Costa Gavras comme toujours nous sert du lourd avec ce Couperet !!!
D’abord José Garcia qui porte le film avec la subtilité nécessaire en composant un personnage à la fois sympathique et ignoble, froidement logique et chaudement maboul.
Implacable mise en scène de Costa Gavras pour ce film bizarre et inquiétant qui nous tient en haleine de bout en bout.
Disons le d’emblée il s’agit à l’évidence d’un conte…
Toutes les invraisemblances (reproches les plus fréquents des détracteurs du film) sont acceptables, voire nécessaire pour entretenir la nécessaire distanciation entre les agissements de Bruno Davert (J. Garcia) et la réalité sociale qui est le fond du film.
Bien plus, la trame très noire est empreinte d’une forme d’humour qui est très proche de celle qui teinte le « Monsieur Verdoux » de Chaplin ou le « Landru » de Chabrol…
Sombre, très sombre !
Si l’on prête attention à la forme, on trouvera d’autres références au burlesque noir. Par exemple, la scène ou Bruno se retrouve dans une cabine d’essayage avec une de ses victimes potentielles. Comme Charlot qui se démultiplie dans un palais des glaces (Le Cirque) notre tueur devient foule par l’effet des miroirs…
Mais Gavras signe aussi un film à consonance sociale.
Et la critique est acerbe !
Gavras détaille la fracture du monde du travail, les dégraissages, la concurrence, le mépris affiché des chasseurs de tête, les rivalités mises au rang de qualités : mensonges, traîtrises, mépris. Il faut être plus qualifié, plus jeune, coûter moins cher à l’entreprise. Pendant ce temps la famille se déstructure, perd ses repères et ses liens… Autour vrombit la rue avec son lot d'annonceurs publicitaires, d'étalages, de biens : consommer toujours plus pour ne pas se sentir « has been » !
On se croit civilisé.
On est retourné dans la jungle !
Struggle for life !
La lutte pour la survie. Et la survie passe par l’emploi…
Pas étonnant que le capitalisme ait fait du darwinisme social son crédo !
Nul n’est à l’abri : les prédateurs deviennent à un moment ou un autre, à leur tour des proies!
Costa Gavras montre une société en guerre, une guerre économique où les hommes détruisent leurs semblables de manière systématique, irrémédiable.
Et l’on devine sur le dernier plan du film (génial ce simple plan !) ce à quoi conduit cette lutte sans pitié : la menace perpétuelle, la trouille infinie, la fin de la quiètude et du bonheur.
L’anéantissement social !
On dira que dans sa démonstration Costa Gavras n’y va pas avec le dos de la cuiller…
Peut-être.
Mais le monde du capital, des actionnaires prend t’il des pincettes pour « dégraisser », « licencier », délocaliser », partir à la recherche d’esclaves plus soumis, et moins payés ?
Vraiment les hyènes qui menacent le Roi Lion ne sont pas celles que l’on croit !
« LE COUPERET » : une fable qui exorcise les démons de notre société.
UTILE !