d'un membre de la Cosa Nostra, Tommaso Buscetta, qui va collaborer avec le juge Falcone pour faire tomber les siens. Cette fresque historique est assez ardue à suivre, vivant la repentance du héros à travers des procès variant dans le temps. J'ai trouvé cela un peu dommage car on perd un peu le fil conducteur de la vie de cet homme mi-ange/mi-démon. L'ensemble repose plus sur un portrait d'homme tourmenté (formidable Pierfrancesco Favino) qu'un film sur le milieu, même s'il y en est beaucoup question.
    rogerwaters
    rogerwaters

    128 abonnés 1 089 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 novembre 2019
    Inspiré de la vie du repenti Buscetta, Le traître signe le grand retour de Marco Bellocchio, cinéaste protéiforme qui nous a déjà comblé durant plusieurs décennies. Il se retrouve ici à la tête d’un grand film sur la mafia ou plutôt Cosa Nostra de son véritable nom. L’avantage par rapport aux autres films sur cette organisation vient du fait que Bellocchio n’idéalise jamais les truands dont il décrit le mode de vie. Contrairement aux œuvres ambigües des italo-américains comme Coppola ou Scorsese, Le traître ne cherche jamais à montrer l’organisation sous un jour positif. Il fait même de Buschetta une sorte de héros qui a l’intelligence d’évoluer par rapport à des traditions issues d’un autre temps. Au nom de l’idéal chevaleresque déclaré par ses membres, il choisit de coopérer avec la justice et notamment avec le juge Falcone, présenté ici comme un homme droit et juste.
    Ce point de vue, encore controversé en Italie, a le mérite de renverser la table en faisant d’une balance un homme comme un autre, avec ses doutes, ses certitudes et surtout son propre code moral. Le tout est tourné avec efficacité par un Bellocchio qui s’est régalé lors des séquences de procès, très drôles. Il manie avec maestria plusieurs registres, du drame à la comédie en passant par le thriller pur et dur, et même la tragédie lors de quelques séquences mémorables. Le tout est joué à merveille par des acteurs inspirés. Les 2h30 ne doivent pas effrayer les spectateurs tant elles passent vite.
    Cinémonde
    Cinémonde

    134 abonnés 1 421 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 mars 2023
    J’avoue ne pas connaître ni le réalisateur, ni l’histoire qui a inspiré le film mais le synopsis m'a interpelé. Et bien heureusement, car j’ai trouvé ce film vraiment très bien et très complet dans son propos; il peut paraître un peu barbant mais le scénario est vraiment intéressant et la mise en scène nous plonge dans un univers.

    L’histoire traite d’un sujet vraiment intéressant et il me semble ne pas avoir vu cet aspect souvent : en l’occurrence, “l’après arrestation” d’un trafiquant, on l’accompagne durant toutes ses épreuves, que ce soit personnelle, familiale ou juridique. Certes, il y a pas mal de moments de mou mais l’ensemble du film est quand même très prenant. Par contre, par définition de ses actes, le protagoniste n’est pas hyper attachant et il y a une certaine distance entre lui et le spectateur ; mais suivre son histoire est quand même passionnante. Globalement, dans sa narration, le film est excellent mais simplement, l’empathie pour le personnage principal se fait difficilement.

    La réalisation est un réalisme assez déconcertant ; je me suis vraiment trouvé en immersion dans le monde de Tommaso Buscetta. Ce qui est particulièrement bien réalisé, c’est avant tout le fait qu’on le suive constamment par des mouvements de caméra ou un cadrage le plus souvent resserré sur lui. Le montage rend également l’histoire encore plus immersive et rend le tout très stimulant et énergique ; en tout cas, il est vraiment très bien rythmé. Évidemment, les décors sont impeccables et sont bien présentés et sont palpables ; ce qui accentuent la plongée dans l'univers du protagoniste. Mais ce qui est le plus marquant, c’est surtout la musique qui est très belle et poétique à des instants mais peut aussi être oppressante et agressive. En bref, la mise en scène est très bien gérée sur tous les aspects, qu’ils soient à l’image ou au son.

    Donc rien d’étonnant si je recommande ce film car l’histoire est très prenante et le sujet vaut le coup d’être approfondi (malgré quelques moments d’ennui) et la réalisation est stimulante et nous offre un excellent montage.
    Bernard D.
    Bernard D.

    100 abonnés 605 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 19 novembre 2019
    « Le traitre » de Marco Bellocchio raconte l’histoire de Tommasso Buscetta, un mafieux sicilien qui du fait d’une guerre entre les différents clans de la Casa Nostra aboutissant à de nombreux règlements de comptes dont 2 de ses frères, a choisi de partir à Rio de Janeiro … où il continue d’exercer son commerce et devient « le boss des 2 mondes » entre la Sicile et l’Amérique du Sud. Suite à un mandat d’arrêt international, il est arrêté et extradé en Italie où il va rencontrer le juge Falcone et devenir « non pas un repenti mais un homme d’honneur estimant que c’est la Casa Nostra qui a failli aux règles de l’honneur en tuant ses frères » !
    Ce film est intéressant car il montre l’immense travail de fourmi qu’a dû fournir le juge Falcone pour aboutir au Maxi-Procès qui s'est tenu en Sicile de février 1986 à décembre 1987 et au cours duquel 475 mafieux ont été condamnés ! Le juge Falcone en sera d’ailleurs aussi une victime puisque assassiné à Palerme en mai 1992.
    A mon sens ce film est trop long (2 h 31 min) et il insiste trop de façon quasi-documentaire (avec d’ailleurs des extraits d’archives) sur les procès avec toutes les injures entre les différents clans d’accusés et les juges … alors qu’il ne développe pas assez le lien de confiance qui s’est créé entre Buscetta et Falcone au point que le Mafieux « trahisse » son clan même s’il y a eu un compromis faisant que Buscetta repartira en Amérique, toujours hyperprotégé mais toujours aussi aux aguets, et finira par mourir de sa belle mort à l’âge de 71 ans !
    Dommage car on aurait aimé en savoir plus sur cet accord entre 2 hommes radicalement opposés, mais que symbolise une poignée de mains.
    Les choix de pauline
    Les choix de pauline

    112 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 novembre 2019
    Un Film inégal.
    L’histoire est très intéressante mais je n’ai pas trouvé que les ressorts psychologiques soient très bien incarnés et approfondis. On a du mal à comprendre la progression du personnage. Même s’il peut être intéressant que le personnage reste insondable, ici c’est plutôt le montage du film qui rend la progression de l’intrigue confuse et survolée. Dommage notamment que la relation entre le mafieux et le juge Falconne soit caricaturée et superficielle.
    Par contre les scènes de procès sont génialement reconstituées, ubuesques à souhait. Une vraie réussite à ce niveau là.
    Mais j’aurai aimé plus d’ambiguïté du personnage , un approfondissement de l’étude des relations entre le juge , les flics et le repenti.
    Un film à voir quand même pour se remémorer cette affaire incroyable.
    In Ciné Veritas
    In Ciné Veritas

    82 abonnés 922 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 novembre 2019
    Le traître concourait légitimement en mai dernier à obtenir la Palme d’or. Comme ses prédécesseurs, ce septième film de Marco Bellocchio présenté dans la sélection officielle du Festival de Cannes n’a apporté aucun prix à son auteur. Pareil constat nous interroge sur l’absence de récompense à destination de Pierfrancesco Favino, impeccable interprète de Tommaso Buscetta, personnage incontournable et omniprésent du film. Ainsi, malgré ses qualités indéniables, l’œuvre cinématographique de l’auteur de Vincere (2009) n’a été reconnue à Cannes qu’en 1980 par l’obtention d’un double prix d’interprétation à l’adresse d’Anouk Aimée et Michel Piccoli, duo principal du Saut dans le vide. Par sa monumentalité et son ampleur, la fresque déployée dans Le traître aurait dû venir épaissir cette bien maigre reconnaissance. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com/2019/11/04/le-traitre/
    montecristo59
    montecristo59

    34 abonnés 288 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 22 janvier 2020
    Pierfrancesco Favino est pour le moins magistral en traître magnifique cheminant vers les renoncements, voire vers une forme d'humilité. Bellochio nous donne d'un pan crucial de l'histoire récente de son pays un aperçu sans concession, où notamment les aspects "grand Guignol" des procès des mafieux sont assez bluffants. La "cosa nostra" y perd toute forme de prestige, même si son pouvoir de nuisance explose et nous cueille au plexus quand elle s'attaque au juge Falcone. Très édifiant mais un peu long à mon sens, quand même...
    L'homme sans nom
    L'homme sans nom

    142 abonnés 899 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 11 octobre 2023
    Excellent biopic sur un grand ponte de la mafia sicilienne qui, arrêté et voyant sa "famille" décimée par les Corleone, decide de dénoncer tous les membres la casa nostra. 2h30 sans vraiment de temps long, un récit très instructif bien mis en scène et interprété. Certaines scènes, notamment tout le maxi-procès, sont brillamment réalisés. Après avoir vu des films de mafieux, voilà comment prendre du recul sur toute une époque pas tellement fantasmée !
    Spider cineman
    Spider cineman

    117 abonnés 1 819 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 avril 2023
    Film de mafia, c est surtout inspiré d un fait réel, un repenti qui a fortement impacte l organisation par ses témoignages. On rentre dans le système, la famille et la psychologie. C est suffisamment bien réalisé et interprété et moins romance pour être prenant.
    Barry.L
    Barry.L

    20 abonnés 136 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 novembre 2019
    Quelle année ! Après une année 2018 assez terne en cinéma, 2019 enchaîne les grands films. Il n’y a qu’à comparer les deux éditions cannoises. Là où la sélection 2018 n’avait rien de bien passionnant (à part une nouvelle fois les Asiatiques avec Kore-Eda et son ‘’Affaire de famille’’ et Lee Chang-dong et son ‘’Burning’’), la sélection 2019 était riche en films de qualités. Une année qui fait la part belle au cinéma de genre. Car deux des meilleurs films de la compétitions : la palme ‘’Parasite’’ et ‘’Le traître’’ s’apparentent tous les deux à deux types de polar différents : là où le premier s’apparente au thriller horrifique, le second est un pur film de gangster et de procès. On ne peut que se réjouir de voir de grands metteurs en scène faire triompher le cinéma de genre en 2019. mais qu’en est-il donc de ce traître ?

    L’action se passe d’abord à Parme au début des années 80. la Cosa Nostra règne en maître. Mais au sein de celle-ci, une famille, les Corléonais va réussir à s’imposer et fait alors massacrer ses opposants. Tommaso Buscetta, membre de cette mafia, accepte de livrer les grands noms qui dominent Cosa Nostra à l’incorruptible juge Falcone pour protéger sa famille.

    Ça commence en effet comme un grand film de gangsters avec les codes que l’on connaît. Mais cette partie là, Bellochio semble vouloir vite l’évacuer pour se concentrer uniquement sur son personnage principal. De fait, cela explique l’irruption quasi-immédiate dans le film de la violence. Le début du film, c’est un ‘’Parrain’’ en bien plus rapide, en bien plus expédié. Tout s’ouvre d’abord sur une scène de fête où tous les mafieux sont réunis. Beaucoup de personnages peuplent ce film, mais peu importe : Bellochio par la suite, en conteur hors pair ne perdra jamais le spectateur dans ce dédale pourtant très complexe d’intrigues, de manigances et de machinations. Bien entendu, comme dans tous les films de gangsters, cette fête est illusoire et ne peut cacher plus longtemps les terribles actes de cette organisation. La violence va très vite nous engloutir avec une série de séquences aussi dures que virtuoses. Le boss de Parme décide de faire assassiner tout ceux qui peuvent le gêner. Là encore, cette série de scènes (qui d’habitude a lieu plus tard dans ce genre de films) arrive de façon fracassante au début du film. Mais la violence extrême de ces moments est décuplée via une simple mais efficace idée de réalisation : un compteur de secondes qui n’apparaît ‘’que’’ pendant les meurtres. Dès lors, le spectateur redoute l’apparition de ce compteur car Bellochio filme de manière crû ces meurtres. Cela ne l’empêche pas de sublimer sa mise en scène à travers de beaux clairs obscurs. Après ces meurtres, la tension très vite amené, ne faiblit pas. Buscetta fuit au Brésil mais est retrouvé et extradé.

    Commence alors, de retour en Italie la deuxième partie du film. On serait tenter d’y voir une quête rédemptrice : Buscetta va grimper dans notre estime à mesure que l’on découvre la pourriture qu’il dénonce. Mais, on le verra, le mot rédemption et même le terme de repenti ne sont pas pertinents pour dresser le profil de Buscetta. La décadence est toujours au coeur de cette deuxième partie, plus bavarde. Bellochio dresse une brochette de gangsters qui n’ont plus rien à voir avec les personnages victimes du destin dans ‘’Le Parrain’’ : il n’y a plus chez les accusés cette ‘’grandeur’’ dans la saloperie que l’on pouvait trouver chez d’autres gangsters. Non, Bellochio se dirige volontiers vers la commedia dell’arte et la bouffonnerie italienne pour décrire toute la vulgarité de ce monde débauché qui se croit au dessus des lois. Ce qui ne l’empêche pas paradoxalement d’adopter par moment une élégance toute viscontienne (période ‘’Les damnés’’) pour montrer qu’une page se tourne dans un milieu en pleine décadence dégénérescente. Une partie plus bavarde certes mais totalement incarnée et qui ne s’éloigne pas de l’extrême violence qui semble dorénavant permanente. Les meurtres qui peuplent cette deuxième partie sont plus rares : la terreur inspirée par leur représentation n’en est que plus amplifié. spoiler: Entre l’explosion de la voiture de Falcone (vertigineuse scène où la caméra reste à l’intérieur de la voiture) et les horribles scènes de strangulation des fils de Buscetta, la violence semble aussi être dans la rue. Une rue où le peuple manifeste pour défendre les condamnés qui leur offrent du travail (on peut lire sur une pancarte : ‘’mafia = travail’’).


    Mais le milieu mafieux sert souvent de prétexte pour sonder la noirceur de la nature humaine. Des films où un homme comme tout le monde devient un monstre de pouvoir, ça on connaît. A l’inverse, des films sur la rédemption d’un homme qui au départ était malfaisant, ça aussi, on en a vu. Non, le brio de Bellochio s’illustre à travers le portrait de Buscetta qui non seulement n’est pas manichéen, mais en plus, dépasse même la question du bien et du mal. Bien entendu, il y a un héros dans le film (pas au sens de personnage principal) : Falcone. spoiler: Grande figure de la justice, incorruptible, Falcone deviendra un martyre dont la mort décuplera la volonté de Buscetta de dénoncer les membres de Cosa Nostra
    . Et des ‘’méchants’’ aussi, il y en a. Dans la grande tradition des films de procès sur la mafia, les accusés sont des êtres détestables, que Bellochio déshumanise en les comparant à des tigres blancs, puis à des hyènes (qui se rient de la justice). Mais ces protagonistes, aussi intéressant soient-ils, on les a déjà vu. Pas Buscetta, personnage passionnant qu’on a finalement assez peu croisé au cinéma. Il y a la première vision, classique que peut avoir le spectateur sur cet homme. Buscetta semble dans un premier temps dénoncer des membres désormais incontrôlable pour protéger sa famille. Ce simple sentiment suffit en partie à sauver le personnage, spoiler: lequel tiendra difficilement le choc en apprenant les circonstances exactes et épouvantables de la mort de ses deux fils (le personnage est aussi rongé par la culpabilité de ne pas avoir forcer ses deux fils à l’accompagner au Brésil)
    . Il y a la deuxième vision, toujours assez répandu dans ce type de film. Il s’agit ainsi d’explorer les liens très forts qui peuvent exister entre le justicier et le gangster. Cette question a déjà offert pleins de films (en vrac ‘’Heat’’ de Michael Mann ou encore ‘’American Gangster’’ de Ridley Scott). Si Bellochio n’en fait pas le coeur de son film, la relation Buscetta/ Falcone est bel et bien explorée. Ceux sont deux être opiniâtres, qui savent à quoi ils s’attaquent. Deux hommes qui finissent par s’estimer et se respecter, tant ils sont peut-être les derniers hommes d’honneur qui peuplent ce film. Deux hommes enfin qui, s’ils risquent leur vie, compte bien mourir tranquillement et paisiblement dans leur lit spoiler: (la vie a ceci de romanesque que les bons ne triomphent pas toujours et que les moins bons peuvent survivre : c’est ce qui se passera, Falcone périra rapidement tandis que Buscetta s’éteindra calmement)
    . Mais à cette vision vient s’ajouter une troisième vision du personnage (oui, Buscetta est probablement l’un des protagonistes les plus intéressant que le cinéma nous ait offert en 2019). cette vision nous empêche d’avoir une opinion définitive sur cet homme. Certes, le personnage devient un héros en brisant l’omerta. Certes, Bellochio nous le rend sympathique. Mais au fond, quelles sont ses intentions réelles ? La réponse, Bellochio nous la délivre au détour d’un dialogue entre Buscetta et Falcone. Buscetta ne se prend pas pour un traître. Se considérant lui-même comme un simple soldat, Buscetta s’en prend à ceux qui, selon lui ont vraiment trahi Cosa Nostra. Dès lors, le personnage, pourtant très humain prend une dimension quasi-mythique. Tel Némésis, Buscetta s’attaque à ses supérieurs et dénonce leur hybris et leur démesure. C’est la raison pour laquelle il se refuse le titre de repenti : pour lui, ceux ne sont pas les hommes comme Falcone qui sont responsables du déclin de Cosa Nostra, mais bien les leaders actuels de celle-ci, opportunistes et assoiffés de pouvoir. Si, sur le fond, Falcone a raison quand il dit que la bonne mafia n’existe pas, Buscetta défend l’idée d’une Cosa Nostra unie, ou chacun doit se mettre au service de cette organisation. Organisation qui ne doit pas servir de tremplin à des fous furieux pour accéder au pouvoir. Parmi ses adversaires, on trouve notamment Toto Riina (dit ‘’le fauve’’), homme sans foi ni loi, trahissant et assassinant à tout va. spoiler: Le plan final à lui seul montre bien que Buscetta n’est rien d’autre que l’incarnation d’une mafia ‘’à l’ancienne’’, qui avec l’arrivée au pouvoir des Corléonais est enclin à disparaître. ‘’Cosa Nostra est patiente’’ dit Buscetta dans le film. Quand Buscetta, des décennies plus tard parvient à abattre l’homme qu’on lui avait ordonné d’abattre lors de sa jeunesse,
    le spectateur comprend définitivement que Buscetta est Cosa Nostra. A ce titre, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle entre Buscetta et l’oncle Teng, personnage présent dans le magistral diptyque ‘’Election’’ de Johnnie To, sur les triades hong-kongaises. Les deux hommes se dévouent tout entier à la cause de leur organisation mafieuse et détestent par dessus tout voir émerger une quelconque individualité au sein de la mafia. Deux ‘’idéalistes’’ de la mafia qui ne pourront finalement rien pour empêcher des monstres de pouvoir d’occuper les plus hautes places et trahirent tous leurs idéaux. Leur échec à maintenir un semblant de noblesse dans leur organisation respective ( spoiler: Buscetta va vivre aux Etats-Unis tandis que Teng est assassiné par un assoiffé du pouvoir
    ) lient indirectement dans ce qu’ils décrivent ‘’Election’’ et ‘’Le traître’’ : le chant du cygne d’un pouvoir mafieux, trop déchiré en son sein pour durer. C’est bien connu, une mafia a plus tendance à se détruire de l’intérieur que de l’extérieur. En ce sens, Buscetta est l’un des derniers romantiques de Cosa Nostra face à une bande de dégénérés.

    ‘’Les traîtres’’ aurait donc été un titre plus approprié que ‘’Le traître’’ tant les responsables de Cosa Nostra et leur comportement sont bien ceux qui ont causé la ruine de Cosa Nostra. Bellochio réalise un film qui n’a pas à rougir de Coppola ni de Visconti. On peut se demander comment le Jury de Cannes a-t-il pu oublier le film. Lequel aurait mérité n’importe quel prix (un palmarès avec ‘’Parasite’’ comme Palme et ‘’Le traître’’ comme Grand Prix aurait eu bien plus de gueule).
    Adelme d'Otrante
    Adelme d'Otrante

    150 abonnés 1 027 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 5 novembre 2019
    Loin de la mafia fantasmée par les réalisateurs américains, l'italien Bellochio nous offre une vision brute, rigoriste et documentée de Cosa Nostra. Autrefois homme d'honneur, avec du sang sur les mains, Buscetta dégoûté par les dérives des familles corléanaises décide de couper les branches pourries de l'arbre en permettant au juge Falcone de mettre en place le procès du siècle. S'aidant d'images d'archives et d'une mise en scène brute le réalisateur nous raconte un monde qui disparait où les codes ancestraux ont laissé la place à l'argent facile du trafic de drogue et à la barbarie du Parrain des Parrains, Toto Riina. Le vieux cinéaste italien signe ici le film définitif sur la mafia sicilienne.
    Victor A.
    Victor A.

    53 abonnés 388 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 27 mai 2019
    Après 30 minutes laborieuse, le film deviens très interessant. Porté pas un acteur principal génial, le film est un film de procès assez classique mais un procès très plaisant à regarder. Il dure 2h30 mais on ne les vois pas forcément passer.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    588 abonnés 2 765 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 mars 2020
    Le Traître réussit à brosser le portrait d’un personnage qui ne se laisse pas complètement saisir et que deux heures trente-sept minutes explorent sans épuiser ni jamais circonscrire : ses actions demeurent imprévisibles, elles sont subordonnées à une intériorité à laquelle nous n’avons accès que par leurs manifestations extérieures, c’est-à-dire les crimes, les déclarations au tribunal, les coups de reins donnés dans un lit. D’où l’obsession du regard comme motif ambivalent : il n’est plus cette fenêtre de l’âme, ou s’il l’est encore, c’est à une âme duplice qu’il renvoie, une âme maudite et capable de se parer de divers masques en fonction des situations. Il faut regarder le traître en face, droit dans les yeux, nous répète-t-on à tout bout de champ ; le regard est la réalité, et pour cela on cite Michel Butor. Or, Marco Bellocchio atteste le divorce entre apparences et réalité, orchestrant dans la première partie de son film une suite de réunions familiales ou amicales qui virent au massacre. De même les séquences de procès empruntent-elles leur forme à l’opéra bouffe issu du théâtre italien : les voix sont portées haut, les quiproquos s’enchaînent, les menaces de mort devant l’audience n’y font rien. Le traitement réservé à la violence subit également cette dégradation comique : une femme est tenue par les cheveux et les poings au-dessus de la mer, un compteur se transforme en chronomètre qui se stoppe net quand le mafieux suivi par la caméra est mis hors-jeu. Le Traître recourt au grand-guignolesque comme une tonalité apte à engendrer une forme-caméléon, un laboratoire où se décantent les actions et les sentiments de Tommaso Buscetta. Nous sommes constamment sur le point de glisser dans l’onirisme, et pourtant le cinéaste veille à entrelacer les réalités et les temporalités de sorte à broder un tissu complexe et irréductible. Cette opacité dialogue avec celle du personnage principal, à la fois vengeur et père de famille, traître et repenti. En conciliant les contraires, Bellocchio dit l’ambivalence des grands hommes de pouvoir, la fascination qu’ils exercent en raison de leur aura, fusion de l’accessible et du caché. Buscetta est aussi farouche qu’un animal en cage, la cage étant à la fois le symbole de la détention et le motif géométrique du cadre de la caméra ; il s’y débat telle une hyène, tel un tigre, pour finir comme un chien errant, jouant l’errance pour mieux tirer son dernier coup de feu et repartir, l’air de rien. Le Traître est un très grand film sur la duplicité et le faux-semblant, qui explore la psyché de son personnage par une inventivité formelle revigorante.
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