J'avoue que j'ai pas mal hésité avant de tenter « L'Agent immobilier », la promesse d'une rencontre entre « Blier et Kafka » pouvant intriguer, mais laissant quand même imaginer quelque chose de particulièrement bizarre. Finalement, ça l'est, mais pas tant que ça. Une bonne dose d'absurde et de déprime, incontestablement, sans que cela ne soit trop pesant ou pénible. Le premier épisode démarrait même sur des bases asses élevées, exploitant avec soin ses décors (souvent glauques), mettant bien en avant le côté assez sale du propos, ne ménageant pas un héros totalement « loser », subissant presque complètement les événements au point de se retrouver dans une situation quasi-inextricable. Presque un topo de Film noir, agrémenté d'une touche de
fantastique
inattendue dans les dernières minutes. Dommage que l'intérêt diminue par la suite, n'exploitant que partiellement ce potentiel, notamment à travers le personnage du père, pourtant prometteur, avec un Eddy Mitchell presque sacrifié pour l'occasion. La ligne directrice est alors moins évidente, et s'il y a toujours quelques moments, personnages pour apporter un peu de sel, le plaisir
(je pense notamment aux voyages dans le passé)
, l'intérêt est moins présent, l'impression de répétition n'étant pas totalement évitée. Maintenant, cela a au moins le mérite de sortir de l'ordinaire, de ne pas chercher le consensus à tout prix. Les protagonistes ne sont pas fades, n'ont rien d'héroïques mais font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont, essaient de rattraper leur erreurs passées... Dans ce drôle de registre, Mathieu Amalric s'avère à l'aise, collant bien à l'univers étrange et singulier d'Etgar Keret, ce choix de terminer sur une note assez douce, plutôt optimiste, s'avérant inattendue, mais assez concluante. Bref, malgré cette difficulté à tenir la distance, « L'Agent immobilier » reste une curiosité tranchant avec le tout-venant : ça se tente.