Nouvelle adaptation du roman d’Elmore Leonard et remake d’un film datant de 1957, "3h10 pour Yuma" est sans doute l’une des meilleures surprises de l’année 2008. Je passerai rapidement sur la mise ne scène, efficace sans être flamboyante, et sur les imperfections du récit (le passage en territoire indien annoncé comme un enfer et ressemble davantage à une promenade de santé, la mort expédiée de McElroy, la tuerie finale de la bande de Wade par ce dernier...) pour me concentrer sur l’essentiel : la relation atypique entretenue pour les 2 héros du film, magnifiquement écrits et campés par 2 des meilleurs actuels que compte Hollywood. D’un côte, le hors-la-loi Ben Wade (Russel Crowe, monstrueux de charisme et de force tranquille) dont on pouvait craindre qu’il ne soit qu’une caricature de chef de bande sanguinaire et qui s’avère être un mercenaire plein de charme et d’éducation pour qui la violence est un mode de vie mais également la seule manière de se faire respecter de ses hommes. De l’autre, le fermier Dan Evans (Christian Bale, parfait comme toujours), vétéran que le Guerre de Sécession a rendu infirme et qui ne supporte plus le regard de sa famille. Toute l’originalité du film est là : ce n’est pas le sens de la justice ou de basses considérations financières qui pousse Evans à remettre Wade aux autorités mais son besoin irrépressible de prouver sa valeur aux siens et en particulier à son fils (Logan Lerman, la révélation du film). Un objectif qu’il ne perdra pas de vue jusqu’au dénouement aussi injuste qu’inévitable, et qui force l’admiration du hors-la-loi. Les face-à-face entre ces 2 personnages sont évidemment les meilleures scènes du film (la bienveillance de Wade qui conseille à Evans de rentrer chez lui, le jusqu’au-boutisme d’Evans face aux propositions de Wade...) et nous réservent de grands moments d’émotion (la révélation d’Evans sur l’origine de sa blessure à la jambe, clé du traumatisme du personnage, reste longtemps accrochée à l’esprit et permet de comprendre pourquoi Wade accepte de se laisser livrer). Le réalisateur, conscient du principal atout de son fil, a su magnifier ces 2 héros que ce soit la légende de Wade (la répétition de son nom, la crainte qu’il inspire, son économie de geste...) ou la détresse d’Evans (ses adieux à son fils sont déchirants). Il serait cependant injuste d’oublier les excellents 2nds rôles parmi lesquels l’hallucinant Ben Foster en complice psychopathe entièrement dévoué à son chef, Dallas Roberts en responsable des chemins de fer, Peter Fonda dans son premier rôle consistant depuis des années, le trop rare Alan Tudyk en médecin ou encore Kevin Durand en détestable homme de main. Rajouté à cela une reconstitution particulièrement crédible du far-west américain et une BO réussie (signée Marco Beltrami), on ne peut que s’étonner de relatif échec de ce "3h10 pour Yuma" lors de sa sortie alors qu’il s’agit très vraisemblablement du meilleur western de ces 20 dernières années. A découvrir !