Rutabaga

Bien qu'empruntant dès le début des sentiers battus maintes et maintes fois, Rutabaga. nous emmène tout à fait ailleurs, à l’intersection des routes du classique et de l'insolite. Comme souvent chez Julien Botzanowski, jeune réalisateur déjà auteur de plusieurs courts et longs métrages, les pistes sont entremêlées pour esquiver la banalité. Dans ce futur gîte isolé en pleine forêt, où le journaliste (interprété par l'auteur-réalisateur) a été invité pour écrire un publireportage, ce sont d'abord de curieux sons extérieurs qui se manifestent, puis des pannes de voiture ou d'ordinateur. Pourtant rien de particulier chez les hôtes, une vieille dame plutôt avenante, une employée arrivée récemment, un propriétaire très pragmatique. En fait, comme dans les meilleurs films fantastiques, l'étrange et le bizarre vont s'insérer par petites touches, et distordre la réalité. La grande force du scénario est de ne pas s'égarer dans l'explicatif ou dans l'effet gore et choc (jumps cuts et jumps scares vus dans la majorité des films actuels) mais de rester toujours proche de ses personnages pour nous les rendre le plus familier possible. La petite originalité, c'est le rire (subtil) qui se greffe lors de courts moments savoureux, notamment le côté un peu lunaire et ahuri du protagoniste principal très vite dépassé par les évènements. Comme quoi, les films d'atmosphère qui privilégient la sobriété restent les plus marquants. A ne pas manquer.

J'ai pu découvrir le film hier lors d'une projection privée et je peux dire chapeau au réalisateur qui nous présente ici une oeuvre tout à fait remarquable. Petit budget, faibles moyens mais le coeur et la passion y sont et ça se ressent !