Certes, le film est occidentalisé. Certes, des actrices chinoises sont prises pour jouer des japonaises (m'enfin, hormis la langue, il n'y a grande différence). Certes, il est tourné en anglais. Mais Memoirs of a Geisha est parfait sur plusieurs points. Au niveau pictural, le film est splendide : chaque couleur (Oscar de la photo) est soigneusement choisie, puis appliquée grâce à des techniques récentes et plutôt chères. Les costumes, le maquillage, les décors, sont somptueux également : l'univers des geishas est aussi bien retranscrit que dans l'excellent roman de Arthur Golden, à ceci près qu'il est esthétisé de façon américaine, pour obtenir des femmes encore plus jolies. Et cela, ce n'est pas difficile à faire : entre Ziyi Zhang, Michelle Yeoh et Gong Li, le charme asiatique comble le spectacteur. Chaque actrice use de sa beauté pour peaufiner son travail sur le rôle, Gong Li en beauté cruelle et incompatible avec le monde des geishas (le personnage de Hatsumomo est très intéressant), Michelle Yeoh en femme raisonnée et formatée dans ses pensées, et Ziyi Zhang, la plus jeune, au regard bleu-gris impressionnant (des lentilles, et alors ?) qui assure une passion amoureuse vécue tout au long du métrage. Le travail de condensation et de concision de Rob Marshall est aussi de premier choix : adapter un roman de 600 pages (très facile à lire, cela dit) en un film de 2h20 est un défi que peu pourraient relever. Spielberg lui-même s'est détourné du projet de mise en scène (mais évidemment, ce n'est officiellement pas pour ce genre de raison). Marshall s'emploie à n'oublier aucun détail de l'oeuvre de Golden mais à les faire comprendre plus subtilement, en n'utilisant pas (ce qui est courageux) une voix-off qui viendrait tout de suite à l'esprit dans le travail d'adaptation. Le récit est donc très bien mené, et n'abuse jamais de techniques narratives. On notera les fortes scènes de danses, de renversements et du climax, époustouflantes : le cinéma, encore à son apogée.