Dina : les secrets du tournage

Dina est l'adaptation sur grand écran d'un roman de la norvégienne Herbjorg Wassmo, publié en 1988. Evoquant la destinée d'une femme rebelle et indomptable, le livre a connu un immense succès en Scandinavie avant d'être traduit en vingt langues. Une fois les droits acquis par le producteur Per Holst (Pelle le conquérant), le projet a été confié au cinéaste danois Ole Bornedal.

Avec Dina, le cinéaste Ole Bornedal change littéralement de registre. Jusqu'ici spécialisé dans le thriller horrifique (réalisations du Veilleur de nuit et de son remake américain, production de Mimic), le Danois aborde ici le film d'époque. "Je trouve les films en costumes souvent ennuyeux", explique-t-il. "Les personnages semblent ne pas avoir de sentiments, de sensations, d'érotisme, de caractère, surtout dans les films scandinaves où ils sont froids et n'élèvent pas la voix. Je voulais traiter Dina comme un film actuel, avec des personnages contemporains. La modernité n'est pas une question d'époque. Ce n'est pas parce que nous sommes dans le troisième millénaire que nous sommes plus ouverts d'esprit. Je pense même, d'une certaine manière, que nous sommes plus rétrogrades et puritains."

Pour incarner le rôle-titre de Dina, le choix s'est porté sur la comédienne norvégienne Maria Bonnevie, aperçue notamment au côté d'Antonio Banderas dans Le 13è Guerrier. Le réalisateur de Dina, Ole Bornedal, avoue que beaucoup de personnes de son entourage n'approuvaient pas son choix d'engager l'actrice. "Maria n'avait joué jusqu'à présent que des rôles de jeunes filles", explique-t-il. "J'ai vu un feu briller dans son regard : elle a cette qualité rare chez une femme de vous intimider lorsque vous tentez de la séduire. Elle incarne la femme que l'on désire."

Avant même qu'il ne soit rattaché au projet, Gérard Depardieu, qui incarne le personnage de Jacob dans Dina, était déjà un grand fan du livre de Herbjorg Wassmo. "Herbjorg Wassmo a écrit une très belle histoire, qu'Emilie Brontë aurait pu écrire", déclare-t-il. "Ce n'est pas seulement un film d'époque, les personnages y sont tellement réels et le pouvoir appartient à une nature sauvage et non maîtrisable. Les fjords, la mer, la pêche, tout cela est hors du temps. Ces combats, cette lutte contre la pluie et le froid, contre les éléments, sont éternels."

Pour Gérard Depardieu, le rapport qu'entretient Dina avec la nature lui rappelle deux oeuvres de Marcel Pagnol. "Cela me fait penser à Manon des Sources et Jean de Florette. Mais quand le soleil, l'eau, des éléments de force égale se rencontrent dans la nature humaine, cela peut faire des étincelles... On appelle ça la passion ! Cette histoire possède une authentique force et une extrême finesse. C'est tout simplement un véritable respect pour la nature et pour la vie."

La distribution de Dina présente la particularité d'être européenne. Pour le réalisateur Ole Bornedal, ce casting "était une question d'alchimie". On y retrouve notamment une Norvégienne (Maria Bonnevie, dans le rôle de Dina), un Anglais (Christopher Eccleston), un Français (Gérard Depardieu) et une Suédoise (Pernilla August, Prix d'interprétation féminine à Cannes pour Les Meilleures Intentions en 1992).