(...) Tout au long du film, Frears étale son savoir-faire et signe quelques compositions de plans lumineuses le tout magnifié par la photo magnifique de Philippe Rousselot (un maître dans sa discipline) associant le tout avec un montage vif qui laisse toutefois le temps aux acteurs de déployés leur brio, avec des lignes de dialogues d'une grande beauté qui sont dites avec beaucoup de classe par ce casting presque exclusivement US (en tout cas pour les rôles principaux) ce qui fait que même Keanu Reeves arrive à être crédible en jeune noble du XVIIIème siècle. Les acteurs sont donc au top, John Malkovich jouant brillamment avec son ambiguïté, à la fois séducteur prédateur et petit garçon garçon pris au piège. Glenn Close est elle aussi au top, sortant une prestation d'anthologie qui lui permet de déployer une belle palette de jeu. Le tout culminera dans le dernier plan du film, une idée de sa part afin de traduire visuellement la phrase du roman "Son âme était sur son visage". Ce dernier vaut d'ailleurs mieux qu'un autre qui a été tourné, celui du personnage de Merteuil face à la guillotine. Michelle Pfeiffer est également à l'aise dans son costume de Mme de Volange, parfois un peu fade comme le veut le rôle mais également incroyablement lumineuse, et jouant parfaitement la frustration et les tourments intérieurs de son personnage. Uma Thurman est parfaite en jeune ingénue et sa beauté irradie fréquemment l'écran tandis qu'elle démontre un vrai savoir-faire dans la comédie légère. Car oui, le film propose parfois quelques moments dignes du théâtre de boulevard avec des portes qui claquent, des personnages qui s'agitent et différents stratagèmes pour duper la surveillance des chaperons. C'est donc parfaitement réjouissant mais il faudra qu'on m'explique le romantisme de la chose. Pour moi, je n'ai pas du tout vu ce film comme une expression du romantisme, ce qui était sans doute voulu. En fait, je trouve même est l'anti-thèse du film sur les relations amoureuses ou plutôt qu'il représente parfaitement l'idée que les classes aisées se font de l'amour. Film sur des petits bourgeois qui couchent les uns avec les autres, il est la parfaite expression de cet esprit parisiano-bobo qui remplace les sentiments par le désir. Valmont désire Tourvel mais il ne l'aimera jamais vraiment. Et j'ai bien du mal à saisir ce qui fera succomber Tourvel si ce n'est les trois balades dans un parc et l'apparence du changement chez Valmont, ce dernier ne changeant jamais en définitive. En fait, il est le séducteur typique des films, celui qui jouit de la vie et qui tombe amoureux, croit-il, d'une femme qui se refuse à lui. Il ne l'aime pas, il la désire et c'est le challenge qui l'excite. On pourra toujours me dire qu'il y a différentes sortes d'amour, qu'on peut y trouver son compte ou d'autres conneries du genre mais il n'y pas d'amour quand l'un souffre et que l'autre ment pour préserver les apparences de l'amour. D'ailleurs, le personnage de la tante de Valmont apparaît comme la voix(e) de la raison (une scène magnifique). (...) Mon sentiment devant ce film est donc double. C'est un objet cinématographique splendide, un écrin somptueux qui contient des moments de cinéma incroyables, avec des acteurs magistraux, mais c'est aussi un film qui m'a énervé parfois, alignant les moments agaçants et en n'étant jamais honnête avec ses personnages. J'ai beau trouver certaines scènes bluffantes et parfois émouvantes, je n'ai aimé ni les personnages ni le message final. La critique complète sur thisismymovies.over-blog.com