Derniers Avis sur Solo

L'intrigue de "Solo", peu rigoureuse mais échevelée à la façon habituelle de Mocky, illustre la lutte idéologique et terroriste de jeunes gauchistes contre ce que l'on a pu appelé, à une certaine époque, la France de papa. Nul doute que la sympathie de Mocky est acquise à cette jeunesse dont il veut néanmoins tempérer l'extrémisme et récuser la violence.
"Solo" est le film d'un grand frère anar et bienveillant, comme le démontre le rôle que Mocky s'est réservé et qui le place au coeur d'une course-poursuite pleine de rebondissements. Fataliste et comme revenu des affrontements politiques, Vincent le voleur préconise de dépouiller le bourgeois non pas de sa vie mais de son argent.
Dans l'ensemble, "Solo" est un film sérieux, mais on y trouvera l'esprit de provocation et la causticité de son auteur à travers le mépris que lui inspirent d'indignes notables et la société policière de l'époque. Moins bâclée qu'en d'autres occasions, la mise en scène construit un récit policier cohérent sans nous priver du style Mocky, fait de légèreté et d'approximations, de simplicité et de spontanéité.

Solo raisonne curieusement contemporain dans sa thématique. La traque de jeunes militants d'extrème gauche qui commettent des attentats contre la bourgeoisie financière et en collectif : ils massacrent littéralement une dizaine de personnes. Le film a été tourné peu de temps après 1968, mais cette thématique est encore vivace. Ils sont traqués par la police, et par Jean-Pierre Mocky lui même, parfait dans le personnage, et avec beaucoup de charisme (il avait proposé le rôle à Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, qui ont refusé, il l'a donc fait lui même), qui est le frère de l'un d'eux, mais lui est voleur de bijoux de gens riches, plutôt que de tuer, il vole.
Jean-Pierre Mocky construit une histoire où il se retrouve à aider son jeune frère qui fait partie de ces militants. Le film contient des lignes de dialogues brillantes et qui sonnent très modernes, notamment pour toute les scènes entre Jean-Pierre Mocky et Anne Deleuze seule femme militante du groupe de terroristes.
Comme d'habitude Mocky construit une histoire où tout va très vite, sans plan inutile, sans seconde inutile où de multiples poursuite s’enchevêtrent : Jean-Pierre Mocky essai de retrouver son frère avant la police, Anne Deleuze essai de prévenir le groupe qui essai de se regrouper, pendant que la police progresse et se rapprochent d'eux. Tout ceci est parfaitement entremêlé par les scénaristes Jean-Pierre Mocky et Alain Moury.

Un polar désenchanté sur les déçus de 68 qui traquent à feu et à sang la bourgeoisie, à l’atmosphère prenante (à défaut du scénar) accompagnée par la douce et envoûtante BO de Georges Moustaki.

Un Mocky qui ne m a pas franchement emballé, peut être parce que dans ce Solo il se prend un peu plus au sérieux et n apporte pas sa gouaille habituelle. Son suspens policier ne prend pas, sa déception de Mai 68 qui transparaît donne lieu à une charge plutôt timide. Son manque de moyen se voit aussi plus que dans ses meilleures réussites. Dommage.

j'ai vu un film... très post-68, avec une jeunesse en révolte contre les schémas de société mortifère... Le film est mené tambour battant, et commence par un attentat lors d'une partie fine avec des notables et des jeunes filles... Attentat mené par un groupe d'étudiants...

C'est un polar prenant, avec des dialogues fortement teintés d'idéologie et la BO est entêtante et nous accompagne constamment... Jean-Pierre Mocky, réalisateur, se dirige avec brio. Le personnage fait pensé à un Alain Delon des grands jours. Beau, silencieux, charismatique et très physique...

C'est un film mélancolique qui m'a beaucoup touché...

Un Polar peu connu, signé Jean-Pierre Mocky. Malgré quelques incohérences, son scénario noir, sexiste et subversif, tient bien la route ; il nous propose une histoire mouvementée et un suspense bien soutenu.
Avec son charisme et sa belle gueule, Jean-Pierre Mocky réalise également une bonne prestation d'acteur. Il est joliment secondé par Anne Deleuze dans le rôle d'Annabel la jeune et jolie anarchiste.

"Solo" représente la face sombre de l'oeuvre de Mocky, celle où la farce laisse place à un romantisme mêlé de désespoir. Remarquablement mis en scène, le film est tout à la fois un brulot anticapitaliste, un film noir qui s'inscrit dans la meilleure lignée du cinéma américain (le Wise de "Odds Against Tomorrow") et un témoignage sur le ras-le-bol post soixante-huitard où le terrorisme est la seule voie identifiée par une jeunesse aussi excédée qu'aveuglée. Assurément, un long-métrage important de la production hexagonale des années 70 et une des grandes réussites de son auteur.

Solo est un film réalisé par Jean-Pierre Mocky et sorti en 1970.
Ce film a une thématique réellement intéressante : un constat à chaud post-mai 68. Le rythme du film est plutôt bon, on ne s'ennuie pas. En revanche, si globalement les performances des acteurs sont bonnes, certains acteurs sont peu convaincants, notamment Anne Deleuze qui n'est pas toujours juste. En outre, la post-synchro du film laisse à désirer et c'est un peu agaçant lors du visionnage. En outre, le scénario part dans tous les sens et semble quelque peu invraisemblable dans le déroulement des événements (la timeline semble assez resserrée pour autant de péripéties). Enfin, la réalisation est parfois bancal, avec une utilisation abusive du champ-contrechamp en gros plan assez irritante.
Partant d'une bonne idée, Solo est une déception sans être une catastrophe. A réserver aux fans de Mocky.

Des dialogues assez savoureux et un Jean Pierre Mocky qui me fait penser à Clint Eastwood. Par contre le film traîne un peu en longueur surtout vers la fin. Malgré tout ce film reste positif et m'a permis de découvrir à la fois un formidable acteur et un grand réalisateur.

L’après mai 68 a pour certains le goût de l’amertume, voire de la frustration. Une jeunesse entend poursuivre le combat et dézingue à tout va la société qui lui parait complètement dépravée. Quand la police se met à la poursuite des auteurs des fusillades, elle trouve sur son chemin un individu qui à-priori n’avait rien à y faire, mais qui se prend malgré tout les pieds dans le tapis des anarchistes présumés. Le constat du réalisateur est peu amène pour cette société post soixante-huitarde qu’il dénonce pour la violence et la duplicité ambiante d’un système qui de part et d’autre use des mêmes stratagèmes. Il est simplement dommage que la mise en scène s’imbrique dans un fourre-tout généralisé par des événements peu vraisemblables et un jeu d’acteurs assez hésitant. Ce sont des jeunes encore peu connus, il est vrai, à l’exception du héros que Mocky interprète avec brio.
Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com

Jean-Pierre Mocky est généralement connu pour ses comédies. Cependant, il lui arrive parfois de faire des films sérieux comme Solo. Étant une réaction à sa déception de Mai 68, ce film traitant de l’extrême-gauche révolutionnaire et violente ne possède effectivement pas une once d’humour. Hélas, malgré un thème musical récurrent assez beau composé par Georges Moustaki et des critiques assez positives à sa sortie, le résultat n’est pas si prenant que cela à cause d’une interprétation pas très crédible (mais qui ne possède pas le phrasé si particulier du cinéaste) et d’un manque de moyens assez évident (il est difficile de croire un seul instant au faux sang de la séquence d’ouverture). Un film réalisé avec le cœur (ce qui est sûrement le cas) n’offre pas toujours un résultat équivalent aux ambitions. Solo en est la preuve.

Mon premier Mocky, et peut-être le dernier. Le scénario patine, les dialogues sont sur-écrits et mal joués, la réalisation est laide et terne, et le propos politique qui sert de toile de fond à l’histoire est caricatural et sans intérêt. Le film a quand même le mérite de photographier une époque et la musique est sympa.

Ce film fleure bon les années 70 contestataires qui dénonçant la société de consommation montre des bourgeois caricaturaux tout juste bons à être massacrés et des terroristes en train de les massacrer ,montrés sous un aura romantique révolutionnaire.
Le film a à la fois le charme d'un néo polar à petit budget et un côté presque poétique ( dans son jus ) car ayant un regard datant de l'époque des faits et donc non reformaté par rapport à notre mentalité d'aujourd'hui.
A noter tout particulièrement le leitmotiv musical de Georges Moustaki qui colle bien au film et la scène finale dans la gare qui a une certaine gueule.
Cela dit, sans tomber dans le politiquement correct, le film a un côte simpliste et primaire de gauche ( Jean Pierre Mocky ayant un regard à peine distancié sur des jeunes qui sous couvert de vouloir changer la société massacrent plus que la bande à Baader et les brigades rouges réunies) .
je préfère Mocky avec son côté anar quand il fait des comédies se moquant des bourgeois plutôt que ce film semi sérieux qui sans justifier les actes criminels d'idéologues terroristes (rappelant le groupuscule action directe) semble les comprendre quand même.

Solo ancre son polar dans les années post-mai 68 et orchestre les retrouvailles tragiques de deux frères que tout oppose – l’un entend changer radicalement la société alors que l’autre ne veut que l’exploiter – dans un climat de paranoïa nationale que Mocky saisit parfaitement. Car c’est l’Histoire en train de s’écrire qui empêche à la famille de se reformer, une Histoire comme résiduelle, tournée vers la révolution passée dont les étincelles continuent d’enflammer certains groupes soucieux d’achever ce qui n’a été, à leurs yeux, qu’entamé. Le cinéaste adopte le point de vue d’un petit fait divers et refuse tout discours lénifiant qui prônerait une idéologique particulière : c’est par le geste cinématographique que la charge corrosive de Mocky se répand dans l’entièreté de son long-métrage. Geste où se croisent de nombreuses influences, où s’emmêlent film noir et comédie, drame familial et chronique sociale d’une France encore en guerre avec une jeunesse suspecte et diabolisée par les médias. La musique de Georges Moustaki drape cette longue et ténébreuse course-poursuite d’un tissu mélancolique où s’incarne la fatalité de retrouvailles impossibles. Solo est une œuvre forte sur la solitude éprouvée dans la révolte, un cri lancé dans la nuit à l’encontre des puissances hypocrites que les discours moralisateurs déclamés au grand jour n’écartent nullement des plus obscènes parties fines.

Très bon polar politique (annonçant ceux de Manchette et du cinéma des années 1970 ) où l'on comprend un peu mieux la posture de l'homme Mocky : trop intelligent et cynique pour adhérer aux idéaux révolutionnaires post-soixante-huitards extrémistes comme certains le feront jusqu'au crime (il prévoit en cela les Action Directe, Fraction Armée Rouge et autres Brigades Rouges) mais incapable de se ranger à l'ordre petit bourgeois et à ses frasques sordides (parties fines et partouzes tristes), il adopte la position du voleur-cambrioleur (dandy solitaire, d'Arsène Lupin à Georges Randal-Belmondo) dont le geste, s'il n'est pas intéressé, peut devenir subversif en restant artistique, et développe une sorte d'humanisme désenchanté en tentant de sauver malgré tout son frère, terroriste d'extrême-gauche, tout autant que les victimes qu'il promet de faire. Il y trouve, si ce n'est l'amour (il n'en plus capable), tout au moins la chaleur humaine d'une relation possible avec une femme, complice de son frère, mais aussi (pessimisme incontournable de Mocky), la mort. Tout est donc dit : plutôt l'anarchisme humaniste et libertaire que le gauchisme extrémiste meurtrier ! Si l'un et l'autre sont vains pour changer la Société et l'Humanité, ont moins le premier ne fait-il pas de victimes ! Quant au film, l'ambiance est quasi exclusivement nocturne (travail délicat du chef op sur les lumières), souvent parisienne (du quartier latin à celui de la Gare, XIIIe arrdt) faisant la part belle aux belles bagnoles (une Ford Mustang entre autres) et aux p'tites pépées bien roulées. Le jeu des acteurs oscille entre la froideur théâtrale de la Nouvelle Vague et la dure rigueur du propos toujours grave. C'est pas des rigolos ! Le scénario se tient parfaitement bien et le montage ne laisse aucun temps mort, mais si le rythme reste volontairement lancinant, à l'image de la musique, comme une mécanique qui se déroule vers sa fini inexorablement négative et immorale.