Troisième long-métrage pour Abdellatif Kechiche, après avoir traité pour sujet principal, le quotidien des sans papiers et des immigrés (La Faute à Voltaire - 2001) et de la banlieue (L'Esquive - 2004), c’est autour de la précarité de l’emploi d’être choisie comme nouveau thème. Une œuvre simple mais humaine, où l’on part à la rencontre de Slimane, un sexagénaire ouvrier immigré qui vient d’être licencié car il n’est plus assez rentable d’après son responsable.
Il a un rêve, celui de retaper un vieux bateau afin de le transformer en restaurant spécialisé dans le couscous (d’où La Graine et le Mulet : la semoule et le poisson !). Séparé de sa femme, il doit faire face à des enfants pas souvent compréhensibles, mais qui finalement, lui viennent tous en aide lorsqu’il doit réaliser son rêve. Mais entre les refus et les difficultés à faire comprendre ce qu’il désire, les choses ne s’avèrent pas si simple pour Slimane. Entre rires, disputes et moments de vérités, Kechiche réussit sans le moindre mal son infiltration dans la vie privée d’une famille hors du commun. Comme l’émission Streep Tease, on suit pas à pas les membres de cette famille, comme si nous y étions. Partageant ainsi des moments de bonheur intense, de joies et de peines, Habib Boufares et Hafsia Herzi sont impressionnants face caméra. L’un reste en réserve, stoïque, alors que l’autre, c’est tout son contraire, elle n’a pas sa langue dans sa poche (mention spéciale pour son interprétation et sa danse finale, à la fois envoutante et sacrificielle, ainsi qu’à Alice Houri, lors de la séquence d’hystérie face à Slimane, vraiment impressionnante !).
Bien que le film avoisine les deux heures trente, on reste facilement captivé et émerveillé par tant de talents et de courages. Une réalisation qui obtenu plusieurs récompenses, dont pas moins de quatre Césars, ainsi que le Prix Louis Delluc 2007 (considéré comme le Goncourt du cinéma).