N'ayant jamais vu aucun film de Sokurov auparavant, et ne sachant pas réellement à quoi m'attendre si ce n'est un travail de la photographie "grandiose", que je confirme par ailleurs, Le Soleil s'avère être un film unique et particulièrement surprenant. Le film démarre avec une lenteur stupéfiante, qui s'installe durant toute la durée. Ce rythme inhabituel, témoignant généralement d'un manque frappant de maîtrise, ne gêne en aucun cas, il nous guide au contraire de façon poétique, la poésie étant un élément important de la narration, dans l'intimité confinée de l'empereur Hirohito, 124e empereur de la dynastie japonaise. Le cadrage se révèle être particulièrement efficace, mettant l'accent sur l'émotion contenue des différents protagonistes, ou agissant dans le but de révéler un trait enfoui de leur personnalité. Tandis qu'un portait enfantin de l'empereur est dressé, les américains sont dépeints comme ayant un comportement proche de la brutalité animale, leur manque évident de tenue contrastant avec la politesse et la courtoisie excessive, ridicule à certains moments, du peuple japonais, représenté par les servants d'Hirohito. Le choix de la caricature met en lumière le contexte de deux cultures antagonistes se découvrant l'une l'autre, caricatures latentes toujours d'actualité. Mais, et afin de conclure,sous ses airs mystiques, symboliques(notamment à travers le culte voué pour les sciences), et fictionnels, le film met en exergue un chapitre essentiel de l'histoire japonaise, celle d'une rupture, tant sur le plan national que mondial, tant sur le plan historique que social.