Après Meryl Streep et le Studio Ghibli, c'est une autre immense figure du cinéma, George Lucas , qui a été célébrée au Festival de Cannes lors de la cérémonie de clôture de la 77ème édition, après une grande masterclass donnée aux festivaliers.
Papa de deux franchises culte - Star Wars et Indiana Jones - qui a redonné ses lettres de noblesse aux blockbusters et films d'action de grande envergure, le scénariste, producteur et réalisateur a reçu une Palme d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
La maîtresse de cérémonie Camille Cottin a d'ailleurs lancé la cérémonie de clôture sur la musique mythique de Star Wars, avec un discours projeté sur grand écran et défilant comme les panneaux d'introduction des films intergalactiques.
Avec cette Palme d'or d'honneur, le Festival de Cannes salue "l’une des plus grandes personnalités du cinéma contemporain, un homme au parcours hors norme qui fait rimer grand spectacle avec innovation, mythologie avec modernité et cinéphilie avec technologie".
Outre ses réalisations et productions dans le cinéma d'action et de science-fiction avec sa société Lucasfilm et ses filiales rachetées par The Walt Disney Compagny, George Lucas est également célébré pour son rôle de visionnaire et de pionnier dans l'industrie de l'effet visuel et sonore grâce à ses sociétés Industrial Light & Magic et THX.
Lucas et Coppola, deux grands du cinéma réunis
Ce grand monsieur du cinéma a pu constater dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals de Cannes combien son ambition, sa vision et sa passion ont marqué Hollywood et le 7ème art. Et après un montage à sa gloire, à sa vie et son œuvre, c'est Francis Ford Coppola, en compétition cette année avec son œuvre de science-fiction Megalopolis, qui lui a remis sa Palme d'or d'honneur.
Il faut dire que le réalisateur de la trilogie du Parrain est un de ses amis les plus proches, avec qui il a définit le Nouvel Hollywood en compagnie de Martin Scorsese, Brian De Palma, Dennis Hopper, Michael Cimino et Steven Spielberg. Et George Lucas a pu faire ses débuts dans l'industrie grâce à Francis Ford Coppola, qui l'a aidé à produire son premier long-métrage THX 1138, sorti en 1971.
"Le Parrain" qui a pris sous son aile George Lucas a donc soutenu son ami et lui a livré un témoignage fraternel émouvant.
"C'est tout à fait exceptionnel pour moi d'être présent ici pour rendre hommage à l'imagination, au succès et à la persévérance de mon camarade ici présent. J'ai rencontré George Lucas lorsqu'il était étudié étudiant à l'Université de Californie du Sud, école de cinéma concurrente de la mienne à l'Université de Californie, à Los Angeles.
Il était venu me voir sur le tournage de mon premier film de studio avec une équipe beaucoup plus âgée que moi et dont les membres étaient tous en costume cravate. J'ai demandé à ce garçon de 19 ans, habillé de façon informelle en T-shirt, ce qu'il regardait. Il me répondit: Pas grand-chose. Heureux de trouver quelqu'un de ma génération, je lui proposais de revenir chaque jour, à condition qu'il fasse une brillante suggestion chaque jour, ce qu'il fit avec brio.
C'est ainsi que commença notre amitié qui n'a jamais cessé. J'ai suivi toute sa carrière semée d'idées brillantes, comme le premier film avec des chansons de son époque, le premier film qui se termine sur une brève explication de ce qui est devenu chaque personnage, et encore le premier film dont le titre apparaît au milieu. D'idées brillantes qui ont marqué l'histoire du cinéma, l'histoire des scénarios, l'histoire commerciale du cinéma.
Et maintenant, l'histoire continue en France, le pays où est né le cinéma grâce aux Frères Lumière et où le cinéma y est célébré avec le plus de ferveur et de passion. Je me souviens aussi de cette journée de tristesse où il s'était senti rejeté. Il avait rencontré les ayants droit de Flash Gordon, cet astronaute d'une bande dessinée futuriste créée en 1934.
Il lui avait été dit qu'il n'était pas assez important pour qu'on lui confie ce personnage célèbre, star de plusieurs films qui avaient égayé son enfance. Puis, il me fixa et me dit: Très bien, je ferai mon propre film et je l'intitulerai Bataille d'Étoiles ou Guerre des Étoiles ou quelque chose du genre. Et c'est ce qu'il fit en risquant tout ce qu'il avait pour y arriver.
Félicitations, cher George. Non seulement tes nombreux amis et moi-même sommes fiers de toi, mais le monde entier est ici pour te rendre hommage."
"Je ne suis qu'un gamin"
Après le discours émouvant de son ami Francis Ford Coppola avec qui il a partagé un câlin, George Lucas a remercié le Festival pour cette Palme d'or d'honneur.
France Télévisions
"Merci Francis, je ne m'y attendais pas. C'est un grand ami. C'est comme un grand frère. Il m'a toujours soutenu et je le remercie pour tout ce qu'il a toujours fait pour moi. Je voudrais remercier le Festival de Cannes, remercier mon co-scénariste, mon ingénieur du son, de grands amis qui sont venus ici à Cannes m'accompagner.
D'ailleurs, nous étions à Cannes ici à l'époque, il y a 52 ans. Nous étions ici ensemble pour présenter mes premiers films, c'était d'ailleurs à la quinzaine des réalisateurs. Il tombait des cordes ce jour-là à Cannes. Nous nous sommes faufilés dans la salle parce que nous n'avions guère d'invitation.
C'est une deux boucles qui se ferment un peu. Je suis venu ici aujourd'hui pour vous remercier tous. Moi, je ne suis qu'un gamin qui a grandi au milieu de la Californie, au milieu des vignes et qui a fait des films à San Francisco avec mon ami Francis.
Nous avons donc fait toute notre carrière en parallèle, notamment à San Francisco. En fait, moi, je n'ai jamais fait de film à Hollywood en tant que réalisateur. Donc, c'est un grand honneur d'être ici. Je peux vous le dire. Et je vous remercie du fond du cœur."
