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Flavien Poncet
208 abonnés
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4,0
Publiée le 18 mars 2007
Cest lillustration de la bourgeoisie campagnarde des années 20 que Luis Bunuel met en images. «Le journal dune femme de chambre» (France, 1964) confronte le fascisme ambiant, les crimes inévitables, fruits de lemmurement des campagnes, à la justice des villes, incarnée par la femme de chambre Célestine/Marie (Jeanne Moreau). Le problème dune telle dichotomie qui tend à opposer les rats des villes des rats des champs, cest quon flotte parfois dans le cliché, Jeanne Moreau, incarnation de la perfection (hormis in fine) est seule, pure, face au reste de la distribution, personnages éclairés sous un affreux jour. Cependant, force de Bunuel en action, le cliché du «Journal dune femme de chambre» ne demeure pas, ne restant quen filigrane. Le film, daprès les dires de Bunuel lui-même, est une version améliorée de «Susana» (Mexique, 1951). Comme dans le film mexicain, il sagit dune femme aimée par plusieurs hommes. Là où «Susana» prône la passion et le charnel, «Le journal » illustre des enjeux politiques comme lautarcie des campagnes ou lultra-nationalisme présent. A travers lil de Bunuel, tout ça est tourné en ironie, grinçant derrière chaque acte. Jeanne Moreau est ici en neutre, appareil pivot entouré des folies de cette micro-société. Bref, «Le journal dune femme de chambre» est une expérience intéressante sur la société par Bunuel comme «Robinson Crusoe» (Mexique-USA, 1952) la été sur le manque de société. Le sens obsessionnel de la justice, le pouvoir dangereux de la féminité, les affres du détachement social, lirrationalisme de lextrémisme nationaliste, où tout simplement une peinture dune campagne, voilà ce qui résume ce film important de Luis Bunuel.