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    Liam McIntyre : "La fin de "Spartacus" est aussi l'épilogue de cette aventure débutée par Andy Whitfield"

    La saison 2 de "Spartacus" est disponible en DVD et Blu-ray chez Fox Pathé Europa. Pour l'occasion, AlloCine a pu interviewer Liam McIntyre, l'interprète de l'ex gladiateur devenu chef de la rébellion contre les Romains.

    Liam McIntyre incarne "Spartacus" depuis la saison 2, baptisée "Vengeance"

    © Starz

    AlloCine : En regardant en arrière, qu'est-ce qui a été le plus compliqué : succéder au regretté Andy Whitfield ou conclure la série ?

    Liam McIntyre : Personne ne souhaite obtenir un rôle dans ces circonstances (ndlr : Whitfield a dû abandonner la série après de sérieux problèmes, avant de décéder en septembre 2011). Les fans de Spartacus sont si loyaux. Ils ont été là du début à la fin, ils ont ressenti cette douleur, vécu cette tragédie. Et leur passion n'en a été que plus forte. Ces sentiments me parlent. A leur place, je ne sais pas comment j'aurais réagi à un tel changement ! Ils m'ont donné ma chance. Poursuivre cet héritage d'Andy a été incroyable. Cela a été dur, mais les fans m'ont toujours soutenu. C'est grâce à eux que j'ai pu aller au bout. Finir la série est d'un autre ordre, bien évidemment, mais c'est aussi très émouvant. C'est incroyable de voir la réaction des gens qui voulaient que cela continue. C'est aussi très dur. Je peux le comprendre. Je regarde actuellement Breaking Bad, je sais qu'elle est sur le point de s'achever... et c'est particulièrement difficile à accepter en tant que fan ! Je n'ai pas forcément envie de voir les derniers épisodes... parce que ce sont les derniers. C'est la même chose avec Futurama ! C'est comme perdre un ami en quelque sorte. Pour Spartacus, on a travaillé très dur pour conclure la série comme il le fallait, pour tous que tous les fans aient un sentiment de plénitude, de satisfaction. La fin de la série, c'est aussi l'épilogue de cette histoire débutée par Andy et poursuivie à travers moi. L'émotion est particulière.

    A chaque fois que je lis une interview sur "Spartacus", ou presque, il y est fait mention du camp d'entraînement. De sa dureté mais aussi de sa nécessité, pour les combats bien entendu mais aussi pour l'esprit d'équipe...

    C'est incroyable. Indescriptible même. Je ne souhaiterais à personne de suivre cet entraînement volontairement. Certains comédiens de la série avaient déjà des prédispositions, ou l'habitude de s'entraîner. Et même pour eux, c'est dur ! Personnellement j'aimais bien le sport, comme tout le monde, mais je n'avais jamais connu "ça" ! Ce camp a été terrible, mais il m'a aussi permis de réaliser certaines choses, de ce dont j'étais capable, ce que mon corps pouvait endurer, ce que j'avais au fond de moi. Cela m'a également fait comprendre que je me devais d'être en meilleure santé, vivre une vie plus saine. Je ne voudrais pas amoindrir ou rendre glamour le camp, car l'entraînement pour la série était dur, extrêmement dur. Au final, quand j'y repense, c'est une expérience extraordinaire, déterminante. Et cela permet effectivement de construire un état d'esprit, de cimenter une équipe. On traverse cette épreuve ensemble, on s'entraide. On combat ensemble en quelque sorte et on a le sentiment que l'on pourrait tout affronter ensemble.

    Andy Whitfield et Liam McIntyre, les deux Spartacus...

    © Starz

    Lorsque vous avez intégré la série dans la seconde saison, vous avez dû suivre les traces d'Andy Whitfield et du personnage qu'il avait créé. Mais vous deviez aussi trouver votre chemin et insuffler vos idées. Qu'avez-vous retenu du Spartacus Whitfield et qu'avez-vous apporté ?

    Tout d'abord je dois redire que j'étais fan de la première saison ! J'ai aussi amené avec moi la tristesse que je ressentais vis-à-vis d'Andy. Il était un comédien incroyable, et je suis triste que le monde n'ait plus la possibilité de découvrir des nouvelles créations de cet artiste. Dès le premier jour, les producteurs m'ont dit qu'ils m'avaient choisi parce qu'ils voulaient que j'apporte ce que j'étais et ce que je savais faire. Ils m'ont donné la liberté de re-créer ce personnage, d'essayer, de ne pas refaire ce que faisait Andy. Aussi parce que je ne pourrai jamais "être" Andy. Mais je me suis inspiré de son interprétation, j'ai essayé d'insuffler cette humanité, cette droiture et cette honnêteté qu'il avait réussi à créer. Ma problématique était la suivante : comment redonner ce souffle ? Ma chance, c'est aussi que le personnage, au début de la saison 2, est dans une situation jusqu'alors inédite : il s'est échappé, il n'est plus un gladiateur mais mène la rébellion. J'ai pu utiliser cette dynamique pour faire "repartir" le personnage. C'est aussi un peu ce que je vivais d'ailleurs, et j'ai pu m'en servir aussi. Les desseins et les valeurs du personnage sont tellement élevés. Spartacus, c'est l'honneur, le respect, la protection du démuni. Je me devais de les incarner. De manière générale, en tant qu'acteur, j'essaie d'abord et avant tout de réfléchir au personnage en tant qu'être humain. Heureusement j'ai bénéficié de tout le travail accompli avant que j'arrive et j'ai pu me reposer dessus.

    Même si je connaissais bien évidemment l'épopée de Spartacus, et sa fin tragique, comme vous, j'étais tout de même curieux de voir comment la série allait la traiter. Si les scénaristes réservaient quelques surprises. Ressentiez-vous la même anxiété ?

    Oui ! Et c'est un formidable compliment pour Steven S. DeKnight (ndlr : créateur et producteur de la série). On parlait tout le temps de cette fin. Steven nous a accompagné dans cette aventure et nous parlait souvent du processus créatif. Les scripts que l'on recevait étaient toujours captivants, pleins de rebondissements et de surprises. Je me suis toujours retenu de sauter à la dernière page, et encore plus pour le Series Finale, car ça aurait été me priver de toute cette excitation. Il a fallu du temps pour trouver une fin vraiment satisfaisante. Les scénaristes ont demandé à tous les membres de l'équipe leurs sentiments et leurs idées. La fin est le résultat de cette collaboration, le tout supervisé par Steven, qui a choisi de finir la série ainsi. Pour ma part, j'ai lu chaque page avec attention, parce que je voulais vivre cette expérience au plus près de ce que les téléspectateurs allaient connaître. Cette aventure Spartacus a été excitante pas seulement parce que nous jouions dedans mais aussi parce que l'histoire développée était fascinante. Chaque semaine on était excité de recevoir le scénario suivant, réellement, et vous pouvez demander à chaque membre du cast, on filait tous dans nos caravanes pour lire et relire les scripts et on en parlait toujours ensuite.

    En parlant de l'écriture justement, il y a une scène vraiment fascinante durant la saison 3. Il s'agit de la scène d'amour entre Agron (Daniel Feuerriegel) et Nasir (Pana Hema Taylor). Une scène de sexe entre deux hommes mise en scène exactement comme n'importe quelle autre scène de sexe. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est un tour de force. Et c'est aussi un message puissant...

    Cela a toujours été un challenge de la série. Il y a beaucoup de sexe et de violence dans Spartacus, c'est vrai. Et je peux comprendre que cela puisse susciter de l'intérêt et de la critique. Mais les fans ont compris très vite que ce n'était pas le coeur de la série. Certains médias ont pris le temps pour saisir cela, mais ils ont fini par arriver à la même conclusion. Spartacus, c'est une histoire divertissante et émouvante dans un monde oublié et fascinant. Et personnellement, je trouve que la fin, avec la manière dont l'intrigue est bouclée et les personnages traités, réussit à révéler tout ça. Le fait que la scène de sexe entre Nasir et Agron soit traitée comme n'importe laquelle est important, capital. Et cela exprime tellement bien ce que nous avons essayé de faire... Mais pour être honnête, si vous aimez la série parce qu'elle contient du sexe et de la violence, que vous passez du bon temps à la regader avec des amis et du pop corn, très bien ! Mais si vous creusez un peu plus, que vous essayez de comprendre notre vision, je suis encore plus heureux ! Je suis extrêmement fier de jouer dans une série qui peut satisfaire les téléspectateurs sur ces deux niveaux. La scène entre Nasir et Agron est un moment télévisuel très spécial. Et nous le savions. Et nous voulions le faire bien, comme il fallait. Nous en sommes fiers.

    Découvrez ci-dessous un extrait du premier épisode de "Vengeance" disponible en DVD et Blu-ray chez Fox Pathé Europa :

    Propos recueillis par Thomas Destouches

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