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    La Suisse refuse d'extrader Polanski

    La Suisse a refusé ce lundi d'extrader le cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, et lève les mesures de restriction imposées au réalisateur depuis le mois de décembre 2009.

    La fin d'un long calvaire pour Roman Polanski. Très attendue, la décision du ministère suisse de la Justice est tombée en début d'après-midi ce lundi : la Suisse refuse d'extrader le cinéaste franco-polonais Roman Polanski vers les Etats-Unis, où il a eu en 1977 des relations sexuelles avec une mineure âgée de 13 ans. Le réalisateur est désormais libre de ses mouvements.

    Marathon judiciaire

    Arrêté sur mandat international américain le 26 septembre 2009 à son arrivée à Zurich pour un festival de cinéma, placé en détention provisoire puis assigné à résidence, Roman Polanski ne sera finalement "pas extradé vers les Etats-Unis et les mesures de restriction de sa liberté sont levées", a déclaré au cours d'une conférence de presse à Berne la ministre suisse de la Justice et de la Police, Eveline Widmer-Schlumpf. "Les clarifications approfondies qui ont été menées à bien n'ont pas permis d'exclure avec toute la certitude voulue que la demande d'extradition américaine présentait un vice", a expliqué la ministre. Et d'ajouter : "les Etats-Unis ne peuvent pas faire appel de la décision de la Suisse". Les ambassadeurs américain, français et polonais ont été informés de la décision des autorités suisses.

    L'avocat de Polanski, Me George Kiejman, s'est déclaré "très heureux et très ému" de la décision de la justice suisse de ne pas extrader le cinéaste franco-polonais vers les Etats-Unis, et rend "hommage à la justice suisse", estimant "très juste l'analyse juridique des autorités helvétiques". "Je pense que le malentendu qui persiste avec les autorités américaines sera plus facile à régler, et j'espère qu'il pourra un jour retourner aux Etats-Unis", a ajouté l'avocat. Pour la défense du cinéaste, la prochaine étape consiste désormais à "convaincre les autorités américaines que la décision rendue à l'époque par le juge Rittenband n'avait pas été respectée par lui, et que la peine que Roman Polanski devait exécuter, l'avait été", a précisé l'homme de loi.

    "La demande d'extradition souffre d'un vice grave"

    La ministre suisse a notamment mentionné le refus des autorités américaines de transmettre le procès-verbal d'une audition du procureur Roger Gunson, en invoquant une décision de justice qui concluait à son caractère confidentiel. Un communiqué du ministère publié à l'occasion de la conférence de presse de Mme Widmer-Schlumpf se charge même d'enfoncer le clou :"ce document devait permettre de confirmer que le juge avait bien assuré aux représentants des parties, lors d'une séance le 19 septembre 1977, que les 42 jours que Roman Polanski avait passés dans la division psychiatrique d'une prison californienne couvraient la totalité de la peine d'emprisonnement qu'il devait exécuter".

    "Si ces faits sont avérés et que Roman Polanski a dès lors effectivement exécuté l'intégralité de sa peine, la demande d'extradition des autorités américaines et, a fortiori, la procédure d'extradition sont dénuées de fondement", ont observé les autorités helvétiques. En effet, "dans ces conditions, on ne saurait exclure avec toute la certitude voulue que Roman Polanski ait déjà exécuté la peine prononcée autrefois à son encontre et que la demande d'extradition souffre d'un vice grave". Ce qui s'appelle une giffle cinglante et un vrai camouflet pour la Justice américaine.

    Olivier Pallaruelo avec AFP

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