Un mélange malin puisant ses influences chez Tarentino, les frères Cohen et Sergio Leone disons, pour ce qui concerne l'ambiance. Un mélange un poil toxique, parfois décalé, addictif souvent, et c'est bien ce à quoi on peut s'attendre en visionnant une intégrale de Breaking Bad, puisqu'il y est question de drogues dures !
Comme nombre de séries au long cours, ça s'étire à l'excès, on n'est pas aux States pour rien... Selon moi, sur 5 saisons le scénariste aurait pu en gratter une demie. J'aime bien la mise en place des saisons 1 et 2, avec son côté foutraque, bricolage de génie, jusqu'à la montée en puissance de la période Fring, période comptant peut-être le plus d'épisodes inutiles (dont celui qui a servi d'archétype du superflu à nombre de critiques, le célèbre épisode de la mouche qui nous prend pour des cons). La saison 4 démarre plan-plan
mais débouche vers une guerre des gangs, bien sûr
, puis tout s'accélère après le milieu de la 5 jusqu'à un final au cordeau qui m'a mis sur le cul.
Tout ça est fort bien gambergé, mais c'est surtout l'évolution des personnages qui donne à la série son impact. La montée en puissance du côté obscur de Walt bien sûr,
qui le transforme peu à peu en quelqu'un d'inquiétant chez qui les démons cherchent à prendre le dessus
; le parcours façon montagnes russes de Jesse (mon personnage préféré peut-être) luttant contre le désespoir
jusqu'à son entrée en esclavage, belle métaphore typique du camé
; l'effacement chez Hank de son côté "beauf-relou" qui laisse place à sa perspicacité d'enquêteur tenace, après un passage à vide trompeur ; chez Skyler enfin, la métaphore de l'engrenage qui prend bien des formes et reste souvent crédible, faisant d'elle un caractère intéressant, beaucoup moins manichéen que sa soeur Marie. Plus raisonnables et soucieuses d'humanité que les hommes (comme souvent dans la vraie vie), les femmes sont d'ailleurs bien sûr moins présentes dans le milieu ô combien inquiétant de la drogue, quoiqu'on ait un beau specimen de froide gangstère névrotique avec Lydia et que Jane, pendant le peu de temps qu'elle intervient, apporte à Jesse une belle part d'humanité.
Bref, entre les clins d'oeil décalés teintés d'ironie ou de dérision, les références à l'éthique et les plongées réalistes dans le monde de la drogue, une série complexe et riche qui reste en tête et laisse des traces. A voir, sans aucun doute.