Une splendeur cinématographique, lente à se dévider la première fois qu'on la voit, le grand public peut être rebuté. Le genre de film qui gagne à être redécortiqué si on a l'âme esthète: le dvd offre aussi un précieux moment d'interview extrait de "Tam-tam" (France Inter) avec Pascale Clark... Un père de retour au foyer après 12 ans à faire on ne sait trop quoi (autre femme, prison, travaux forcés, métier dans la Marine russe ?...), embarque ses deux fistons éberlués, l'un conciliant, voire admiratif, le plus petit carrément hostile (n'a pratiquement pas de souvenir de son père bébé), pour aller sur une île récupérer une cassette enfouie (on doit à nouveau supposer ce qu'on veut, en Russie, fréquent de "se débrouiller" !). Ce cinéaste reconnaît s'inspirer d'Antonioni et Tarkovski, disons qu'il en a pris le meilleur. Remarquablement secondé par un cameraman lui aussi faisant dans l'épure... Quant au scénario et diaalogues c'est un plaisir de chaque instant pour peu qu'on ait a volonté de s'y attarder, ne pas en perdre une miette. Envoûtant, mythique, ce beau travail force le respect, aucune surcharge complaisante... Si tous les photographes de pub étaient aussi rigoureux, on saliverait plutôt deux fois qu'une devant le grand écran. La description de ce père (qu'on exècre tout d'abord) a finalement quelque chose de touchant sous sa dureté, je le revois désemparé devant le feu, on sent que l'apprivoisement pourrait se faire après ces deux grosses crises... A noter aussi qu'un an jour pour jour, après le tournage, l'un des jeunes acteurs s'est noyé accidentellement, petit détail mais qui vous attache le film une fois que vous le savez. Musique aux frontières du bruitage, harmonieuse non-stop, aucune stridence, le son "colle" parfaitement au drame qui se joue à pas lents, une atmosphère de "conte noir" mentionne le bonus... Réussite incontestée pour un premier long-métrage !