On ira : est-ce que le film est inspiré d'une histoire vraie ?
Brigitte Baronnet
Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

"On ira", premier long métrage d'Enya Baroux, actuellement au cinéma, est-il inspiré de faits réels ou est-ce une fiction pure. Voici la réponse.

On ira a débarqué au cinéma ce mercredi, précédé par une belle tournée d'avant-premières et un bon bouche à oreille (la note spectateurs AlloCiné s'élève à 4,3 sur 5).

Pour son premier long métrage, Enya Baroux, s'intéresse à un sujet délicat, le suicide assisté, et l'accompagnement vers la fin de vie. Comme la jeune réalisatrice a pu l'expliquer à l'occasion de la promotion du film, On ira est dédié à sa grand mère dont elle était très proche, et l'histoire s'inspire du lien très fort qu'elle entretenait avec elle.

Ce projet qui a nécessité 7 ans de travail et de gestation est avant tout une oeuvre de fiction, mais dont l'idée a été déclenchée par l'envie d'Enya Baroux d'imaginer une histoire sur sa grand-mère.

C’était en réaction à ce que j’avais vécu avec ma grand-mère

"Lorsque j’ai perdu ma grand-mère, dont j’étais très proche, j’ai immédiatement voulu écrire un long métrage sur elle mais l’axe du film ne se dessinait pas encore. (...) En vivant cette période difficile de deuil, pourtant, j’ai eu le sentiment que je pourrais le désacraliser, en rire même, à travers une comédie, car c’est un sujet universel.

Une fiction pour rendre hommage à sa grand-mère

Lorsque j’ai confié à mon ami, coscénariste et producteur Martin Darondeau mon envie de mettre en scène un film sur la fin de vie, le deuil et la famille pour observer d’une autre manière le drame que je traversais, il m’a encouragée à le faire et nous nous sommes lancés. (...)

Ma première envie était de filmer un road-trip sur une grand-mère qui faisait le choix d’un dernier voyage en famille plutôt que de se soigner."

Et d'ajouter : "C’était en réaction à ce que j’avais vécu avec ma grand-mère car étant atteinte d’un cancer, elle a eu une fin de vie tristement banale à l’hôpital et j’avais été traumatisée de voir que cette femme forte, autonome, qui avait élevé mon père seule, pouvait finir sa vie en étant très dépendante, médicalisée et diminuée.

Avec ce film, je voulais lui imaginer une autre issue

Avec ce film, je voulais lui imaginer une autre issue et à cette occasion, comprendre quelles alternatives se posaient à notre système français et à notre rapport assez froid à la mort. À partir de là, je me suis intéressée au suicide assisté, sujet que nous abordions fréquemment avec ma grand-mère et avec lequel elle était en accord - même si elle n’a fait aucune démarche dans ce sens. Le voyage que j’ai imaginé pour Marie est donc devenu celui qui mène vers une mort choisie."

Enya Baroux tenait à ce que son film reste lumineux et joyeux, malgré la gravité du sujet, d'où cette approche très fictionnée.

"C'est une comédie qui reflète ces moments de vie. Je sais que ça me tenait à cœur de traduire des moments que j'ai vécu, des fous rires à des enterrements, des moments absurdes dans des hôpitaux. Je me souviens que quand ma grand-mère est partie, on lui a fait une cérémonie super joyeuse. On était très tristes, mais j'ai essayé de faire un discours marrant, les gens on rit. Essayer de faire rire dans des moments durs, c'est trop bien. C'est ce qu'on a envie d'essayer de faire ressentir aux gens. Personne n'a envie de se complaire dans la tristesse. Parfois, ça fait du bien d'être triste."

Sur le plateau de C à vous, Enya Baroux a ajouté : "Ma grand-mère était pour la liberté de choisir sa fin de vie, pour autant elle ne l'a pas fait. Grâce à la magie du cinéma, j’ai décidé de lui écrire une fin de vie plus à son image."

Même s'il s'agit d'une fiction, le film a inévitablement une portée sociétale, et ouvre matière à débat sur la fin de vie. Il est d'ailleurs prévu que le film soit présenté à l'Assemblée Nationale.

"Ce serait mentir que de ne pas voir On ira comme un film militant puisqu’en l’écrivant, je me suis rapprochée de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) afin de vérifier que je ne m’éloignais pas de leur réalité. Si j’ai poétisé un peu, je ne voulais surtout pas tomber dans l’idée que le suicide assisté serait une opportunité géniale, très accessible et facile où l’on disparaît dans un grand éclat de rire. J’ai opté pour un ton neutre et pudique mais qui ouvrira, j’espère, à la discussion. La question serait : comment être libre de choisir sa fin de vie ?"

On ira est actuellement en salles.

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