Autant tirer les grandes lignes de ma pensée immédiatement : peu d'oeuvres, tout médium confondus, dégagent une telle puissance émotionnelle que ce film. D'un lyrisme rare au cinéma, The Fountain est probablement l'un des films les plus romantiques de ces 10 ou 20 dernières années. Pouvant paraitre prétentieux, nombriliste, élitiste même pour certains, le métrage n'a pourtant rien du pensum New Age qu'on veut bien lui attribuer. Aronofsky place ici l'humain au centre même de son récit. La quête d'immortalité, de l'éternelle jeunesse, que notre société moderne semble sans cesse poursuivre n'est-elle pas finalement qu'une vague fuite de notre peur la plus humaine : la mort. L'acception face au déni, l'aveuglement face à l'illumination, l'espoir face au renoncement. Les deux personnages principaux s'opposent face à leur idée de la mort. Aveuglé par la peine de voir son éternel amour disparaitre, le personnage de Jackman traversera le temps pour tenter de guérir ce qu'il nomme comme une maladie. Pourtant, ce n'est finalement qu'en acceptant de poursuivre le chemin spirituel débuté par sa compagne (matérialisé au travers du manuscrit inachevé) qu'il comprendra que la mort est intrinsèque à la vie. Que c'est bien de la mort qu'elle nait, et que sans elle, elle ne pourra jamais exister. Une fable sur le deuil fantastique, servi dans une imagerie onirique et poétique. Un film très graphique, travaillé, jouant sur des couleurs chaudes, des valeurs de plans très sérrés et organiques. On sort grandit de ce visionnage. Comme, quelque part, réconcilié. Impression très subjective cela dit. Le film se classe tout de suite comme un classique instantané. Une perle rare de SF comme on en fait plus, ou peu. Intelligent, beau et émouvant. Quant a Aronofsky, il prouve une fois de plus avec ce troisième film aussi, si ce n'est plus, brillant que les deux premiers, qu'il est l'un des réalisateurs les plus importants de sa génération.