9 songs a une critique relativement mauvaise, je le comprends parfaitement. Je peux concevoir que Winterbottom est voulu faire un film expérimental, avec notamment un audacieux mode de narration, mais il faut énormément de talent pour que l’expérience devienne en plus, un bon film. Winterbottom ne l’a pas ce talent ici.
Je commence par les acteurs. Le film repose entièrement sur le duo O’Brien, Margo Stilley. S’ils ne sont pas trop mauvais ils n’ont presque rien à faire sauf à faire l’amour. Par ailleurs, dans des films âpres, j’ai vu nettement mieux en termes de jeu d’acteur, comme dans Bunny Game, seul vrai point positif d’ailleurs de ce-dernier. En clair, deux acteurs honorables pour des rôles moisis, dénués de toute consistance, le résultat est insuffisant.
Le scénario est du même acabit. Il n’y a tout simplement rien. Les scènes de sexe n’ont rien d’enthousiasmant, un film comme Lust Caution met au tapis sans coup férir le métrage de Winterbottom. C’est fade, c’est tiède alors qu’il aurait au moins fallu du piquant et du torride pour réveiller le spectateur. Encore une fois je ne vois pas trop comment un adulte vivant hors d’un monastère et ne pratiquant pas l’abstinence peut être franchement choqué par ce film. Il y a beaucoup de plans implicites quand même (à quelques exceptions il est vrai) et on est loin du caractère un peu crade d’un Tinto Brass par exemple. A coté des scènes érotiques donc, des moments de concerts de musique. Outre le fait qu’ils sont terriblement mal intégrés au reste, ils ne valent guère plus que ce que l’on peut trouver, style vidéos amateurs sur internet. Troisième catégorie de scènes, les passages en Antarctique qui n’apportent absolument rien, si ce n’est quelques scènes un peu rafraichissantes. Tout cela est très mal ficelé, du coup le découpage est haché, tout s’enchaine d’une manière catastrophique. Comme il n’y a aucune substance (ceux qui attendent de la romance seront bien amers à la fin du film car chez Winterbottom l’amour c’est le sexe uniquement), ce sentiment est encore plus terrible, et l’ennui pointe très vite. Cela est d’autant plus impardonnable que le film dure seulement 1 heure 5.
Visuellement, Winterbottom ne se rattrape guère. La mise en scène est trop pépère. Les scènes de concert en particulier sont filmées sans aucune âme, sans aucune recherche, c’est indigne d’un réalisateur expérimenté. Les scènes érotiques sont juste correctes, mais encore une fois il ne suffit pas de faire des plans rapprochés pour donner de la sensualité. L’érotisme est un genre d’une grande difficulté contrairement aux apparences, et Winterbottom n’est quand même pas génial ici. La photographie est convenable, il ne faut pas s’enthousiasmer non plus. Elle est souvent bien tristounette, mais cela est peut-être un choix, et je ne le jugerai donc pas. Les décors sont limités à très peu de chose. Là je veux bien que ce soit un choix, mais ca dessert clairement le film. Alors bien sur, je ne peux conclure sans parler de la bande son. C’est surement ce qu’il y a de mieux. Curieusement les séquences rocks, pourtant pas mal sont bien mal exploitées par Winterbottom, par contre la musique instrumentale, douce et qui berce souvent les images, est une belle réussite, et est là, pour le coup, utilisée intelligemment.
Honnêtement 9 songs est un mauvais film. Beaucoup trop timoré pour être réellement une expérience transgressive (à la différence d’un Antichrist, ou d’un Irréversible par exemple), il n’est par ailleurs pas du tout suffisant sur la forme. Il ne suffit pas de casser la narration traditionnelle basée sur une trame scénaristique, pour faire un film visionnaire. A la limite cela peut convenir dans le domaine des arts vidéos, mais pas du tout pour un long métrage. 1 pour des acteurs passables, une belle musique, une photographie à peu près bonne, et un ou deux passages surnageant.