Laissons de côté l'aspect performance technique (indéniable) pour nous intéresser au contenu. Pas vraiment d'histoire, mais une déambulation dans le palais de l'Ermitage, à travers plusieurs siècles d'histoire russe (le premier tiers du XIXème siècle semble dominer). C'est splendide (décors , costumes, reconstitution), mais les scènes se succédant sans temps mort, et sans réel souci de chronologie, il manquera peut-être à certains, peu familiers de l'histoire russe, des clés pour apprécier l'oeuvre. Personnellement, j'ai fini par trouver les séquences au milieu des tableaux un peu longuettes, voire ennuyeuses, et j'ai nettement préféré les deux spectaculaires séquences de la réception des envoyés persans, et du bal 1830 , qui occupe une grande partie de la fin du film. Par ailleurs, on ne saisit pas bien, finalement , le propos du film : ni franchement passéiste ou pro tsariste, ni tourné vers l'avenir. Tant mieux si ça laisse le spectateur se faire sa propre idée... On retiendra donc la qualité du travail fourni (à tous les niveaux), et la beauté des lieux, qui donne envie d'y aller voir de plus près. Le film a d'ailleurs un petit aspect docu-fiction promotionnel pour le Palais de l'Ermitage...
Que cette envoûtante plongée dans l'atmosphère irréelle et ténébreuse du palais de l'Ermitage, avec ce long plan séquence qui nous fait voyager comme dans un rêve au fil des salles et des siècles n'ait pas convaincu la plupart des critiques officiels, on pouvait sans peine s'y attendre tant sont rares dans ce métier ceux qui savent vraiment apprécier une oeuvre cinématographique. Mais que certains d'entre eux poussent la bêtise jusqu'à accuser Sokurov de nostalgie réactionnaire sans qu'ils se laissent gagner par la magie qui se dégage de cette enivrante succession de scènes publiques ou intimistes, comme ce bal rappelant l'art d'un Visconti, ou cette poignante et rêveuse réflexion finale devant la Néva, nous montre une fois de plus combien est peu fréquente cette faculté de communier avec un réalisateur de génie sur l'extraordinaire et foisonnante richesse culturelle de son pays.
Evidemment,dire que la réalisation de ce film est superbe serait redondant,mais a-t'on idée de l'organisation draconnienne mise en place pour filmer tout cela en seulement 1h30.Jamais je n'aurais cru réalisable un tel projet.Les costumes sont quand à eux somptueux,les dialogues quelque peu ambigus mais très bien écrit.Surement un excellent film que l'on regarde d'un seul souffle,mais on pourrait lui reprocher de ne montrer que le faste,le claquant de l'histoire russe et pas forcément la réalité.
En décontextualisant totalement cette phrase je résumerais le film ainsi: "de l'audace toujours de l'audace encore de l'audace !" C'est un projet totalement fou. Une leçon de cinéma qui peine malgré tout à tenir la distance. Une idée géniale et une prouesse technique ne suffisent malheureusement pas à faire un grand film. C'est une parenthèse dans l’œuvre de Sokurov qui vaut néanmoins le détour.
Une expérience cinématographique inédite : c'est un unique plan-séquence, avec des centaines de figurants, une déambulation dans un grand musée avec des personnages d'époque, et une immersion dans un grand bal en beaux habit ! C'est génial !
Un musée, 3000 figurants, trois siècles de l'histoire russe: un plan d'1h30. Avec cette "Arche russe", Sokourov réalise un des plus grands défi technique de l'Histoire du cinéma. Mais ici, jamais la prouesse visuelle ne fait de l'ombre au récit. Elle est au service du sujet. Un réalisateur russe comtemporain et un diplomâte français d'un autre siècle se retrouve au beau milieu du musée de l'Ermitage. Ils vont errer dans ce lieu sublime, traverser les époques et affronter leur opinion sur leur culture et sur l'Art. Le choc de deux cultures. Au début du film le diplômate dit au réalisateur: "vos artistes (russes donc)n'ont jamais eu d'imagination car vos dirigeants leur empêchent d'en avoir. Vous vous contentez de copier". Mais seulement, depuis, il y a eu le cinéma. Et ici, une expérience de cinéma, un enchantement.