« Parle avec elle » de Pedro Almodóvar est sorti en 2002 mais - pour ma part - il n’a pris aucune ride … même si j’avoue que j’avais complétement « zappé » le film allégorique « l’amant qui rétrécissait », tourné en noir et blanc à la mode d’un vieux film muet !
Le film débute par la levée d’un rideau de théâtre (clin d’œil à Jean Renoir ?) et dans la salle, côte à côte, 2 personnes diamétralement opposées : Benigno, jeune infirmier travaillant auprès de personnes en coma végétatif, homosexuel refoulé « platoniquement » amoureux d'Alicia, une jeune ballerine qu’il voit s’entrainer tous les jours dans le studio face à sa fenêtre sous la férule de Katerina (Géraldine Chaplin) et d’autre part Marco, écrivain et baroudeur dans le monde, amant de Lydia, une torera (Rosario Flores, une des « nombreuses » actrices fétiches du cinéaste). Benigno voit une larme d’émotion couler sur le visage de Marco lors de la représentation de la pièce, Café Müller, mais il n’ose l’aborder.
Quelques mois plus tard, les 2 hommes se croisent de nouveau : Marco est au chevet de Lydia tombé dans le coma lors d’une corrida alors qu’elle devait lui annoncer qu’elle voulait rompre et il ne sait que faire, que dire … alors que Benigno s’occupe très consciencieusement d’Alicia, dans le coma depuis 4 ans, en la massant, en lui parlant, en lui lisant des livres, lui faisant voir des photographies …. Au fil des visites, une amitié étrange va lier les 2 hommes et alors que Benigno est en prison pour avoir commis un acte irrémédiable mais « salvateur » pour Alicia, Marco va l’aider jusqu’au bout.
De ce film dont la caméra est magnifique et bercée par la musique d’Alberto Iglesias, vieux compagnon du cinéaste, émane une grande sensibilité malgré la cruauté du sort réservé à chacun.