Avis sur Crimes et délits

"Crimes et délits" ou "La Faiblesse et l'infidélité de l'Homme" : une jolie Comédie dramatique écrite et mise en scène par Woody Allen. Le réalisateur New-yorkais aborde ses thèmes de prédilection dans ce "thriller familial" de bonne facture. Avec la vision d'un monde ou la vie ne fait pas de cadeaux, son scénario délaisse quelque peu l'humour pour aborder la culpabilité et le remord.
L'excellent casting offre de superbes rôles à Martin Landau (Jud) et Jerry Orbach (Jack, son frère dans le film). Avec une très belle déclaration d'amour, Woody Allen et Mia Farrow se montrent également délicieux dans des rôles de moindre importance.

Woody Allen trouve ici l'équilibre parfait entre sa veine comique et sa veine dramatique. Les deux facettes se nourissent mutuellement, chargeant l'une de mélancolie et permettant à l'autre d'échapper à la lourdeur démonstrative qu'on trouvait dans "Interieurs" ou "September". Le propos gagne en nuance et en profondeur. En dureté aussi. Le pessimisme de woody trouve dans cette sombre histoire de meurtre et de culpabilité une caisse de résonance toute particulière, ou même son personnage de clown décalé ne s'en sort pas. On pourrait presque parler de cynisme, si le talent du cinéaste ne parvenait à insuffler une vraie humanité à tous ses personnages. Avec ce film, Allen se fait un spectateur désabusé et implacable de son monde : une société opulente et fermée, qui tient par-dessus tout à le rester, et qui est prête à passer par pertes et profits la vie des êtres qui pourraient déranger son confort béat. Ce que dit le film, c’est que toute société est un mensonge et celui qui y prospère a fatalement du sang sur les mains. Le film de la maturité pour Woody Allen. Indispensable.

Un chef d'oeuvre de Woody Allen, annonciateur du brillant Match Point. En effet, les deux films ont pour mêmes thèmes le crime et la chance ( le protagoniste ici appelé Judah parvient à s'en sortir, mais à la différence de Chris, il éprouve du remord quant au meurtre de son amante devenue trop encombrante et, pour ne pas dire hystérique, névrosée ). Martin Landau excelle dans la peau de ce personnage tourmenté, torturé, qui se pose la question du choix moral: peut on tuer ? Peut on continuer à vivre normalement après un acte aussi atroce ? La réponse est pour lui tès claire: c'est possible. Comme Chris ( le héros de Match Point ), Judah préfère préserver son mariage et sa situation professionnelle, au détriment de sa maîtresse névrosée. A sa façon, Crimes et Délits est un drame satirique, nous pouvons même dire qu'il s'agit d'un film engagé, aussi bien au sens politique que philosophique. Et c'est ce qui en fait sa force, sa richesse, sa complexité. Une oeuvre puissante aux résonnances cruelles et cyniques, dans laquelle Woody Allen s'amuse à jouer les spectateurs ( son personnage - Cliff - est réalisateur mais aussi cinéphile ) et devient par là même le spectateur de son propre film ( comme en témoigne son dialogue avec Martin Landau ). Excellent.

"Crimes et délits" est sans doute la comédie dramatique de Woody Allen proposant la réflexion la plus pessimiste sur la nature de l'homme. Le réalisateur entré depuis peu dans la cinquantaine se trouve dans une période plus que difficile concernant sa relation avec Mia Farrow dont on sait où elle le mènera quelques années plus tard. Le sujet du film empruntant à "Crimes et châtiments" de Dostoïevski traite de la culpabilité le plus souvent d'origine religieuse inculquée dès l'enfance qui se révèlerait selon les conclusions d'Allen comme un frein à l'épanouissement, et pire encore pourrait pousser au final leurs auteurs à des actes plus coupables que ceux douloureusement réprimés à force de frustration. Il est donc en pleine résonnance avec l'expérience personnelle que vit le réalisateur au moment du tournage. Initialement le projet nommé "Brothers" était exclusivement centré sur deux couples de frères aux tempéraments et aux conduites de vie diamétralement opposés. D'un côté des principes moraux stricts issus d'une éducation religieuse, de l'autre une faculté à s'affranchir de ces mêmes principes pour se réaliser coûte que coûte lors de ce court passage terrestre qu'est la vie. Judah Rosenthal (Martin Landau) est un ophtalmologiste réputé à la vie parfaitement réglée selon un conformisme bourgeois de bon aloi. Sa liaison adultère avec une jeune hôtesse de l'air (Angelica Huston) lui fait développer un sentiment de culpabilité décuplé quand cette dernière lui impose le chantage classique qui forcera tôt ou tard Judah à affronter ses contradictions. Incapable de se résoudre à franchir le Rubicon, Judah va faire appel à son frère Jack (Jerry Orbach) gérant de boîte de nuit qui va lui proposer une solution radicale mais sans risque. Au cours du tournage, Allen s'est passionné pour ce dilemme remarquablement interprété dans toute sa complexité par Martin Landau qu'il avait d'abord envisagé dans le rôle de Jack. Il a donc choisi de décentrer quelque peu son récit en le fixant sur cette intrigue devenue centrale. Celle concernant les deux autres frères, Ben (Sam Waterston) un rabbin devenant progressivement aveugle et Lester (Alan Alda) un producteur de télévision à succès profitant pleinement de sa renommée sans entrave, servira juste de caisse de résonnance au propos central, tout comme le rôle interprété par Woody Allen petit réalisateur miteux s'abritant derrière des grandes théories sur l'intégrité artistique pour vivre aux crochets de sa femme et dénigrer la réussite de son beau-frère. Ce choix s'avèrera effectivement judicieux tant Martin Landau jusqu'alors uniquement reconnu comme acteur de télévision (Mission Impossible, Cosmo 1999) et de seconds rôles de méchants parvient à exprimer toutes les petites lâchetés de la nature humaine qui expliquent par leurs additions successives comment la vie en société génère assez souvent les plus grandes catastrophes. L'académie des Oscars saluera ce constat lucide et amer de trois nominations revenant à Woody Allen (film et scénario) et à Martin Landau (second rôle masculin). Rarement à pareille fête depuis "Annie Hall" réalisé douze ans plus tôt, Allen s'il n'est pas aussi drôle et brillant sur la forme que dans ses meilleures comédies introspectives, montre avec "Crimes et délits" qu'il est capable de se servir de son art de la dérision pour dresser un portrait assez sombre d'une hypocrisie sociale dont en filigrane, il ne s'exonère pas lui-même.

La pleine réussite de W.Allen, cette oeuvre faisant largement office de chef d'oeuvre, repose sur trois points : un script fabuleux, des acteurs poignants, une réalisation intelligente.

Bien avant "Match Point", Woody Allen aborde déjà le fait de vivre avec une culpabilité sur le dos et de toujours s'en sortir sauf que cette fois, le regard de Dieu sur ces actes est questionné. Plutôt intéressant, le sujet ne décolle pas et le cinéaste ne trouve pas son rythme à la fois au niveau des dialogues et au niveau de la mise en scène, plutôt fade. Dommage.

Ce film raconte l'histoire de 2 personnages qui vont se rencontrer à la fin du film, chacun à un poids sur sa conscience. Woody Allen nous livre encore un très bon film, toujours intelligent et explorant finement les tourments de l'Homme avec en prime un humour noir et coriace.

Woody Allen fait du Woody Allen. Un film sans originalité qui passe sans attirer vraiment l'attention dans sa filmographie tellement longue. Rien de bien marquant dans ce film.

Film divisé en deux stoylines : d'un côté une rom-com très légère assez chiante, et de l'autre un drame très sérieux qui apporte du relief, même si le pseudo-intellectualisme et l'excès de références religieuses peuvent agacer. Difficile en tout cas de comprendre cette association et de mettre en parallèle ces deux storylines très hétérogènes et qui, inhabituellement pour Woody Allen, ne s'imbriquent pas comme on pouvait pourtant s'y attendre. Dans le fond, Crimes and Misdemeanors n'est pas vraiment mauvais mais souffre de ce mélange des genres plus que douteux.

Même si "Crimes et délits" se laisse regarder, il est loin d'être le meilleur film de Woody Allen. Un film qui n'a rien de marquant ni d'original.

Encore un tres bon Woody Allen. Plaisant a regarder.

Le talent de cette belle brochette d'acteurs fait un peu oublié le manque d'originalité et le mélange des genres assez maladroit que propose l'intrigue. Et puis d'est tout de même assez ennuyeux. On est loin du meilleur de Woody Allen.

"Nous nous définissons par les choix que nous avons faits. Nous sommes la somme totale de nos choix".
C'est en exergue le propos final du film. Tout se passe dans la tête de cet homme qui va ou non endosser la culpabilité de son acte.
L'homme vit en effet une vraie torture psychologique par son "choix" et tout est intériorisé dans cette unique pensée qui le ronge et qui devient obsessionnel. Il est intéressant de voir comment WA mêle cela avec son double cinématographique: le réalisateur qui rêve la vie..
On le compare évidemment avec "Match point" bien que ce dernier soit davantage centré sur l'action alors qu'ici on est sur la réflexion, ce qui lui donne au final un rythme moins soutenu.

Un Woody Allen de bonne facture, sans atteindre la qualité de Manhattan ou la Rose pourpre, parmi mes préférés du prolixe réalisateur. Calzenotti de l'Institut Lumière nous l'avait recommandé avec raison. WA pense ici à Bergman surtout à travers le personnage principal de l'ophtalmologiste renommé interprété par Martin Landau. Bien vu les états d'âme d'un personnage en vue, inatteignable et vivant hors du monde réel et qui laisse son frère s'occuper des basses besognes. Revisite des liens parfois délictueux entre stars et mafia, thème récurent du cinéma américain. Belle illustration également de la capacité des familles juives à accepter en interne le questionnement et la remise en cause de toute les formes d'autorité, paternelle ou divine. A coté de lui, Allen fait son numéro de comique psychotique habituel face à Mia Farrow avec des dialogues toujours savoureux du type "la dernière femme que j'ai pénétré depuis longtemps c'est la statue de la liberté". Mais pour une fois, le film ne se réduit pas à l'humour juif de Brooklyn mâtiné de bons morceaux de jazz. DVD1 - juillet 2018

Un des meilleurs films de Woody Allen, une composition trouble et un peu dépressive mais qui se résume aussi par des séquences de délicatesse y compris dans l'horreur ... spoiler: L'arrivée de Judah ( Martin Landau ) chez sa concubine ( Anjelica Huston ) peu après le meurtre m'a bouleversé, Woody Allen capte toute la confusion de la scène et m'a réellement ému !
Le découpage du film est une excellente idée, les chassés croisées entre les deux segments de cette histoire sont passionnants et toujours juste. Woody Allen, comme toujours convoquent des acteurs de grands talents, lui-même en premier lieu mas aussi Martin Landau, Anjelica Huston et bien entendu l'immense Mia Farrow toujours aussi élégante. La relation de son personnage avec Cliff ( Allen ) est déchirante, la scène ou il la retrouve au mariage de sa nièce avec l'homme qu'il déteste royalement est renversante et à pleurer. Crimes et Délits est l'un de mes films préférés du New-Yorkais, je suis sans voix ...