Voilà un bon sang de bon film, ça je vous le dis ! Et qui renvoie (presque) toute la filmographie de Luc Besson au rang de gentille p'tite blague. Non c'est vrai quoi ! Le Grand Bleu est tellement beau, tellement magnifique, tellement....spécial aussi. Des plans sublimes par poignée (ceux mettant en valeur les reflets du soleil sur l'océan sont exquis) des scènes lentes et inoubliables, et en plus, cerise sur le gâteau, une charmante petite histoire d'amour. Un beau programme. Long aussi, puisque le film dure 2h10, mais cela permet au contraire de ressentir l'immensité de l'océan, et de montrer divers lieux, comme les glaces du lac du Démon. Souvent, les meilleures et plus touchantes scènes du film sont à la frontière entre le génie et le ridicule, comme cette première rencontre si belle avec Johanna qui ressemble après coup à une pub pour Evian, mais sur le moment...impossible d'y penser, ce qui montre bien qu'on est devant un sacré travail. L'image, la photographie, je l'ai déjà dit : tout cela n'est que pureté sans défaut. La façon de filmer compte aussi, parfaitement réglée. Le prologue en noir et blanc nous touche de par son étrangeté, mais les décors et costumes font penser à une sorte de vieux films de calamar géant et de cachalots tueurs, donnant une teinte en marge du reste du film qui met vraiment en valeur le décalage du temps entre l'enfance et le présent de Jacques Mayol. Tous les personnages traités sont intéressants et attachants (Jean Reno qui en restant classique dans son jeu d'acteur parvient à être plus efficace), même Rosanna Arquette qui joue une Johanna très potiche inutile réussi par moments à s'évader de cette image vicieuse. Mais ce qui finalement, outre l'histoire, outre les personnages et l'image, c'est la musique de Serra tout simplement grandiose qui nous submerge et fait vivre chaque plans du film, c'est ce qui lui donne sa poésie et sa beauté. Certaines scènes tout simplement fabuleuses ne seraient rien sans cela, comme la descente au fond de Jacques, toutes ces brillantes scènes avec les dauphins, et les dernières secondes du film qui sortent littéralement du temps et nous captivent, pendant que rien n'existe...jusqu'à en être délivré par le générique de fin. L'histoire est à la fois très simple et très compliquée, ce qui est sûr c'est qu'elle est merveilleusement bien menée et nous montre tout les passages importants de la vie de Jaques Mayol, nous fait comprendre son dilemme intérieur, et nous montre avec soin l'évolution de la rivalité entre lui et Enzo. Et le double amour de Jacques, l'Océan / Johanna, est le thème qui orchestre la fin du film, tout simplement génial. L'intensité dramatique est mené avec brio, surprenant quand on voit les nombreux moment amusant, délicieusement drôles qui ponctuent le film.
Une œuvre intemporelle à multiples facettes qui reste -et de très loin – le meilleur film de Luc Besson que j'ai vu.
17/20