Mon premier film bhoutanais, me semble t-il si ma mémoire ne me fait pas défaut.
« L’école du bout du monde » vaut par ses paysages et ce morceau de bout du monde où un jeune professeur, nommé Ugyen est assigné à enseigner !
Je dis assigné à escient car notre jeune professeur apprenti y va contraint !
Comme on peut le comprendre !
Une semaine de marche pour accéder à ce bout de terre, Lunana, tout petit village isolé dans des montagnes, sans électricité, sans réseau Internet, sans confort, sans moyen même pour enseigner dans de bonnes conditions.
Même pas un tableau !
Le gouvernement bhoutanais s’engage à ce qu’aucun village ne soit privé d’enseignement. Alors tout enseignant peut se voir muter dans un trou du c** du monde ! C’est bien, très bien, c’est une noble initiative. Mais le gouvernement n’y joint pas les moyens les plus basiques pour permettre et aux enseignants et aux élèves d’étudier correctement.
Intéressant, instructif sur ce monde très protégé où le bonheur est le produit national brut.
Qu’appelle-t-on le bonheur au Bhoutan ?
Ugyen se résigne à laisser tomber son portable, lui, venant de la capitale, connecté au monde, un monde dans lequel il souhaite évoluer. L’Australie par exemple où il souhaite devenir artiste chanteur.
ll y a comme une sorte de résignation à abandonner son portable.
Résigner peut signifier contrainte.
Une contrainte au bonheur ! J’assume.
La contrainte de se connecter avec la nature, la spiritualité, l’identité même de son pays, le Bhoutan.
Comme si le Bhoutan tenait à rappeler que les nouvelles technologies ne pouvaient par envahir tout le pays. Le Bhoutan doit conserver une grande part de ses fondamentaux comme la spiritualité, la nature comme source première d’existence, se satisfaire du peu qu’elle donne.
C’est aussi ça le bonheur, ce n’est pas nécessairement l’arrivée de la télévision en 1999 qui fait du Bhoutan le dernier pays à l’autoriser et l’arrivée de l’Internet.
Le Bhoutan c’est comme cette école du bout du monde située à une semaine de marche : peu importe les moyens pour enseigner, l’essentiel se trouve dans la capacité de l’homme à puiser dans ses retranchements intérieurs pour accepter une certaine idée d’un bonheur contraint par la force des choses ; puis se rendre enfin compte que le bonheur est un concept très simple, accessible à tous, à condition d’abandonner toute mentalité matérielle parce qu’elle fait appel à l’ingéniosité de l’homme à commencer par l’amour pour son semblable.
Et qu’il n’y a rien d’impossible à partir du moment où les hommes oeuvrent ensemble pour parvenir à créer un tableau, par exemple, et qui donne du bonheur à ceux qui l’ont créé et à ceux qui en profitent comme les petits élèves de Lunana…