Manifestement lancés sur une bonne voie avec Aquaman et Shazam, DC et Warner continuent leur saga avec Birds of Prey, qui s'impose comme l'un des meilleurs films du DC Extended Universe.
Le simple concept du film est intéressant : Il s'agit de l'histoire de l'émancipation de Harley Quinn, comme si le film était conscient que Suicide Squad l'avait réduite à une punchline vivante, et que le personnage vivait de toute façon, dans l'ombre du Joker. C'est d'ailleurs pour ça que le Joker ne fait pas la moindre apparition dans le film, même pas pour raconter sa séparation avec Harley. Le but, ce sera donc de rattraper les erreurs de Suicide Squad en faisant de Harley Quinn un véritable personnage, le tout en introduisant d'autres visages de l'univers DC peu connus du grand public. Tout un programme donc, assez intéressant et assez osé. Vendre un film Batman ou Superman, c'est simple. Vendre un film avec Renée Montoya, Huntress, Black Mask... c'est déjà plus compliqué. Et ça explique probablement pourquoi le monde entier semble ne pas s'intéresser au film. Cependant, il réussi à rester un film grand public, et a ne pas s'adresser uniquement aux initiés. Les personnages sont correctement introduits, et leurs motivations sont claires. Cela nous mène à la première grande qualité de ce film : le scénario
Il ne révolutionne pas le genre, mais est particulièrement fluide et agréable à suivre. Le film va d'ailleurs s'amuser à être assez décousu par moment, en revenant sur des événements du passé, mais qui impliquent des personnages que l'on avait pas remarqué jusque là. Le moindre petit détail de scénario aura une incidence sur la suite de l'histoire, ce qui témoigne d'un bon travail d'écriture. Avec ça, le film est béton dans ses thématiques. Comme Harley Quinn qui souhaite s'émanciper et devenir indépendante, les autres femmes sont plus ou moins dans la même situation : Montoya veut s'émanciper de l'autorité de ses supérieurs, Black Canary s'émancipe de l'influence de Black Mask et Huntress s'émancipe de ses démons en se vengeant. Cela nous mène également à l'une des thématiques centrales du film : le féminisme. Il est toujours risqué de parler de féminisme, mais force est de constater que le film y arrive sans tomber dans la facilité et le ridicule (à l'inverse des productions Disney). Outre le fait que le film raconte l'histoire d'un groupe de femmes fortes devant s'affranchir de l'autorités des hommes, le scénario contient son lot de scènes contenant remarques sexistes et harcèlement sexuel, ce qui fait des personnages les impliquant des représentations de masculinité toxique. L'exemple le plus criant, sans surprise, est celui de Black Mask, l'antagoniste du film.
Roman Sionis, alias Black Mask (interprété par Ewan McGregor) est un personnage magnifiquement bien écrit : C'est un fils à papa né avec une cuillère en argent dans la bouche. Ainsi, bien qu'il ai atteint l'âge adulte, il se comporte comme un enfant pourri gâté qui a le monde à ses pieds, et il pique des crises de colère quand il n'a pas ce qu'il veut. Cela pourrait rendre le personnage peu impressionnant, voir ridicule, mais le film le montre également commettre des actes tout simplement atroces et marquants, ce qui fait qu'il possède tout de même une aura imposante, et représente un véritable danger. Ce subtil mélange en fait un personnage riche, et assez fascinant. En bon méchant dans un film féministe, il considère les femmes comme de simples objets à son service. Cela va de Black Canary, à qui il donne des ordres sans aucune considération, à la pauvre Erika, qu'il oblige à se déshabiller en public.
Son sexisme rends particulièrement délectable le fait qu'il se fasse tuer par des femmes
dans une scène réalisée de manière assez jouissive. D'ailleurs, cela me fait une transition toute trouvée pour parler de la mise en scène.
Là encore, ce n'est pas révolutionnaire, mais ça fait le café de manière très efficace : Le film s'ouvre sur une séquence animée. Surprenant, drôle, cohérent, c'est un choix artistique très louable. Pour le reste, la réalisation est, comme je l'ai dit, efficace, mais classique, hormis quelques plans particulièrement léchés et les effets " graffitis " disséminés à travers tout le film. C'est surtout dans les scènes d'actions que la réalisatrice, Cathy Yan, va pouvoir s'amuser : Non seulement les chorégraphies de combats sont quasi-parfaites, mais en plus la mise en scène ainsi que le montage sont particulièrement fluides et lisibles. Ces scènes d'actions sont donc des grands moments de spectacle, et sont véritablement plaisantes à suivre, d'autant plus qu'elles sont parfaitement mise en musique.
Niveau jeu d'acteur, tout le monde s'en sort très bien, en particulier Margot Robbie qui est véritablement habitée par le rôle.
Le seul petit reproche que j'aurais à faire au film, c'est le personnage de Victor Zsasz : Il est hélas, trop peu exploité,
et meurs sans aucune révérence, alors qu'un combat entre lui et les Birds of Prey aurait été du pain béni en terme d'action et en terme d'écriture. Cela aurait permis de souder l'équipe par un acte fort.
Enfin, c'est dommage, mais à côté des innombrables qualité de ce film, c'est au final peu dérangeant.
Birds of Prey est un film très divertissant, précis et cohérent dans son écriture, travaillé dans sa mise en scène, et intelligent dans son propos. Un très bon film, qui s'adresse autant aux néophytes qu'aux initiés.
Birds of Prey est tout ce que le cinéma de divertissement devrait être.