Le premier long-métrage de Cameron Crowe s'inscrit dans cette lignée des films de la fin des années 80, qui s'acharnaient à mettre en scène la jeunesse américaine. Jeunesse aux problèmes en apparence futiles, mais qui s'avèrent très profonds et déterminants à leur âge. Il est très souvent question d'amour et d'avenir, et les deux personnages principaux de ce film n'y échappent pas.
Il y a Lloyd d'un côté, jeune homme qui ne trouve pas sa place dans la société, et qui n'a aucune idée de ce qu'il veut faire dans la vie. L'humour et la gentillesse ressortent de sa personnalité, lui qui passe plus de temps auprès des filles de sa classe que des garçons. Pas en tant qu'amant, mais en tant que véritable ami. Et c'est alors peut-être le seul capable grâce à sa bienveillance naturelle de perturber Diane Court. Elle n'est autre que l'élève modèle du lycée, la fierté de son père, et la jolie fille inaccessible que tout le monde apprécie sans la connaître vraiment. Intérieurement, elle est plus troublée, brillante mais incertaine, elle a peur de passer à côté des choses les plus importantes de la vie en s'adonnant uniquement au travail comme elle le fait. Incarnée par Ione Skye, une sorte de Rachel McAdams de l'époque, son personnage tenaillé entre plusieurs sentiments est sympathique et plaisant à voir à l'écran.
C'est un coup de fil qui va tout changer, comme souvent. La soirée des adieux, le dernier soir où elle peut profiter de ceux qu'elle a ignoré tant d'années. C'est Lloyd qui la pousse à faire ce pas décisif, que le père de la jeune fille regarde d'un oeil méfiant. Ce dernier semble consacré toute sa vie au bonheur de Diane, l'épanouissement dont elle jouit l'épanouit lui aussi, et il accueille les bonnes nouvelles avec encore plus d'entrain qu'elle ne le fait. La bonne nouvelle, dans le cas présent, c'est son entrée future dans une université réputée de Londres.
Une rencontre qui a des allures de coup de foudre, un départ en ligne de mire, et un père qui essaie de s'interposer entre les deux jeunes gens. Tout (ou presque) devient alors prévisible, et l'ennui s'impose, ne laissant que quelques passages vaguement drôles apporter un brin de divertissement. Les caractères se veulent évidents dès le départ et même s'ils évoluent, c'est d'une linéarité qui ne surprend à aucun moment. Et si l'apparition par intermittence de personnages secondaires apportent quelques fois une certaine fraîcheur, on ne reste qu'en surface, dans un portrait qui n'a rien d'original ou de marquant, et qui reste donc très fade.
Il est dommage de constater que certaines séquences plutôt plaisantes se perdent au milieu de ces passages inintéressants, où les dialogues et les interactions sont des plus basiques. Le rôle du père de Diane va fort heureusement décoller et apporter une légère satisfaction en fin de film, afin de sortir quelque peu de la trajectoire prédéterminée.
Toujours est-il que, devant Say Anything..., loin de nous envoler vers les cieux, nous nous contenterons de regarder les personnages le faire, avec une certaine passivité.