Est-ce que les frères Arab et Tarzan Nasser, les réalisateurs du film ont voulu faite un clin d’œil à Alain Resnais ? probablement, la référence à Resnais est évidente dans cette ville ravagée par les conflits et la pauvreté, devenant pourtant, à l’instar d’Hiroshima, le théâtre d’un amour merveilleux. Issa, un pêcheur d’une soixantaine d’années, est secrètement amoureux de Siham, une femme qui travaille comme couturière au marché. Il souhaite la demander en mariage. C’est alors qu’il remonte dans ses filets une statue antique du dieu Apollon, qu’il décide de cacher chez lui. Quand les autorités locales découvrent l’existence de ce mystérieux trésor, les ennuis commencent pour Issa. Parviendra-t-il malgré tout à déclarer son amour à Siham et à échapper à l’insistance de sa sœur qui veut à tout prix le marier en lui présentant ses amies… ? Les frères Nasser ont voulu déjouer les clichés attendus du cinéma palestinien et notre perception de Gaza trop souvent occultée par la vision de la presse, en signant une comédie romantique. Ainsi en filmant le quotidien des Gazaouis, ils filment le conflit même s’ils n’en parlent pas directement …et les effets du conflit plutôt que le conflit lui-même… Pour montrer que malgré les aléas, les privations, les entraves à la liberté, les coupures d’électricité permanentes, le désir ardent des hommes à rejoindre l’Europe, les bombes qui tuent et mutilent, un peuple libre et fier continuent à vivre, à aimer, à espérer, ils ont choisi les armes de la poésie, de l’humour et de la tendresse… C’est aussi un morceau d’histoire vraie, ici malicieusement adaptée en allégorie, mais qui en son temps (2013) avait fait le tour du monde, celle de l’Apollon de Gaza, une statue antique pêchée par hasard dans les quelques cinq kilomètres de mer autorisés à cette bande de terre, et mystérieusement disparue à nouveau. Les deux histoires vont bien ensemble, celle d’Issa et Siham, entre le pêcheur et la couturière, et celle d’Issa et Apollon, entre l’homme et le dieu, deux histoires d’amour clandestines, sur fond d’interdits… Aussi, même si elle manque un peu de rythme, cette comédie romantique douce-amère, très bien servie par un couple d’interprètes remarquables, se voit avec plaisir et nous en apprend beaucoup sur la vie à Gaza... Et le générique final adresse un salut non dissimulé à Issa Nasser, le père réel des deux cinéastes, après avoir offert au public une page facétieuse et poétique d’une certaine Palestine