Quinze Jours ailleurs (titre assez laid) s'inscrit dans la lignée des Ensorcelés que Vincente Minnelli a tourné dix ans auparavant et dont on voit ici quelques extraits, en souvenir d'une gloire passée. Même thématique (tableau critique et satirique du monde du cinéma), même acteur principal (Kirk Douglas), mais déplacement de l'action à Rome, à une époque où Cinecittà prenait le pas sur Hollywood. Cette seconde mise en abyme ne souffre cependant pas la comparaison avec la première. Moins inspirée, moins subtile, malgré quelques répliques piquantes. Tout y est un peu trop appuyé. Les portraits du grand acteur déchu et névrosé, du jeune talent incontrôlable, du réalisateur tyrannique, du producteur avare et cupide manquent de nuances. Le jeu des acteurs également. Entre les luttes d'égo, les coups bas, Minnelli esquisse la renaissance d'un homme, mais peine à faire jaillir une émotion vraie. Il ajoute par ailleurs de la confusion et un déséquilibre en brodant un mélodrame échevelé, peu convaincant. Certains effets visuels (la course finale en voiture) ou sonores (musique envahissante) sont pompiers. Heureusement, le reste du film témoigne d'une stylisation élégante, notamment d'un soin particulier apporté aux couleurs.
« Quinze jours ailleurs » n’a malheureusement pas la belle vigueur cynique des « Ensorcelés ». Sa critique d’Hollywood est ici plus poussive, malgré des personnages attachants – en particulier l’ambigu Kruger, merveilleusement interprété par Edward G Robinson. Dans le rôle de l’acteur déchu, Kirk Douglas insuffle une dose de tragique à ce ballet du ressentiment où domine un sentiment d’amertume un peu trop démonstratif.
Film sur l'envers des films, mise en abyme tentante qui a été maintes fois utilisée. On retrouve le soin extrême apporté par Minnelli à ses décors et à leur symbolique et des acteurs exceptionnels, tout est donc en place pour produire un excellent film et le résultat ne déçoit pas.