Une aire d'autoroute, la nuit. Un petit bar bondé de clients. Deux tasses de café. D'un côté de la table, Al Pacino. De l'autre, Robert de Niro.
Seul et unique face-à-face entre les deux protagonistes de Heat (à l'exception de leur altercation finale), cette séquence compte sans le moindre doute parmi les plus mythiques du cinéma. Inattendue, improbable, presque inespérée, elle n'intervient qu'au bout d'une heure et 30 minutes de film.
Un seul et unique face-à-face
Alors que le lieutenant de police Hanna et le braqueur professionnel Neil McCauley se sont tournés autour pendant toute la première partie du long métrage de Michael Mann sans jamais se croiser directement, le cinéaste organise enfin un face-à-face entre les deux personnages.
Contre toute attente, la scène n'a rien d'une course-poursuite ou d'une fusillade. Au gré d'une filature, Hanna propose simplement à son adversaire de l'accompagner le temps d'un café. Pendant 5 minutes, au lieu d'échanger des coups de feu, les deux hommes échangent des mots.
Cette rencontre, que l'on aurait pu imaginer à couteaux tirés, prend en réalité des airs de discussion posée entre deux professionnels. Deux experts en leur domaine qui ont finalement beaucoup plus de points communs que de différences. Certes, ils ont choisi d'emprunter des chemins diamétralement opposés, mais ils les ont empruntés avec la même passion.
Warner Bros.
"Je fais ce que je sais faire"
Si Michael Mann décide de marquer la rupture entre Hanna et McCauley à l'image (la scène est exclusivement tournée en champ / contrechamp, et les visages de Pacino et de De Niro n'apparaissent jamais dans le même plan), c'est à l'écriture de ses dialogues qu'il les rassemble.
"Je fais ce que je sais faire, je monte des coups. Tu fais ce que tu sais faire, t'essaies d'arrêter les mecs comme moi", déclare ainsi McCauley à son ennemi.
L'un comme l'autre réalisent qu'ils ont consacré leur vie entière à leur métier, sacrifiant une "vie normale", s'interdisant de "s'attacher à des choses dont ils seraient incapables de se débarrasser en 30 secondes montre en main."
"Pareil pour moi"
Au bout de l'entrevue, une fois le café terminé, le constat est sans appel, et les deux personnages sont plus que jamais sur la même longueur d'ondes. Preuve en est cet inoubliable échange :
- Je sais rien faire d'autre.
- Pareil pour moi.
- Et je crois pas en avoir envie.
- Pareil pour moi.
Entre défi et respect, menace et complicité, cette séquence toute en subtilité demeure encore aujourd'hui parmi les plus grands moments du cinéma : d'abord parce qu'elle est l'une des rares à avoir permis la rencontre entre les deux monstres que sont Al Pacino et Robert de Niro, ensuite pour la remarquable finesse de son écriture.
Au fil des années, elle a d'ailleurs inspiré de nombreux autres cinéastes. Si vous êtes fan de Kaamelott, par exemple, vous aurez sans doute noté que le dialogue entre Arthur et Lancelot (dans l'épisode 78 du livre IV) est un hommage direct au face-à-face de Heat.
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(Re)découvrez la bande-annonce de "Heat"...
