Ne connaissant rien de cette personnalité notoire, de ce juif homosexuel passionné et aimant, dont la vie va être marqué par la rencontre d'une femme, il est difficile de juger de l'image dont on l'affuble, mais ce sont avant tout les petits détails qui comptent. La mise en scène se transcende lors d'émotions personnelles tandis que la foule, les soirées mondaines, les interviews montrés comme des séquences de psychanalyse... rigidifient totalement ce portrait; Montrant Leonard Bernstein dans un malaise profond, étriqué par cette combinaison d'évènements disciplinées. Il le dit lui même, il n'a pas besoin d'argenterie quand il commande chinois. Cet homme est de ceux qui vivent l'instant présent, en se moquant des qu'en-dira-t'on. La mise en scène nous parle donc, en plus de dialogues déjà très étudiés, presque comptabilisés pour ne pas être encombrants. Au côté de certaines envolées techniquement maîtrisées, dans des ellipses spatiales mettant également en avant de somptueux décors, différents angles d'observations très classiques pour le coup mais non moins expressifs, minimisent les contre-champ, écartant certaines figures qui disparaissent subitement dans le décors; On ressent le malaise des échanges et l'isolement des personnages dans certains tableaux. Le point de vue de l'acteur-réalisateur est d'une tristesse désarmante dans ce portrait de couple; Sans le lyrisme de A Star Is Born, ce portrait de couple nous mène immanquablement vers la perte humaine d'un amour fou et respecté, annoncé dés l'ouverture de rideau. Bernstein se définissait lui-même comme possiblement schizophrène, étant sans cesse à s'agiter pour les autres en tant que maestro mais également à s'agiter en son fort intérieur en tant que compositeur. Il est donc un personnage complexe. Complexe dans ses relations amoureuses et complexe artistiquement. Bernstein dans ces relations aux autres. Et c'est surtout ce point qui interresse Cooper. On n'est jamais dans une transcendance façon Whiplash (2014). Il n'est ici pas question de création mais de passion. Cooper adopte un point de vue compatissant. Bernstein était un homme contraint. Contraint par l'image à donner, mais qui voulait plus que tout vivre l'instant présent. Il en reste un biopic exigent mais peu poignant pour un néophyte, plutôt mélancolique et cafardeux. Pour un artiste qui m'était auparavant inconnu, il reste une tristesse inavouable pour cet homme qui semblait bon et juste. L'impression d'une certaine réussite dans ce que voulait nous montrer son réalisateur. À noter, ce remarquable maquillage tout du long dans vieillissement qui mérite à lui seul un Oscar.