Voilà un film provocant, moderne pour son époque, (dé) culotté, savoureusement vulgaire, en tout cas, délicieusement grossier mais tellement vrai ! Bertrand Blier n’est pas Judd Apatow, car ce que je reproche à ce dernier, ce n’est pas son langage parfois cru (bien au contraire), surtout pendant la première demi-heure, mais le décalage entre le langage et les actes pudiques ; sans compter souvent une dernière partie qui se replace dans des rails de la morale. Bertrand Blier n’est pas moral, mieux : il s’en fout du politiquement correct, sa morale à lui, c’est le parlé vrai, c’est la sincérité du langage, la conjugaison du langage et des actes. Tout est cru, ça change du cuit, c’est-à-dire du prêt-à-penser. Tout est cohérent dans « Les valseuses ». Jusqu'à sa fin. Une fin qui n'interroge pas, au contraire, l'histoire continue mais ce n'est plus notre histoire... Ce n’est ni Jean-Claude, ni Pierrot qui m’ont amusé, c’est la mise en scène, les dialogues, les situations qui m’ont amusé. Jean-Claude et Pierrot ne m’inspirent ni antipathie, ni sympathie mais ces personnages sont des éléments parmi d'autres d’une histoire bien écrite et mouvementée. De tous les personnages, seule Marie-Ange m’a plu. Evidemment cela n’enlève en rien les interprétations brillantes des deux monstres : Depardieu, déjà en place, et Dewaere débutant et si prometteur que son absence me manque encore aujourd’hui. « Les valseuses » fait partie de ces films que l’on a vu il y a trente ans, que l’on croit connaître, et qu’on laisse de côté lors d’une énième diffusion, puis avec le temps qui passe, on se dit, oui, pourquoi pas, si on le revoyait, et on s’aperçoit qu’on ne le connaît pas. La perception n’est plus la même. C’est un film que l’on redécouvre à sa grande surprise. Un film, qui pour moi, a demandé du temps nécessaire pour « se retrouver ». Une deuxième lecture qui fait beaucoup de bien à l’âme. Oui, comme ça fait du bien d’être dérangé, d’être bousculé... Comme ça fait du bien cette liberté de ton.