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    "Angela, 15 ans"... fête ses 20 ans. Et elle n'a pas pris une seule ride !

    Juste portrait de l'adolescence, "Angela 15 ans" aurait pu mal vieillir avec le temps. Pourtant, 20 ans après sa diffusion en 1994, la série avec Claire Danes n’a rien perdu de son charme, parvenant à créer un monde inoubliable...

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    L’adolescent type du début des années 90 s’en souvient forcément. De cette époque où l’on portait des chemises en flanelle à carreaux, des vieux pullovers extensibles et des motifs écossais sur des motifs écossais (que ceux qui portaient du velours côtelé lève la main !). C’était, entre autres, l’apogée du grunge, l’ère de Kurt Cobain et de ses mélodies, de ses paroles furieuses qui restaient en tête et qu’on baragouinait d’un franglais parfait. Aux Etats-Unis, Bill Clinton était président et, chez nous, c’était l’âge Mitterrand. A cette période, la télévision aussi nous bombardait d’images venues d’Outre-Atlantique, proposant tout un tas de fictions américaines qu’on regardait voracement en rentrant de l’école…

    90’s : Coupe en brosse ou chemise en flanelle ?

    Code Quantum, Urgences, Friends… Au début des années 90, les Américains nous ont effectivement offert tout un tas de petites bombes devenues cultes, que l’on découvrait souvent avec deux ans de retard, sans vraiment s’en alarmer. C’est également à cette époque qu’on a eu droit aux séries destinées aux ados comme le carrosse à succès, Beverly Hills. Ce carton n’a pourtant pas empêché d’autres séries pour les jeunes de toucher leur cible, comme les ados débraillés et pas toujours canons d'Hartley, l'humour déjanté et surréaliste de Parker Lewis, les émouvants ados de la Vie à cinq et bien évidemment le monde intime de la jeune Angela, 15 ans.

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    Cette semaine, My So-Called Life, de son titre original, fête justement ses 20 ans. Et nombre sont encore ceux à n’avoir pas eu la chance de la connaître, faute à une diffusion trop courte aux Etats-Unis (Août 1994 – Janvier 1995) et à une annulation trop précoce, après seulement une saison de 19 précieux épisodes. En France, la série n’a pas non plus bénéficié du rayonnement qu’elle méritait puisque malgré une diffusion sur Jimmy dès 1995, la série a ensuite bénéficié d’une programmation bordélique sur France 2. Même la sortie en DVD s’est fait attendre : le coffret est seulement sorti en France en 2008 grâce à l'initiative d'un petit éditeur. De très nombreux obstacles pour une série presque intemporelle que les fans gardent encore en mémoire et qui, même 20 ans après, n’a rien perdu de sa fraîcheur…  

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    Danes & Leto, deux prodiges en action

    Si on se souvient d’Angela, 15 ans, c’est bien évidemment parce qu’elle a nous a fait découvrir deux acteurs qui continuent de nous passionner : Claire Danes et Jared Leto. On ne va pas citer ici toute leur filmographie mais l’un s'est depuis illustré dans nombre de grands films (Fight Club, Requiem for a Dream, Dallas Buyers Club…) quand l’autre a fait un retour remarquable à la télévision en 2011 avec Homeland. Tous deux ont également raflé plein de récompenses (Oscar, Emmy, Golden Globes, etc.).

    Ce talent, dès 1994, il l’avait et c’est aussi grâce à eux qu’Angela, 15 ans a tellement séduit le public et la critique. Lorsque Claire Danes commence le tournage, elle n’a pourtant que 13 ans (et décroche le Golden Globe de la Meilleure Actrice dès ses 15 ans), une bouille d’ange et un sourire à croquer. Elle n’a ni la taille mannequin ni les mensurations d’une bimbo et apporte donc la vision d'une ado ordinaire. Et pourtant, à mesure de la diffusion et de la production, Claire Danes va dévoiler toute sa magie. Avec sa manière si juste de porter Angela et ses émotions, la jeune actrice va réussir à la rendre attachante au possible mais aussi à la sublimer. Car Angela est de ces héroïnes qui s’embellissent épisode après épisode, qui révèlent leur charme par petites touches indescriptibles. A la fin d’Angela 15 ans, Angela n’aura jamais été aussi belle et on comprend sans ciller pourquoi Jordan Catalano, le beau gosse ultime du lycée, fond pour elle.

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    "You're so beautiful, it hurts to look at you" - Angela

    Jared Leto, lui, campait Jordan Catalano. Agé de 22 ans au moment du tournage, l’acteur ne devait pas rester dans la série après le pilote. C’était sans compter le public et la "Jared Leto’s Touch". Encore aujourd’hui, le nom "Jordan Catalano" symbolise un fantasme pour toute une génération d’adolescentes des années 90 voire 2000. Mais, Leto n'a pas été seulement "beau", il a su rendre son personnage irrésistible, attachant, mystérieux mais également frustrant et immature... Il a tout bonnement créé une marque, la Jordan Catalano.

    Des ados comme nous

    Si l’histoire chaotique entre Angela et Jordan, agrémentée de visites clandestines à la chaufferie, de baisers chaud comme la braise et de leçons de conduite pas très sérieuses a séduit des millions de petits cœurs, c’est non seulement parce qu’elle faisait rêver mais aussi parce qu’Angela a toujours été un personnage auquel il était possible de s’identifier. Dès le pilote, on se retrouvait en effet dans sa tête avec ses interventions en voix-off, on plongeait dans sa riche vie intérieure, dans ses tourments et dans ses interrogations profondes. L’action se déplaçait souvent grâce à ses commentaires bien sentis et intelligents. Angela n’était pas non plus la plus belle, ni la plus intelligente, ni la plus folle ou la plus bizarre, juste une adolescente sensible et subtile, rêveuse et amoureuse, écrite à la perfection. Cohérent à tout point de vue, son portrait sonnait terriblement juste.

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    Le phénomène d’identification créé par la série ne s’est pas arrêté à Angela. Autour d’elle, c’est toute une galerie de personnages que l’on nous a invités à connaître. Des ados sans garde-robe affolante et qui remettaient les mêmes affaires comme de vraies personnes et qui évoluaient dans un lycée morne de la banlieue de Pittsburgh. Mais, des personnages passionnants développés comme il faut et dont le sort nous importait. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’on se souvient de leurs noms. Comment oublier Rayanne (A.J. Langer), la copine rebelle dont les folies allaient bien plus loin qu’une simple phase et dont les problèmes étaient bien plus profonds qu’il n’y paraissait ? Brian Krakow (Devon Gummersall), le voisin trop nerd, secrètement amoureux d’Angela ?

    Et surtout, Rickie (Wilson Cruz), l’ovni de la classe, tellement drôle, tellement seul et tellement incompris ? D’abord introduit comme l’acolyte sans peur et sans reproche de Rayanne, Rickie se révèle ensuite comme l’un des personnages les plus sensibles et les plus attachants de la télévision, un ami sans faille et dont la sensibilité et la finesse se rapprochent de celles d’Angela. Il sera d'ailleurs le premier personnage d’adolescent gay que l’on verra sur un network américain.

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    Comment ne pas non plus sourire en repensant à l’humour mordant de Danielle, la petite sœur d’Angela ? Celle qui remettait tous ses tourments en perspective, mais dont la solitude était toujours soulignée car, effectivement, chez les Chase, il n’y en avait que pour Angela. Et pour finir, comment ne pas redécouvrir aujourd'hui, sous un autre jour, les difficultés vécues par Patty et Graham, les parents d’Angela ?

    En racontant des morceaux de vie ordinaires mêlés à des problématiques tels que l’alcoolisme, l’exclusion ou l’homophobie, la série est allée loin. Ces thèmes, déjà vus en télévision – par exemple dans la canadienne et très précoce Les années collège – ont été traitées différemment et tout du long dans Angela, 15 ans et, ce, grâce à la vision sans pareille de sa créatrice, Winnie Holzman, qui signera des années plus tard la tout aussi sensible Once and Again.

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    Une série novatrice

    Produite avant le gros boom des shows adolescents lancés par la WB et UPN les années suivantes, Angela, 15 ans ne leur a pourtant pas survécu. Mais, elle a réussi à se créer une véritable identité et a été novatrice à plusieurs égards. Dans le ton, le système de narration (la parole intérieure a une fois été offerte à Brian mais aussi à Danielle), l’écriture et la réalisation. Tout le pilote se déroule ainsi comme une sorte de rêve au ralenti sans en être un. Angela ralentit, accélère, brouille les contours, raconte, marque des pauses et, à l’image, cela se voit. Quand elle se cache sous son pull, on voit la vie se poursuivre à travers les mailles. Quand elle déplace une mèche de cheveux derrière son oreille, c’est toute la grâce de Claire Danes qui est saisie par la caméra en une demi-seconde.

    Malgré son nombre réduit de décors, la série a en effet fait preuve de beaucoup de créativité en terme de mise en scène mais aussi en terme de lumière, tant et si bien que lorsqu'on voit une image du show, on le reconnait aussitôt. La série a ainsi beaucoup joué des ombres et des reflets, de la lumière douce du soir et même de celle de la nuit. On se souvient par exemple de cette scène sublime, à nouveau de l’ordre du songe, dans laquelle Angela et Brian Krakow se font face, dans leur rue commune.

    Tu n'as jamais rien attendu ou quoi ? Si. Que ma vie commence." - Ricky

    Cette sensibilité, aportée à tout ce qui entoure le show, on la retrouve aussi dans la musique. Composé par W. G. Snuffy Walden, le thème musical de la série est un petit bijou qu’on n’oublie pas et qui s’ouvre sur le classique murmure "Go, now, Go !", impliquant toute la découverte et la mélancolie inhérentes à l’adolescence. Pas étonnant que le créateur Jason Katims, dont Angela a été le premier job de scénariste, ait ensuite rappelé Walden pour composer le thème de sa série Friday Night Lights.

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    Un cliffhanger au doux parfum d’éternel…

    Mais, tout ce charme et cette sensibilité n’empêcheront pas Angela de succomber. Dès le départ, ABC a du mal à savoir comment positionner le show dans sa grille (le pilote a été tourné en mars 1993, 17 mois avant sa diffusion !) ni à le promouvoir. Trop faible face à ses concurrentes de l’époque (Friends, Dingue de toi, etc.), Angela, 15 ans ne peut pas lutter et est annulée.

    Mais, si les téléspectateurs sont peu nombreux, les fans hardcore, eux, le sont. Ils lancent même la toute première campagne de sauvetage sur Internet : Operation Life Support. De leur côté, les producteurs veulent eux aussi qu’Angela continue son parcours. Mais, finalement, il n’en sera rien. Prise par ses projets au cinéma, Claire Danes ne désire plus continuer la série. Les fans n’auront donc jamais droit à une vraie fin. La série se termine en effet sur un petit cliffhanger et laisse plusieurs questions en suspens. Aujourd’hui, le sort d’Angela et de ses amis reste un mystère (malgré la sortie d’un livre en 1999), presqu’éternel, à jamais irrésolu, comme ceux des amis à jamais perdus de vue… Si ça, ce n'est pas de la poésie.

    Le générique d'Angela, 15 ans :

     

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