En voyant Lorant Deutsch à l'affiche, on se dit qu'une fois de plus, il sera le bouffon de la farce mise en scène, ce qui fut le cas de ses dernières prestations cinématographiques (particulièrement dans 'Toutes les filles sont folles' ou plus récemment, 'Ripoux 3'). Force est de constater que Martin Valente a choisi cet acteur pour sa capacité énorme à faire rire, ou à émouvoir. Ici, tel un petit Nemo dans son océan, Deutsch ne cesse de surprendre. Parfois, seul sa manière de regarder change la scène et son intensité. Face à lui, Jalil Lespert, récemment impressionnant dans 'Pas sur la bouche' de Resnais est tout aussi stupéfiant. Limite illettré, mais au fond pur, son personnage (JP) est relativement caricatural, mais d'une profonde justesse dans le fond. Quant aux personnages satellites, qui pourra résister au charme immense de Barbara Cabrita en étudiante froide ou encore Sara Martins, dont le sourire n'a d'égal que son regard envoutant. Le film en lui même est à mi chemin entre la comédie franchouillard et le conte urbain, mettant en avant certains maux actuels : comment réussir à prouver son amour quand les mondes socio-professionnels sont si différents, dont l'intêret et la vision de la vie sont radicalement opposés ? D'autre part la qualité du montage, la variété des situations, et la BO très sympa (bien qu'ultra commerciale) font que le temps passe très vite. Un film qui ne restera pas forcément dans les annales du cinéma français, mais qui nous change radicalement du cinéma à la Zidi ou à la Veber : un humour traité avec intelligence, justesse et humilité.