Révélation d'un talent hallucinant pour une actrice en pleine naissance, Vanessa Paradis, Noce blanche célèbre avec virtuose le mariage entre démence et impuissance. François Hainaut, professeur de philosophie au lycée, se fascine mystérieusement pour une élève absente, Mathilde Tessier, personnage fragile et ambigu. Terriblement passionnant, ce jeu entre les deux personnages abouti à la redoutable passion amoureuse. A la limite de l'abstrus, force principale de la narration, se mêle étrangement sincérité et artifice, passion et illusion. De ce point de vue, l'utilisation de le l'idée philosophie s'explique. En effet, le réalisateur utilise un stéréotype assez conforme à l'idée que l'on se fait de ce genre de personnage. Complexe, hétéroclite, égaré, il correspond parfaitement à l'image du personnage interprété par Bruno Cremer. Complémentaires et perdues, ils se trouvent pour mieux se comprendre eux-même. Ils se ressemblent. Dès lors s'enchaîne des situations sur un fond de thriller palpitant. Cette relation dangereuse et dérangeante sonne la fatalité. Le drame enivre ses deux protagonistes qui ne se connaissent pas. Où du moins très peu. Le film illustre avec virtuose cette association des sentiments humains avec un regard froid, une image glacée. C'est une histoire tragique. Mais on pourrait porter, comme c'est le cas d'un point de vue morale, une critique indiscutable du personnage de Bruno Cremer pour abus sur mineur. Et de l'autre, on accuserait Mathilde Tessier pour son comportement de débauché. Mais cela semble vain. Pouquoi ? Car nous sommes au cinéma. Nous ne pouvons blâmer la sincérité évidente de cette liaison qui porte atteinte aux moeurs et à la morale sociale. Ces deux égarés sont l'impuissance véritable qui pousse à l'exclusion, nous conduit à la mort. A la fois excellent thriller psychologique et porteur de mutliples réflexions, le film est l'un des plus beaux de son auteur, accessible et fascinant. Une réussite.