Souvenez-vous, en 2023, c'était la soupe à la grimace pour les nominations des réalisatrices aux César. Leur absence totale des nominations dans la catégorie meilleure réalisation - une première depuis 2014 ! - avait été vivement commentée, et ce dès l'annonce des nominations.
Alors que l'année 2022 avait été à plusieurs égards exceptionnelle pour les réalisatrices françaises (des récompenses internationales, des succès public, une vive diversité de genres de films...), cette absence avait de quoi surprendre. La cérémonie avait finalement été une belle chambre d'écho à la belle année des réalisatrices, grâce notamment au discours très élégant de Virginie Efira.
En 2024, les choses ont bien changé. "Fierté", "respect", "un tsunami"... Autour du succès d'Anatomie d'une chute, c'est la revanche des réalisatrices françaises aux César 2024. Sur 5 nominations possibles, 3 places sont pour des réalisatrices, en l’occurrence Catherine Breillat pour L'Eté dernier, Jeanne Herry pour Je verrai toujours vos visages, et bien sûr Justine Triet pour Anatomie d'une chute.
A l'occasion du diner des nommés qui se tenait il y a quelques jours, AlloCiné a interrogé plusieurs réalisatrices, scénaristes et actrices sur le sujet.
"Je viens d'apprendre que c'était un record !", nous lance du tac au tac Virginie Efira ! Quel record ? Celui du nombre de femmes nommées dans la catégorie meilleure réalisation.
Les meufs ont fait des bons films !
"Ça m'inspire qu'on défie les statistiques qui nous disent qu'il n'y a que 25% des réalisateurs qui sont des réalisatrices en France !, nous répond la réalisatrice et scénariste Jeanne Herry, multi-nommée ce soir avec Je verrai toujours vos visages. Donc ça veut dire qu'on a bien taffé. Les meufs ont fait des bons films ! Pas que celles qui sont nommées d'ailleurs, et pas que cette année non plus. Les Français en général font de bons films, et c'est vrai que les meufs ont bien bossé !"
Les cinéastes Valérie Donzelli et Audrey Diwan, nommées ensemble pour L'amour et les forêts, dans la catégorie meilleur scénario adapté, commente à leur tour cette année record. "Qu'est ce que ça m'inspire ? Du respect !", lance Valérie Donzelli. "J'ai quand même le sentiment que c'est logique, que le cinéma n'est pas circonscrit au genre, et je ne tombe pas de ma chaise en disant que sur 5 très bons films, il y en a 3 qui sont réalisés par des femmes. Ça veut dire aussi que l'industrie change", complète Audrey Diwan.
Justine Triet, c'est génial ce qui lui arrive
"J'ai l'impression que c'est un cinéma plus diversifié que d'habitude, et avec de vrais risques. Par exemple, le film de Catherine Breillat, poursuit Virginie Efira à notre micro. Justine Triet que je connais très bien, c'est génial ce qui lui arrive. Elle continue dans une logique totalement personnelle et pensant que personne n'irait le voir. Elle précise tellement son geste qu'elle réussit à atteindre cet endroit."
Et de conclure : "Ce qui est super chouette c'est qu'on a une diversité de film qui en plus on plu au public, mais qui ne se sont pas défaits d'une exigence, et de regard, et de fond et de forme. J'étais dans deux films cette année, et dans celui de Valérie Donzelli, il y a une recherche formelle, il y a le sujet abordé. Il y a vraiment quelque chose de singulier, d'important, de nouveau..."
Pour mémoire, une seule réalisatrice a, à ce jour, remporté le César de la meilleure réalisation : c'était il y a 24 ans, Toni Marshall et Venus Beauté Institut. Vers un deuxième trophée historique ce soir ?
La 49ème cérémonie des César se tient ce vendredi 23 février 2024. Elle est retransmise en direct et en clair par Canal+, depuis la mythique salle de L'Olympia à Paris, dès 20h45.
