Titre : À toi qui vit 4 ans plus tôt
Se lancer dans une authentique critique d'une œuvre comme Shingeki no Kyojin se révèle être une tâche particulièrement ardue. La série est d'une telle richesse qu'il faudrait l'explorer sous tous ses angles pour pouvoir espérer proposer un résultat vraiment complet.
On pourrait décortiquer la brillance et l'ingéniosité de l'écriture, toujours parfaitement maîtrisée dans le but de contrôler les pensées et émotions du spectateur, pour le guider dans l'opacité de cet univers qui gagne en épaisseur au fil des épisodes.
On pourrait passer une demi-heure à analyser chaque scène de chaque épisodes, pour déceler la subtilité symbolique des détails et la manière dont ils vont participer à la construction de l'intrigue ou annoncer des événements futurs.
On pourrait s'attarder sur l'intelligence du travail fait sur l'évolution des personnages et leur psychologie, sur leurs destinées souvent brutalement perturbées par la fatalité d'un monde où la pitié n'a pas sa place.
On pourrait louer le rôle exceptionnel des Seiyus et la beauté des paroles prononcées.
On pourrait lister pléthores de moments mémorablement épiques, des charges et discours héroïques dignes du Seigneur des anneaux, en passant par les fameuses transformations, amorcées par ces éclairs jaunes-orangés striant le ciel.
On pourrait s'émerveiller devant cette animation magistrale, qui nous fait vivre ces mouvements tridimensionnels si particuliers, ces lumières et reflets scintillants sur les vertes prairies, cette bande-originale grandiose toujours parfaitement ajustée.
On pourrait disserter des heures sur l'immensité philosophique de l’œuvre, au travers des propos qu'elle énonce et des concepts qu'elle aborde. Sur la condition d'une humanité traitée comme du bétail qui doit s'unir pour survivre, sur les thèmes de liberté et de sacrifice, sur les notions de bien et de mal.
On pourrait s'attarder sur la beauté et l'importance des openings et endings, chargés d'indices et de symboles sur l'intrigue.
On pourrait tenter de mesurer l'impact qu'a eut cette série sur toute une génération d'adolescents, d'adolescentes et de jeunes adultes, ainsi que la place qu'elle détient au sein du panthéon de l'animation japonaise.
Ou alors, on peut tout simplement être reconnaissant.
Reconnaissant envers Isayama-sensei, qui a donné naissance à Shingeki no Kyojin.
Reconnaissant envers Wit studio, sans qui l'anime n'aurait jamais vu le jour.
Reconnaissant envers ce "nous" du passé qui, attiré par ce synopsis alléchant, a appuyé sur le bouton play pour lancer le premier épisode.
Nous étions peut-être sur notre canapé, sur une chaise de bureau ou dans notre lit, quand on a découvert ce petit garçon se réveillant d'une sieste sous un arbre, les larmes aux yeux, incapable de se souvenir du rêve qu'il venait de faire.
Pour moi, c'était un soir, au début de l'année 2017.
À toi, qui vit 4 ans plus tôt : Merci.