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Un visiteur
3,5
Publiée le 4 mars 2012
Buñuel et son scénariste se servent dans le roman d´Octave Mirbeau pour dresser une brillante caricature de la bourgeoisie provinciale. Ils sont bêtes, affreux et méchants et tout est fait pour grossir les traits. On est en période pré-soixante huitarde et cela se voit. On est en droit de trouver pénibles les constantes leçons de morale que certains bourgeois adressent à d´autres bourgeois, ce qui définit une bonne part du cinéma français depuis 50 ans, mais force est de reconnaître que contrairement à nombre de cinéastes actuels, si l´on passe sur les travers idéologique d'un tel cinéma, il y a ici un véritable génie dans l'art du portrait qui semble s´être complètement perdu depuis et qui est tout simplement jubilatoire.
Un classique un peu déroutant avec un scénario à tiroirs mais très réussi, avec une belle analyse des moeurs de la bourgeoisie, un vrai suspense psychologique, une atmosphère troublante et une composition subtile de Jeanne Moreau qui fait un beau fil conducteur dans un personnage à la fois candide et manipulateur très bien écrit.
Un des meilleurs films du cinéaste, une trame plutôt classique mais la galerie de personnages dressée est perspicace et subtile cela va du plus pathétique au plus immonde. Jeanne Moreau tient là un beau rôle, la mise en scène est belle.
Finalement, le scénario a beau se cantonner au poncif du genre, ce film d'un Maître décrit l'extrême droite et le France profonde d'une époque. Tout un programme.
Célestine est engagée comme femme de chambre dans une propriété bourgeoise à la campagne. Elle découvre les petits travers de chacun de ses habitants : les appétits sexuels et le goût de la chasse du mari, la frigidité, l'obsession de la propreté et l'avarice de la femme, le fétichisme de la bottine féminine du patriarche, le racisme mêlé de sadisme du domestique…. Bunuel s’en prend à la petite bourgeoisie provinciale dont l'hypocrisie de façade est démantelée par une femme de chambre intelligente et subversive, au clergé (qui pardonne les caresses faites deux fois par semaine par Madame à Monsieur en échange de la réfection du toit de l’église), aux ligues Nationalistes anti-métèques, aux militaristes…. Excellent film où le réel et l’imaginaire se mêlent étroitement pour ne former qu’un : Le réel par cette peinture acerbe de la classe dite dominante, l’imaginaire en laissant planer des doutes et des zones d’ombre sur l’histoire
Assez déçu par ce Buñuel, le début laissait présager un très bon film et la seconde partie m'a fortement déplu. Début du film Célestine (Jeanne Moreau) rentre au service d'une famille bourgeoise composée d'un fétichiste des pieds, d'un homme frustré sexuellement à cause de sa femme frigide, bref le début promet beaucoup. Par contre la seconde partie prend un aspect totalement différent ou les fils de putes seront à l'honneur, je ne dirai rien d'autre sur cette seconde partie, qui en plus de plombé le film possède un final mauvais, qui comme j'ai dit m'a beaucoup déplu. Au final, il reste une critique de la bourgeoisie réussie, qui comporte quelques bonnes scènes, comme celle ou Jeanne Moreau danse avec des bottines pour faire fantasmer le papy.
Du tres grand Luis Buñuel, du tres beau... "Journal d'Une Femme De Chambre" est une fresque magnifique s'attaquant a la bourgeoisie de façon tres subtile, par le biais de la femme de ménage, n'étant par nature pas du tout des mêmes mœurs. On rencontre dans ce film des personnages tous plus étrangement détestables les uns que les autres, mystérieux, dérangés... Buñuel n'hésite pas a exagérer le comportement de ses personnages (sauf bien sur celui du touchant personnage de l'extraordinaire Jeanne Moreau) sans jamais tomber dans l’excès, ce qui le rend incroyablement crédible et pertinent. Un magnifique film, et un des meilleurs de son réalisateur.
Très semblable au charme discret de la bourgeoise, Luis Bunuel aime décidément se moquer de la petite bourgeoisie française. Le tout fait mouche. Tout le monde y prend pour son grade : armée, religion, domestique etc. Une satire sociale avec quelques passages vraiment amusants. Luis Bunuel se moque allègrement de ses personnages. Le spitch simple, permet au spectateur de découvrir tout comme Célestine cette famille et ses voisins, avec une Jeanne Morreau dont on a bien du mal à savoir parfois quels sont les réelles intentions de son personnage.. Bref, une satire sociale où Luis Bunuel semble prendre un malin plaisir à tourner en dérision et à se moquer allégement de cette petite bourgeoisie.
Un Bunuel très maîtrisé techniquement, avec une Moreau très bonne comme à son habitude, film intéressant, mais ça ne m'a pas transcendé, la fin quelque peu enigmatique a de quoi maintenir un intérêt pour le film même après le visionnage.
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4,0
Publiée le 17 mars 2011
"Ce n’est pas de ma faute si les âmes, dont on arrache les voiles et qu’on montre à nu, exhalent une si forte odeur de pourriture"...Luis Bunuel et le scènariste Jean-Claude Carrière ont choisi de transposer l'action du roman èponyme d’Octave Mirbeau en 1930, au moment de l'èclosion des ligues facistes! Le cinèaste espagnol cherche à saisir l'essence des êtres bourgeois ou domestiques, à travers leur dègradation! Le film offre en effet le saisissant tableau de la bourgeoisie en dècomposition, vue en principe à travers les yeux de Cèlestine (issue de la classe infèrieure exploitèe) mais en fait à travers ceux de Bunuel! Un portrait au vitriol de la bourgeoisie française en dècomposition magnifièe par Jeanne Moreau dans le rôle de Cèlestine et brillamment interprètè ègalement par Jean Ozenne en fètichiste de la bottine...
Le film porte mal son nom, il aurait dû s'appeler "Séjour chez les pervers". Entre le vieux qui prend son pied à tripoter des chaussures [vous avez remarqué le subtile jeu de mots...], son rejeton qui a le feu au cul, le domestique pédophile, ou encore le vétéran qui passe son temps à jeter des cochonneries chez le voisin et à en raconter à la boniche, c'est un festival. Les dialogues sont incisifs et le tableau que le réalisateur dresse de la nature humaine bien sombre, j'adore. Jeanne Moreau joue en plus le rôle principal, faut reconnaître qu'elle a quelque chose d'envoûtant. Le seul point faible du film, c'est la fin. Elle est abrupte et laisse un goût d'inachevé.
Intéressante incursion dans l'univer de Luis Bunuel que ce "Journal d'une femme de chambre". Rien de surréaliste ici, il s'agit de la dernière période du cinéaste, celle des films tournés en français. Ce long métrage consiste en une sorte de chronique de la vie d'une femme de chambre parisienne qui découvre le milieu de la bourgeoisie. Bunuel ne se prive pas de critiquer sans retenue ce milieu. Il s'agit sans doute de l'intérêt principal du film : la façon dont le réalisateur joue intelligemment avec les clichés pour tourner en dérision tous les moeurs appartenants aux personnages bourgeois. Les relations entre les personnages sont assez délicieuses à suivre. Bunuel semble prendre un malin plaisir à ridiculiser le père et ses rituels fétichistes, le mari soumis par rapport à sa femme, l'ancien militaire qui veut faire valoir ses droits, ... Et puis les pulsions sexuelles sont très présentes, même si souvent suggérées. Une caractéristique importante du film, qui déroute autant qu'elle suscite l'intérêt : le personnage central très énigmatique. Difficle de comprendre les motivations de cette femme de chambre, surtout vers la seconde moitié où ses choix s'avèrent difficilement expliquable. Jeanne Moreau habite son personnage avec une séduisance énigmatique. Je tente de risquer un petit parallèle avec Alfred Hitchcock, qui lui aussi était fasciné par ces personnages de femme fatale, faussement séduisantes. Les autres constituants du casting réussissent leurs prestations. La mise en scène, quant à elle, se révèle assez sage. Bunuel filme avec liberté mais distance. Trop sage pour vraiment convaincre, à mon gout. Toujours est-il que "le journal d'une femme de chambre" est à voir pour ses personnages mystérieux qui n'ont sans doute pas fini de susciter de nombreuses interprétations différentes...