Après "Preacher", le turbulent Garth Ennis voit un autre de ses controversés comics adapté sur petit écran grâce notamment au tandem Seth Rogen et Evan Goldberg qui co-produisent la série. Forcément irrévérencieuse, l'adaptation suit un monde peuplé de super-héros ultra-médiatisés et un jeune homme cherchant vengeance lorsque sa petite amie est tuée sous ses yeux par l'un de ces héros. Un "accident" que la société Voight, gérant les plus grands sups d'Amérique, souhaite étouffer, comme apparemment beaucoup d'affaire similaires. Mais ce brave Hughie, accompagné dans sa mission par Billy Butcher et ses Boys, ne l'entend pas de cette oreille... Ça, c'est le début du pitch, le reste sera plus ou moins fidèle au matériau de base jusqu'à un certain moment où la série va voler de ses propres ailes et réduire le scénario imaginé par Ennis. Tout aussi violent aussi bien graphiquement que scénaristiquement, "The Boys" joue l'anti-film de super-héros en dévoilant des pastiches des membres de la Justice League avec une certaine dérision : Homelander (génial Antony Starr) est un Superman imbu de lui-même et bien conscient d'être la pierre angulaire du groupe, Maeve (Dominique McElligott) est une Wonder Woman froide mais torturée, A-Train (Jessie Usher) un Flash drogué jusqu'à la moelle, The Deep (Chace Crawford) un beau gosse amphibien que personne ne prend au sérieux (coucou Aquaman !), etc, etc. Et voilà que débarque dans l'équipe la jeune Chrétienne Starlight, forcée de faire une pipe à l'un des héros pour son premier jour et désormais consciente que cette équipe n'est qu'une mascarade pour le public. Dans "The Boys", les super-héros sont des salauds, des hypocrites, des violeurs qui ne pensent qu'à leur image, leur popularité, leur petite personne. Un univers intéressant dépeint ici avec ce qu'il faut d'humour noir et de cynisme pour ne jamais s'ennuyer, le casting étant à la hauteur (notons la présence de Simon Pegg en père de Hughie, l'acteur britannique ayant lui-même servi de modèle pour le Hughie du comics) et la mise en scène d'une rare efficacité où idées et SFX de qualité sont au rendez-vous pour vous faire oublier le côté cheap habituel des séries à CGI. Ternie par un scénario devenant particulièrement conventionnel en fin de parcours et un cliffhanger a la mode terriblement dispensable (seulement 8 épisodes alors que 10 auraient boucler la boucle), la série tient globalement toutes ses promesses et nous fait passer un très agréable moment. Les personnages sont suffisamment développés (différemment que dans le comics, notez bien) et les séquences d'action maîtrisées à l'instar de dialogues percutants (Karl Urban qui définit son équipe en prenant exemple sur les Spice Girls relève d'un Tarantino en grande forme) et d'une fuck you attitude omniprésente. Dommage donc pour ce dernier épisode clairement raté et du personnage de Frenchie, un Français pas vraiment français, qui viennent principalement flétrir une œuvre très fendarde. En espérant une saison 2 un poil plus osée.